« On m’a volé les derniers instants avec mon père » : n’ayant pu voir son père mourant pendant le confinement, un homme attaque l’État en justice

Par Emmanuelle Bourdy
31 janvier 2022 23:41 Mis à jour: 31 janvier 2022 23:41

Après avoir parcouru 300 km en avril 2020, Patrice Dupas n’avait pas pu se rendre sur l’île de Ré pour dire adieu à son père mourant. Les forces de l’ordre l’avaient bloqué au niveau du pont de l’île. Aujourd’hui, il compte saisir la justice et demander réparation du préjudice moral subi à la préfecture de Charente-Maritime.  

Avant de prendre la route, ce 4 avril 2020, Patrice Dupas avait pris soin de se renseigner auprès de la gendarmerie du Loir-et-Cher, là où il réside. Le pays se trouvait en plein confinement, mais la gendarmerie lui avait cependant assuré qu’il s’agissait d’un motif familial impérieux, et qu’il n’y aurait aucun problème pour se rendre au chevet de son père mourant.

On lui refuse l’entrée sur l’île et il écope de 135 € d’amende

Les gendarmes de Rivedoux, qui contrôlaient alors les arrivées sur l’île de Ré, lui avaient non seulement refusé l’entrée sur l’île, mais l’avaient également verbalisé pour un montant de 135 €, rapporte France 3 Nouvelle-Aquitaine. Patrice Dupas était alors en possession d’une attestation dérogatoire et disposait également de documents de médecins, prouvant que son père était bien en fin de vie. Ce dernier, alors âgé de 82 ans et à qui les médecins avaient diagnostiqué un cancer généralisé, était effectivement décédé quelques jours après cet épisode.

Le 16 avril 2020, dans un communiqué, la gendarmerie de Charente-Maritime avait présenté ses condoléances et ses excuses à Patrice Dupas. « Le commandant de groupement […] assure qu’il y aura une étude bienveillante de la demande d’indulgence concernant sa verbalisation », indiquait d’ailleurs la gendarmerie de la Charente-Maritime sur Facebook. L’amende avait bien été annulée par la suite.

« Il y a eu une erreur et il faut la réparer »

En octobre 2020, Patrice Dupas avait écrit à Emmanuel Macron. Dans la réponse de l’Élysée, le chef de l’État lui présentait ses sincères condoléances, et en avait profité pour « saluer » le parcours du père de Patrice Dupas « au sein de nos forces armées, notamment en tant qu’adjudant de l’armée de l’air ». L’Élysée, par l’intermédiaire de Brice Blondel, avait également affirmé avoir « fait part de [ses] préoccupations au préfet de la Charente-Maritime ».

Néanmoins, Patrice Dupas est aujourd’hui fermement décidé à demander réparation du préjudice moral subi. « Ce 4 avril, il y a eu une erreur et il faut la réparer. Le montant des indemnités que l’on demandera sera juste symbolique. Mais ça serait réparateur dans mon deuil. Ça ira pour mes enfants. C’est une question de principe. Vous faites une connerie sur la route, vous payez. L’État fait une erreur, il paye », a expliqué Patrice Dupas auprès de France 3.

L’avocat de Patrice Dupas, Kévin Gomez, va donc déposer un recours en responsabilité contre l’État dans les jours à venir. Il a indiqué que son client comprenait « la mission des gendarmes », mais était toutefois « en colère car il n’a pas réussi à faire entendre aux gendarmes qu’il s’agissait d’une situation particulière ». « On m’a volé les derniers instants avec mon père », a déploré Patrice Dupas.

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