Une femme parle des tortures et des violences sexuelles dans un camp de travaux forcés en Chine

Par Epoch Times
24 mai 2019 09:57 Mis à jour: 22 janvier 2023 08:09

« Chaque fois que je pense au tristement célèbre camp de travaux forcés de Masanjia, mon cœur tremble », a déclaré Yin Liping.

Le camp de travaux forcés de Masanjia en Chine est connu parmi les pratiquants de Falun Gong comme étant un « repaire sombre de la perversité » en raison des tortures particulièrement cruelles infligées par les gardiens.

C’est à Masanjia que Yin s’est retrouvée en septembre 2000. Elle avait été préalablement détenue et torturée dans d’autres camps de travaux forcés, mais elle refusait d’être « transformée » – un terme qui signifie forcer les pratiquants du Falun Gong à abandonner leur pratique traditionnelle – alors elle fut envoyée à Masanjia.

Le camp de Masanjia était spécialisé dans la « transformation » des pratiquants de Falun Gong par tous les moyens nécessaires, incluant les abus sexuels et la torture. Depuis le début de la répression du Falun Gong par le régime chinois en juillet 1999, d’innombrables pratiquants y ont été envoyés. Beaucoup n’y ont pas survécu, ou se sont retrouvés handicapés ou fous à cause de la torture.

Pendant les deux premières semaines après son arrivée au camp, Yin, alors âgée de 32 ans, a été contrainte d’écouter la propagande qui calomniait le Falun Gong chaque jour de 5 h à 2 h du matin. Comme cela n’a pas été suffisant pour la « transformer », la torture physique a commencé.

Elle a été battue, frappée à coups de pied et de poing et électrocutée dans les parties sensibles avec des matraques électriques par l’une des gardes.

« Elle a commencé à me donner des chocs électriques avec deux matraques sur le visage, le cou, les pieds et les mains. J’avais très mal. J’avais de la peine à respirer et mon visage n’arrêtait pas d’avoir des mouvements convulsifs. Je ne pouvais plus me tenir debout et je me suis effondrée », a expliqué Yin dans une interview accordée au site web Minghui.org après son exil en Thaïlande en 2013.

« J’ai été traînée jusqu’à la cellule. Quand j’ai repris connaissance, mes mains, mon visage, mon cou et mon dos étaient couverts de brûlures et d’ampoules. J’étais extrêmement faible. Voyant à quel point j’avais été torturée, une vieille dame dans la cellule a pleuré et a dit : ‘Je ne sais pas si tu pourras l’endurer. Peu de gens peuvent supporter la torture. Si tu ne le peux pas, écris simplement les déclarations qu’ils te demandent’. »

La compagne de cellule de Yin faisait référence aux soi-disant « trois déclarations » que les prisonniers de conscience du Falun Gong sont forcés de signer dans le cadre de leur « transformation ». Il s’agit d’une lettre de repentance, d’une garantie de ne plus jamais pratiquer le Falun Gong et d’une liste avec les noms et adresses de tous les pratiquants qu’ils connaissent.

Yin Liping et son fils avant que la persécution contre les pratiquants de Falun Gong ne commence en 1999. (Minghui.org)

Par la suite elle a vécu la privation de sommeil, l’isolement en cellule et les passages à tabac par d’autres détenues.

« Elles m’ont frappé la tête contre le mur, ce qui a provoqué un fort sifflement dans mes oreilles.

« Quand elles en ont eu marre de me frapper, elles m’ont forcée à m’accroupir à moitié avec les mains tendues à plat. Elles m’ont mis des aiguilles sous les poignets. Si mes mains tombaient, elles me piquaient. En moins de deux heures, mes poignets ont été tellement piqués que du sang en coulait. Si j’éloignais mes mains des aiguilles, elles me battaient avec des bâtons et me giflaient. »

Un jour, Yin a été traînée une fois de plus au bureau de la cheffe de division Mme Zhang Xiurong où on lui a exercé des pressions pour la forcer à signer les « trois déclarations ».

« J’ai refusé », a-t-elle dit. « Zhang et deux gardes m’ont battue et insultée. Elle m’a maintenue par terre et m’a coupé les cheveux avec des ciseaux. Puis elle a éclaté de rire en disant que j’avais l’air d’une malade mentale. »

Agressions sexuelles dans un camp de travail pour hommes

Le 19 avril 2001, alors que Yin avait purgé plus de 15 mois de sa peine de 18 mois, elle et neuf autres pratiquantes de Falun Gong – qui avaient refusé d’être « transformées » – ont été emmenées en bus au camp de travaux forcés pour hommes de Zhangshi.

