Fuite de document : les directives secrètes du bureau de la propagande chinoise pendant l’épidémie

Par He Jian
20 juillet 2020 11:53 Mis à jour: 20 juillet 2020 11:53

Epoch Times a récemment obtenu des documents internes publiés par le département de la propagande du Parti communiste chinois (PCC), révélant comment celui-ci a donné des instructions directes aux porte-parole de l’État, comme l’agence Xinhua, sur la manière dont ils doivent couvrir des questions sensibles tels que la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine et la pandémie du coronavirus.

Instructions du mois de janvier: cacher la vérité sur la pandémie

Les documents, obtenus auprès d’une source fiable, montrent qu’au moins 90 instructions ont été émises par le régime chinois en janvier de cette année.

Les deux premières instructions de propagande ont été publiées le 2 janvier, l’une visant le COVID-19 et l’autre la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine.

La première directive de propagande indique : « En ce qui concerne l’épidémie de pneumonie de cause inconnue à Wuhan, dans la province du Hubei, lorsqu’elle est signalée, les informations venant des services compétents doivent être suivies. »

À l’époque, un grand nombre d’infections étaient déjà apparues à Wuhan.

Le 30 décembre 2019, le médecin Li Wenliang avait posté des messages sur WeChat, une plateforme de médias sociaux, pour révéler sept cas de pneumonie de type SRAS qui semblaient liés au marché des fruits de mer Huanan. Les patients de son hôpital avaient été isolés aux urgences, ajoutait-il. La pandémie de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) a infecté plus de 8 000 personnes dans le monde en 2002 et 2003 et en a tué des centaines.

Le 31 décembre, le gouvernement de Wuhan a déclaré lors d’un briefing qu’il n’y avait « aucune preuve de transmission interhumaine significative ».

Après la publication de la directive de propagande le 2 janvier 2020, Li Wenliang a été interrogé et averti par la police de Wuhan de cesser de répandre des « rumeurs. »

Dans une autre série de documents publiés les 4 et 6 janvier, le Département de la Propagande réitère la directive du 2 janvier et interdit strictement « toute citation ou reprise de reportages des médias étrangers » et « tout rapport [liant l’épidémie au] SRAS de 2003 ».

Toutes les instructions du Département de la Propagande avant le 20 janvier se concentrent sur l’interdiction de toute information « non-approuvée » par les autorités et sur la nécessité de garder un profil bas.

Le 20 janvier, le leader chinois Xi Jinping a fait ses premiers commentaires publics sur le contrôle de l’épidémie. Immédiatement, le département de la propagande a émis une directive pour faire connaître les mesures prévues par les autorités.

À la suite d’une directive du 22 janvier du Département de la Propagande, les journalistes ont été empêchés de se rendre à Wuhan.

Ensuite, une série d’instructions a été émise après le 26 janvier pour interdire strictement la reprise de tout article provenant de médias étrangers et exiger de publier des articles donnant une image positive du Parti à la communauté internationale.

Selon les documents obtenus par Epoch Times, il y a eu au moins 18 directives sur l’épidémie émises en janvier à l’intention des médias nationaux par le Département de la Propagande.

Instructions de janvier: minimiser la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis

Dans les directives de janvier, neuf instructions ont été données sur la façon de traiter le sujet de la guerre commerciale.

Le 2 janvier, les médias nationaux ont été avertis de ne pas publier d’articles de leur propre chef concernant l’accord de « phase 1 » qui serait signé le 15 janvier.

Le PCC et les États-Unis avaient atteint la première étape des négociations pour l’accord commercial en décembre 2019.

Le ministère chinois du commerce a déclaré lors d’une conférence de presse à Pékin le 9 janvier 2020 que le vice-premier ministre Liu He dirigerait une délégation qui se rendrait à Washington du 13 au 15 janvier pour signer la première phase de l’accord commercial avec les Etats-Unis. Le même jour, une directive de propagande a averti de ne pas publier d’articles non autorisés. La même directive a été publiée à nouveau le lendemain.

Le jour où Liu He a signé l’accord, le Département de la Propagande a émis des directives spécifiques pour « renforcer la censure en ligne » et « identifier et punir toute information nuisible qui suggère que [le régime] se rend ou… des informations destructrices qui attaquent le système et les mécanismes [communistes] ».

Instructions de février sur la propagande : Silence sur les masques chirurgicaux

Les documents montrent que 89 directives ont été émises en février et que 50 d’entre elles relevaient du sujet de la pandémie.

Parmi elles, trois directives publiées les 3, 5 et 12 février confirment les informations selon lesquelles le régime chinois achetait à l’étranger et stockait des fournitures médicales pour traiter les patients atteints de COVID-19 ou pour prévenir la propagation de la maladie.

Le 3 février, la directive demandait : « Ne pas rendre publique notre mobilisation pour l’achat de fournitures de protection ».

