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Pluralisme sur CNews : l’Arcom rejette les griefs de Reporters sans frontières
Le gendarme de l'audiovisuel français a tranché. Jeudi, l'Arcom a fermement démenti avoir relevé des manquements aux obligations de pluralisme politique sur CNews durant le mois de mars 2025. Cette prise de position contredit directement les accusations portées la veille par Reporters sans frontières, qui pointait du doigt des pratiques contestables de la chaîne du groupe Bolloré.

Un microphone de la chaîne de télévision CNEWS à l’Assemblée nationale à Paris, le 14 octobre 2025.
Photo: MATHILDE INVENTER/Hans Lucas/AFP via Getty Images
Dans une déclaration à l’AFP, relayée initialement par Le Point, l’autorité de régulation s’est montrée catégorique. Selon ses services, aucune stratégie de contournement n’a été détectée sur l’antenne de CNews pendant cette période. Le régulateur a même précisé que si de telles infractions avaient existé, elles auraient été immédiatement identifiées et sanctionnées.
L’Arcom confirme la fiabilité de ses mesures
L’institution a également souligné un écart important entre ses propres analyses et celles présentées par l’organisation de défense de la liberté de la presse, affirmant ne nourrir aucun doute quant à la fiabilité de ses mesures.
Une séquence censurée dans « Complément d’enquête »
Les conclusions de RSF devaient initialement figurer dans le magazine d’investigation « Complément d’enquête », programmé jeudi soir à 23 heures sur France 2. Le reportage, d’une durée d’une heure, se penchait sur l’orientation éditoriale adoptée par CNews ces derniers mois.
Toutefois, face à l’impossibilité matérielle d’intégrer la réplique de l’Arcom si proche de la diffusion, France Télévisions a préféré retrancher entièrement le passage controversé. Cette décision, confirmée par le groupe audiovisuel public en fin de journée, visait à garantir l’équilibre de l’information présentée aux téléspectateurs.
RSF maintient ses conclusions malgré la contradiction
L’ONG n’a pas tardé à réagir aux déclarations du régulateur. Dans un communiqué transmis à l’AFP, Reporters sans frontières a déploré ce qu’elle qualifie de « dénégations » de la part de l’Arcom. L’organisation affirme maintenir l’intégralité de ses données et de ses analyses.
RSF souligne que la contestation de l’Arcom porte uniquement sur un aspect limité de son étude : la répartition du temps d’antenne accordé aux différentes formations politiques. L’association reproche au régulateur de critiquer ses travaux sans présenter de statistiques alternatives pour étayer sa position.
Une méthodologie exhaustive mise en œuvre par RSF
Mercredi, l’organisation avait dévoilé son intention de saisir officiellement l’Arcom, accusant CNews de manipuler les règles du pluralisme. Selon RSF, la chaîne relèguerait systématiquement aux heures de faible audience les interventions de responsables de gauche, notamment ceux de La France insoumise et du Parti socialiste.
Pour étayer ses accusations, l’ONG a mené une analyse approfondie des grilles de programmes des principales chaînes d’information continue françaises (BFMTV, CNews, franceinfo et LCI) tout au long du mois de mars 2025. Grâce à un dispositif technologique de capture d’écran, ses équipes ont scruté près de 700 000 bandeaux d’information.
Des chiffres qui alimentent la controverse
Les résultats présentés par Reporters sans frontières révèlent des disparités significatives. Selon l’association, qui classe le Rassemblement national et Philippe de Villiers dans la catégorie « extrême droite », cette mouvance bénéficierait de 40,6% du temps d’exposition aux heures de grande écoute (entre 7h-10h et 18h-21h), tandis que la gauche (regroupant LFI, PS, PCF et EELV) n’obtiendrait que 15,4%.
Le tableau s’inverserait radicalement pendant la tranche nocturne, entre minuit et 7 heures du matin. Durant ces heures creuses, la gauche grimperait à 60,1% d’exposition, alors que l’extrême droite chuterait à seulement 1,6%.
Face à ces allégations, l’Arcom présente une lecture radicalement différente. D’après le régulateur, les formations comme La France insoumise ou le Parti socialiste bénéficieraient en réalité d’une « surreprésentation » sur CNews en mars 2025, aussi bien durant les heures nocturnes qu’en journée. Cette divergence d’interprétation soulève des questions sur les méthodologies employées par chacune des parties.
Avec AFP

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