Là, les femmes ont été séparées, chacune dans une pièce différente. Quatre hommes étaient déjà dans la chambre de Yin. Quand elle est passée dans le couloir pour aller aux toilettes, elle a vu une grande pièce avec 30 hommes qui dormaient par terre. Yin eu peur et se demanda ce qu’elle faisait là.

Yin a demandé aux hommes de quitter sa chambre pour qu’elle puisse dormir. Un homme d’âge moyen lui a dit : « Tu veux dormir ? Personne n’est autorisé à dormir sans avoir été ‘transformé’. Une femme a été ‘rééduquée’ ici pendant 18 jours et n’a pas été autorisée à dormir. Finalement, elle est devenue folle. »

Yin Liping montre une photo du camp de travaux forcés de Masanjia alors qu’elle témoigne devant la Congressional-Executive Commission on China aux États-Unis, le 14 avril 2016, lors de l’audition sur la torture systématique dans les centres de détention chinois. Yin est une pratiquante de Falun Gong qui a survécu à la torture, aux travaux forcés et à la violence sexuelle à Masanjia et dans d’autres camps en Chine. (Lisa Fan/The Epoch Times)

Puis Yin a entendu des cris terrifiants dans le couloir. Elle savait que c’était son amie Zhou Guirong, alors elle s’est précipitée pour la secourir, mais les prisonniers les ont attaquées toutes les deux.

« Les prisonniers de sexe masculin nous ont battues à maintes reprises. Mon œil droit a enflé à cause des coups et mes vêtements ont été déchirés et arrachés. Zhou et moi avons été ramenées dans nos cellules. J’ai été battue par quatre ou cinq hommes. Finalement, j’ai été contrainte de m’allonger à plat sur le lit. Un homme s’est assis sur moi et m’a battue. J’ai eu des vertiges et je me suis évanouie », a-t-elle déclaré.

« Quand j’ai repris connaissance, j’ai trouvé trois hommes couchés à côté de moi et leurs mains et leurs corps me touchaient de partout. Deux se tenaient entre mes jambes, l’un tournait une vidéo et l’autre regardait la vidéo. Ils n’arrêtaient pas de dire des obscénités. Ils ont dit des mots grossiers et l’un d’eux n’arrêtait pas de dire : ‘Ne fais pas semblant d’être morte. Tu dois renoncer au Falun Gong même si tu es morte !’

« Je ne pouvais pas croire ce que j’ai vu », a dit Yin. « J’ai vomi du sang et il y en avait partout. » Elle s’est rendu compte qu’elle avait été filmée alors qu’elle subissait un viol collectif pendant qu’elle était inconsciente.

Pendant ce temps, elle pouvait toujours entendre Zhou crier. Yin a essayé de s’éloigner des hommes pour aller aider son amie, mais l’un d’eux l’a frappée à la tête avec un cintre en bois.

« J’ai soudain senti un liquide chaud couler sur mon visage, mais j’avais du mal à me relever. Je n’avais aucune peur de la vie ou de la mort. Rien ne pouvait m’arrêter. Je me suis jetée contre la porte de la pièce aussi fort que possible pendant que les prisonniers me battaient. J’ai continué à l’appeler par son nom, et elle s’est précipitée dans ma chambre. Elle m’a soutenue, et nous avons couru jusqu’à la porte située au bout du couloir. »

Elles ont pu ouvrir la porte, mais les hommes les ont attrapées et les ont ramenées dans leurs chambres. Elles ont été autorisées à dormir cette nuit-là pendant que quatre détenus les surveillaient.

En octobre 2000, six mois avant les événements du camp de Zhangshi décrits par Yin Liping, 18 pratiquantes de Falun Gong ont été jetées nues dans les cellules des hommes du camp de travaux forcés de Masanjia. Cette gravure sur bois représente la scène. (Minghui.org)

Le lendemain, les prisonniers qui avaient torturé Yin la nuit précédente sont revenus dans sa chambre avec une caméra vidéo et ont essayé de la « transformer ». Elle n’a pas voulu coopérer, alors ils l’ont battue.