Le 5 février, la même instruction a été réitérée. La directive stipulait clairement : « Empêcher toute interférence avec nos achats à l’étranger. »

Le 12 février, une directive soulignait : « Ne pas rendre publique l’achat de fournitures à l’étranger, éviter de provoquer une réaction de l’opinion publique des pays concernés qui pourrait interférer avec les achats. »

Le virus s’est largement répandu dans le monde entier à partir du mois de mars.

Selon les données officielles des douanes chinoises, du 24 janvier au 29 février, le pays a importé 2,46 milliards d’unités de matériel médical, dont 2 milliards de masques et des équipements de protection.

Le 6 avril, le conseiller commercial de la Maison Blanche, Peter Navarro, a déclaré qu’au cours des premiers jours de l’épidémie, alors que le monde n’était pas encore conscient des dangers du virus, la Chine a acheté l’essentiel des stocks mondiaux de masques chirurgicaux.

« Ils ont caché les dangers au reste du monde alors même que les citoyens chinois voyageaient dans le monde entier en semant le virus », a déclaré Navarro sur Fox News.

Cinq directives ont été émises les 6 et 7 février concernant la mort de Li Wenliang, qui avait contracté le COVID-19 d’un patient qu’il traitait. Le Département de la Propagande a ordonné de ne faire « aucun reportage » sur sa mort, et a déclaré que les médias ne pouvaient que « réimprimer le reportage autorisé ». Il a également déclaré que le concept de « lanceur d’alertes » était interdit.

De plus, le département a émis un ordre pour minimiser les « informations négatives » concernant les citoyens chinois vivant en Russie et en Malaisie qui ont été empêchés de retourner dans leur pays d’origine. A l’époque, les autorités avaient mis en place un contrôle strict aux frontières afin d’empêcher l’importation de cas COVID-19.

Plus de 50 directives liées à la pandémie en février ont pour la plupart donné instruction aux médias de censurer les « informations préjudiciables » concernant le PCC, ou de filtrer les reportages des médias étrangers parlant de l’épidémie.

Instructions de propagande de mars : maintenir l’autorité

Pendant les dix premiers jours de mars, il y a eu 46 directives, dont 34 relatives à la pandémie.

Une directive du 1er mars interdit aux médias de rendre compte de l’analyse en big data sur les habitudes de déplacement des habitants de Wuhan au début de l’épidémie.

Le 2 mars, quatre directives ont été publiées pour interdire tout article ou commentaire sur les efforts de Pékin pour contenir la pandémie. Ces directives ont été émises après qu’un ex-détenu ait été confirmé positif au COVID, mais ait été autorisé à se rendre à Pékin le 22 février après avoir été libéré de la prison de Wuhan.

Le 10 mars, le journal chinois Le Quotidien du Peuple a interviewé un médecin de Wuhan, Ai Fen, et a publié son témoignage. Ai Fen était directrice du service des urgences de l’hôpital central de Wuhan. Elle a été l’une des premières personnes à diffuser des informations sur la mystérieuse maladie qui s’était répandue à Wuhan.

Le jour de la publication de l’article du magazine, une directive a été émise pour exiger le retrait de l’article et de toute couverture médiatique sur le Dr Ai.

Le 3 mars, une directive a indiqué que tout articles sur les décès liés au COVID-19 dans les maisons de repos et les hôpitaux psychiatriques devrait suivre les informations fournies par les autorités. Aucune donnée étrangère ou rapport d’ONG ne pouvait être utilisé.

Le 5 mars, une directive a demandé aux médias de retirer les articles concernant un patient censé s’être remis de la maladie.

En outre, un certain nombre d’instructions de propagande en mars ont exigé des médias qu’ils ne transmettent pas d’informations sur la pandémie en Russie et en Iran, deux pays considérés comme des alliés politiques du régime chinois.

Le département de la propagande du PCC est directement subordonné à Wang Huning, l’un des hauts fonctionnaires du Parti, membre de l’organe décisionnel le plus puissant du parti, le Comité permanent du Politburo.

Epoch Times désigne le nouveau coronavirus, responsable de la maladie du Covid-19, comme le « virus du PCC », car la dissimulation et la mauvaise gestion du Parti Communiste Chinois (PCC) ont permis au virus de se propager dans toute la Chine et de créer une pandémie mondiale.

Le saviez-vous ? 

Epoch Times est un média indépendant, différent des autres organisations médiatiques. Nous ne sommes influencés par aucun gouvernement, entreprise ou parti politique. Notre objectif est d’apporter à nos lecteurs des informations factuelles et précises, en étant responsables envers notre lectorat. Nous n’avons d’autre intention que celle d’informer nos lecteurs et de les laisser se faire leur propre opinion, en utilisant comme ligne directrice les principes de vérité et de tradition.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.