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Narcotrafic

Opération de la police brésilienne contre le narcotrafic à Rio : plus de 100 morts

Le Brésil vient de connaître l'opération policière la plus meurtrière de son histoire. Mardi, des raids menés contre le narcotrafic dans les favelas du Complexo da Penha et du Complexo do Alemao, au nord de Rio, ont fait au moins 119 victimes selon le bilan officiel. Un chiffre qui grimpe à 132 morts selon les services du Défenseur public de l'État de Rio.

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Des personnes prés des corps retrouvés dans les bois du quartier de Penha, au lendemain d'une opération policière anti-gang de grande envergure menée dans les favelas Complexo da Penha et Alemao, le 29 octobre 2025 à Rio de Janeiro, au Brésil.

Photo: Wagner Meier/Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

Le Brésil vient de connaître l’opération policière la plus meurtrière de son histoire. Mardi, des raids menés contre le narcotrafic dans les favelas du Complexo da Penha et du Complexo do Alemao, au nord de Rio, ont fait au moins 119 victimes selon le bilan officiel. Un chiffre qui grimpe à 132 morts selon les services du Défenseur public de l’État de Rio.
Ce triste record dépasse celui du massacre de Carandiru en 1992, où 111 détenus avaient péri lors de la répression d’une mutinerie carcérale près de São Paulo.

Des scènes d’horreur au sommet des favelas

Mercredi, une odeur étouffante de mort planait sur le Complexo da Penha. Des dizaines de corps ont été récupérés par les habitants dans une forêt au sommet de leur quartier, puis déposés sur une place publique. Parmi eux, un homme décapité, un autre défiguré. Des scènes insoutenables qui ont plongé la communauté dans l’effroi.
« L’État de Rio est venu perpétrer un massacre. Ce n’est pas une opération, ils sont venus directement pour tuer », a crié en sanglots une femme, la main posée sur le visage d’un jeune homme recouvert d’un drap vert.

« Des exécutions », dénoncent des habitants

Des témoignages convergent vers une même accusation : celle d’exécutions sommaires. Raull Santiago, activiste du quartier, affirme que « beaucoup ont été tués d’une balle dans la nuque, un tir dans le dos ».
Le bilan officiel fait état de 115 « criminels présumés » et quatre policiers tués lors de cette opération qui a mobilisé 2.500 agents contre le Comando Vermelho, principal groupe criminel de Rio.

Claudio Castro revendique un « succès », le président Lula appelle à la prudence

Le gouverneur de droite Claudio Castro n’a pas hésité à qualifier l’intervention de « succès », défendant la manière forte contre ce qu’il nomme le « narcoterrorisme ». Pour lui, les seules « victimes » sont les quatre policiers tombés au combat.
Une position qui contraste avec celle du président Lula, tenu à l’écart de cette opération. Sur X, le chef de l’État a appelé à « un travail coordonné qui frappe au cœur du trafic sans mettre en danger les policiers, les enfants et les familles innocentes ».

Une justice et une communauté internationale sous le choc

Le juge Alexandre de Moraes, de la Cour suprême brésilienne, a convoqué le gouverneur Castro pour une audience explicative la semaine prochaine.
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’est dit « très inquiet » et a réclamé une enquête rapide sur ces événements.

« Narcoterrorisme » : un terme politique qui fait débat

L’emploi du mot « narcoterrorisme » par les autorités de Rio suscite la controverse. Pour la sociologue Carolina Grillo, spécialiste du crime organisé, ce choix terminologique trahit l’influence de l’administration Trump et n’est aucunement justifié.
« Nous avons affaire à des groupes armés qui opèrent sur des marchés illégaux, des organisations qui visent le profit et non la promotion de la terreur dans la société », explique-t-elle.

COP30 et présidentielle 2026 : un contexte explosif

Ce drame intervient alors que le Brésil s’apprête à accueillir la COP30 à Belém en Amazonie. Il révèle crûment la puissance du crime organisé dans le pays et questionne les méthodes policières employées dans les quartiers défavorisés.
La sécurité s’annonce comme un enjeu majeur de la présidentielle de 2026, où Lula briguera un quatrième mandat. Les électeurs devront également choisir leurs gouverneurs dans un climat de tensions exacerbées entre répression musclée et respect des droits humains.
Avec AFP