Nourrir les microbes de notre intestin

10 janvier 2016 03:29 Mis à jour: 2 mai 2017 20:50

L’industrie alimentaire a peut-être trouvé la prochaine poule aux œufs d’or, sans que la plupart d’entre nous ne sache de quoi il s’agit.

Des microbiologistes sont recrutés par les plus grandes industries alimentaires du monde, pour travailler activement à la recherche et au développement. En s’intéressant à leur travail, on peut donc deviner à quoi ressembleront ces nouveaux produits. Ce que nous savons est qu’ils vont être nombreux, très nombreux.

« Dans les années à venir, vous aurez bien du mal à parcourir les allées (des supermarchés) sans trouver un produit qui ne vante pas ses bienfaits sur votre microbiome », a annoncé Jeff Leach, fondateur de Human Food Project, et pionnier dans le champ de la recherche sur le microbiote humain.

Jeff Leach, fondateur de Human Food Project. (Avec l'aimable autorisation de Jeff Leach)
Jeff Leach, fondateur de Human Food Project. (Avec l’aimable autorisation de Jeff Leach)

La recherche dans ce domaine ouvre un nombre étourdissant de possibilités en terme de traitement médical des maladies modernes telles que le diabète, le cancer et l’obésité.

De nombreux chercheurs reconnaissent aujourd’hui qu’il est possible (et probablement conseillé) de se procurer des aliments qui « nourrissent » notre flore intestinale.

Leach, qui s’est lancé dans cette recherche il y a une dizaine d’années lorsque sa fille a été diagnostiquée atteinte d’un diabète de type 1, a déjà participé à l’invention d’une barre de céréale. Celle que l’on a appelé « The Human Food Bar » est conçue pour nourrir environ 100.000 milliards de microbes, ou bactéries, levures, champignons, protistes et virus qui vivent naturellement dans notre organisme. Apparemment, nos microbes dépassent de loin nos cellules humaines, au nombre de 37.000 milliards. Des chercheurs avancent même qu’ils pourraient être 10 fois plus nombreux que nos cellules.

La recherche sur la flore intestinale s’est remarquablement développée après que l’Institut national de la santé ait reçu en 2007 une subvention de 200 millions de dollars (soit 183 millions d’euros). Cela a permis aux scientifiques de quelque 80 instituts de recherche et de développement de séquencer des échantillons de près de 250 volontaires et d’établir un protocole de recherche pour ce champ disciplinaire.

Aux questions fréquemment posées, les scientifiques répondent en accord avec l’Académie américaine de microbiologie qu’il est « raisonnable de caractériser le microbiote comme étant un nouvel organisme identifié dans l’être humain, qui présente une large variété d’activités métaboliques. »

De nombreux chercheurs reconnaissent aujourd’hui que c’est possible (et probablement conseillé) de se procurer des aliments qui « nourrissent » notre flore intestinale. Ce qui va peut-être mettre sur la touche les régimes en graisses non saturées, surprotéiné, faible en calories, bas en hydrate de carbone, sans sucre et d’autres encore. Nous entrons dans l’ère des bonnes bactéries, probiotiques, prébiotiques et des ferments qui vont pouvoir prendre soin de nos intestins.

Nourrir la flore intestinale

Comme toutes les barres de céréales, The Human Food Bar contient des amandes, du miel, du raisin, des abricots, mais deux nouveaux ingrédients ont fait leur apparition. Moins connus, ils ont pour objectif de cibler les besoins alimentaires spécifiques de nos microbes. Il s’agit de fibres prébiotiques naturelles : l’inuline d’agave et le fruit du baobab, particulièrement riche en vitamine C.

Les prébiotiques sont des composés fibreux non digestes qui vivent dans le duodénum (partie supérieure de l’intestin grêle qui fait suite à l’estomac). Elles stimulent la croissance des bactéries bénéfiques à l’intestin en jouant le rôle de nourriture pour nos microbes.

Le changement le plus incroyable probablement de notre régime alimentaire est l’apport en fibres, qui nourrit littéralement nos microbes.

 Jeff Leach, Human Food Project

Il existe d’autres probiotiques que l’on peut se procurer facilement d’après le bloc de l’éminent neurologue David Perlmutter. Il s’agit de la gomme arabique, la racine de chicorée crue, le topinambour cru, les feuilles de pissenlit, l’ail cru, l’oignon, le poireau cru et les asperges crues.

Le fruit du baobab, riche en antioxydants et fibres solubles, est consommé par les Hadza, un peuple chasseur-cueilleur de Tanzanie, auprès de qui Leach a fait ses recherches. Les Hadza cultivent des tubercules, récoltent du miel et des fruits sauvages et passent le temps en s’amusant à tirer à l’arc. On estime leur manière de vivre inchangée depuis près de 50.000 ans.