« Et puis c’était le soir, et la même chose s’est produite », a déclaré Yin. « Ils ont commencé à me torturer et ont abusé de moi comme la nuit précédente. Les gardiens avaient changé, ce n’étaient pas ceux de la veille. »

Les gardes ont également utilisé des matraques électriques pour envoyer des décharges électriques sur ses mamelons, ses organes génitaux et d’autres parties sensibles de son corps.

Cela s’est passé ainsi pendant les trois jours de détention au camp de Zhangshi. Lorsqu’elles ont été ramenées à Masanjia, elles étaient non seulement gravement blessées, mais également profondément démoralisées et humiliées.

Zhou Guirong et Su Juzhen sont mortes à la suite des agressions sexuelles au camp de travaux forcés pour hommes de Zhangshi. Su Juzhen a d’abord fait une dépression nerveuse.

Reconstitution de la torture sexuelle. (Minghui.org)

« Elle est morte dans mes bras »

Avant son arrivée à Masanjia en septembre 2000, Yin était déjà très affaiblie. Elle avait été condamnée à 18 mois de prison pour avoir fait appel pour mettre fin à la répression brutale du Falun Gong. Elle avait été torturée et forcée à faire de durs travaux dans deux camps, avant sa détention à Masanjia.

À Liaoyang, dans l’un de ces deux camps, ses cheveux sont devenus gris et ses menstruations ont cessées à cause du travail pénible qui consistait à charger huit tonnes de barres d’acier dans les camions le jour et à lier des fleurs artificielles la nuit jusqu’à 2 heures du matin. Son poids a chuté de 75 kg à 62 kg, et elle a commencé à vomir régulièrement du sang.

Après avoir terminé sa première peine de détention à Masanjia, Yin y a été envoyée encore deux autres fois et les tortures cruelles se sont poursuivies. Les deux dernières fois, elle a été libérée plus tôt parce qu’elle était sur le point de mourir.

À un moment donné, elle a été menottée à un lit et on lui a injecté des substances inconnues pendant plus de deux mois à raison de deux bouteilles par jour. Par conséquent, elle a temporairement perdu la vue et a développé des troubles endocriniens, de l’incontinence et du sang est apparu dans ses urines.

Pendant toutes ces années de détention illégale et de torture, Yin a tenu bon. Elle est restée ferme et n’a jamais été « transformée ».

Après s’être enfuie en Thaïlande en août 2013, Yin a ensuite obtenu le statut de réfugiée aux États-Unis en 2015. Le 14 avril 2016, lors d’une audience du Congrès américain sur la torture systématique dans les centres de détention chinois, elle a décrit les années de torture qu’elle a subi dans le camp de Masanjia, qui a été fermé en 2013.

Yin Liping témoigne devant la Congressional-Executive Commission on China aux États-Unis, le 14 avril 2106, à propos de la torture systématique dans les centres de détention chinois. (Gary Feuerberg/Epoch Times)

Mme Yin Liping a déclaré lors de l’audience qu’elle avait été témoin de certaines des agressions sexuelles et des crimes décrits dans le livre Vaginal Coma, publié en 2014 par l’ancien photojournaliste du New York Times Du Bin, qui révèle la torture sexuelle brutale des pratiquantes de Falun Gong et d’autres prisonnières de conscience.

Le livre à la main, elle a déclaré : « Trois brosses à dents ont été attachées ensemble, insérées dans les parties intimes des femmes et tournées. J’ai vu de mes propres yeux un groupe d’hommes battre une pratiquante de Falun Gong âgée dans les toilettes. Ils ont enfoncé de force un manche à balai cassé dans ses parties génitales. »

Des larmes coulaient sur son visage pendant qu’elle parlait. Elle a expliqué que 30 pratiquantes de Falun Gong qu’elle connaissait personnellement ont développé des troubles mentaux suite à la torture et 10 autres sont mortes en prison ou après leur libération.

« Mme Wang Jie était l’une d’entre elles », a-t-elle dit en montrant une photo de son amie. « Elle est morte dans mes bras le 21 avril 2012. »

« Wang Jie, Zhou Guirong et moi avons subi des persécutions très cruelles. Nous nous sommes promis que celle d’entre nous qui survivrait allait dénoncer et exposer cette persécution au monde. Aujourd’hui, je parle en leur nom, ces victimes qui ne pourront plus jamais parler. »

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