Dans le cadre de Human Food Project, Leach a prélevé de nombreux échantillons de microbiotes des Hadza. Il a été fasciné de voir à quel point leur microbiote est différent de celui des sociétés occidentales et ce que l’on peut en tirer comme enseignement.

« Le changement le plus incroyable probablement de notre régime alimentaire est l’apport en fibres, qui nourrit littéralement nos microbes », affirme Jeff Leach, ajoutant que les Américains absorbent en moyenne moins de 20 grammes de fibres par jour, là où les Hadza en absorbent entre 50 et 200 grammes quotidiennement.

La barre de céréales conçue par Leach contient 9 grammes de fibres, dans l’objectif de nourrir notre microbiote et dans l’espoir de se diriger vers une amélioration de notre santé.

Un homme hadza (Tanzanie) regarde la composition des ingrédients contenus dans la barre de céréales créée entre autres par Jeff Leach. (Avec l’aimable autorisation de Human Food Project)

À présent, elle est vendue uniquement en ligne et sa promotion se fait auprès des 150.000 qui soutiennent et s’intéressent à ce travail de recherche chez le peuple Hadza.

Les bénéfices dégagés de la vente de cette barre de céréale sont destinés à être utilisés pour la recherche.

La vague des probiotiques

L’année dernière, parallèlement au fond versé pour la recherche, une industrie s’est hasardée à investir son capital florissant dans la recherche sur le microbiote.

En mars 2015 avait été lancé le premier fond au monde, Seventure Partners, destiné uniquement à la recherche sur le microbiote. Cette initiative a été soutenue à hauteur de 100 millions d’euros par le célèbre fabriquant de yaourt, Danone.

D’après la journaliste Erika Fry qui a visité une de leurs usines aux Pays-Bas, Danone utilise des outils technologiques très avancés capable de reproduire le système digestif. Ce prototype leur permet de tester leurs ingrédients sur le système digestif. Ils tentent de découvrir ainsi quels sont les additifs qui seraient bénéfiques au microbiote, pour pouvoir le mettre sur le marché.

Nestlé Health Center, filiale de Nestlé, a investi 57 millions d’euros dans un institut américain, Seres Health, dont l’objectif est de développer un traitement contre les diarrhées dues au Clostridium difficile.

Le marché des probiotiques, soit des microbes bénéfiques à l’organisme, s’est étendu à presque 30.000 milliards d’euros l’an dernier, d’après BioMedTrends qui résumait un article de Global Industry Analysts.

Selon cet article, l’augmentation de la production industrielle a conduit la prolifération de nouveaux produits enrichis de probiotiques, comme des chocolats, du fromage, des muffins ou des saucisses.

La recherche d’aliment naturellement riche en probiotiques est également une nouvelle tendance qui se dessine. On peut les trouver dans les aliments naturellement fermentés, que l’on peut se procurer en magasin, ou encore fabriquer soi-même.

Les yaourts en font partie, mais aussi les cornichons, le thé de kombucha, le toffu, le choux servi dans le plat coréen kimchi, la choucroute et les viandes fermentées telles que le corned beef.

Qu’est-ce que le microbiote humain ?

  • Les êtres humains sont constitués de cellules humaines et de cellules non humaines.
  • Les cellules humaines, telles que la peau, les muscles et les cellules sanguines contiennent des gènes. Tous ces gènes constituent le génome humain. C’est ce que nous apprenons dans les programmes scolaires.
  • Les cellules non humaines sont microbiennes et elles sont aussi encodées avec de la matière génétique. Elles constituent le microbiote humain. Par contre, cela n’est pas encore dans les programmes scolaires, puisque la science vient de le découvrir.
  • Nous possédons environ 37.000 milliards de cellules humaines et 100.000 milliards de cellules microbiennes dans notre organisme.
  • Les cellules microbiennes peuvent être des bactéries, des levures, des champignons, des protistes et des virus.
  • Les bactéries sont de loin les microbes les plus répandus dans le microbiote humain.
  • Les microbes existent depuis des milliards d’années, ils étaient sur terre bien avant les êtres humains.
  • Les microbes sont partout – dans le sol, l’océan, les canalisations, etc.
  • On a dénombré des centaines de milliers de sortes de microbes sur terre, et ce sont seulement quelque 1.000 sortes de microbes qui sont associés à l’être humain.
  • Un microbiote humain basique comporte plusieurs centaines de variétés de microbes et pèse environ 1,5 kg.
  • La plus grande concentration de microbes dans le corps humain se trouve dans le tube digestif : l’estomac, l’intestin grêle, et le gros intestin.
Source : « Human Microbiome FAQ » by The American Academy of Microbiology

Version anglaise : The Next Food Fad Is Coming: Feed Your Microbiome

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