Fusillade à Grenoble
Point de deal à Grenoble : un garçon de 12 ans grièvement blessé par balles
Dans la nuit de samedi à dimanche, vers 3 heures du matin, le quartier Chorier-Berriat de Grenoble a été secoué par une violente fusillade. Un garçon de seulement 12 ans a été grièvement blessé par plusieurs balles sur ce qui semble être un point de vente de drogue. Les riverains, alertés par les coups de feu puis par le bruit d'un véhicule en fuite, ont immédiatement prévenu la police.

Une voiture de police sur la voie publique à Grenoble, dans le département de l'Isère, le 12 avril 2025.
Photo: ANOUK ANGLADE/Hans Lucas/AFP via Getty Images
L’enfant, né en décembre 2012, a été touché par au moins quatre projectiles dans le dos et aux jambes. En arrêt cardio-respiratoire à l’arrivée des secours, il a été transporté d’urgence à l’hôpital où son pronostic vital reste engagé. Dimanche en fin de matinée, il se trouvait toujours dans le coma.
Une scène de crime qui en dit long
Sur les lieux du drame, les enquêteurs ont découvert neuf douilles de calibre 9 mm, témoignant de la violence de l’attaque. Selon le procureur adjoint de Grenoble, François Touret de Coucy, la victime serait un mineur non accompagné d’origine nord-africaine dont l’identité exacte reste incertaine.
Une enquête pour tentative de meurtre a été ouverte et confiée à la police judiciaire. À ce stade, les auteurs de cette agression n’ont pas encore été identifiés et restent en fuite. Si le lien avec le narcotrafic se confirme, cet enfant deviendrait l’une des plus jeunes victimes de cette violence ces dernières années.
Un quartier aux deux visages
Chorier-Berriat présente un contraste saisissant. Ancien bastion industriel de Grenoble, ce secteur de l’ouest de la ville a connu une profonde mutation. Les friches et usines désaffectées ont laissé place à des immeubles modernes, des bars tendance et des restaurants prisés par une clientèle jeune.
Pourtant, certaines zones du quartier abritent des points de deal notoires. La place Saint-Bruno, cœur névralgique de Chorier-Berriat, a été le théâtre de plusieurs fusillades en 2024, incarnant cette dualité entre dynamisme urbain et criminalité liée aux stupéfiants.
Moins agressions par armes à feu mais une menace persistante
Les autorités locales affichent prudemment des résultats encourageants. En septembre dernier, la préfète de l’Isère, Catherine Séguin, se félicitait d’une nette diminution des agressions par armes à feu : 11 depuis le début de 2025, dont un homicide, contre 34 en 2024 qui avaient fait sept morts.
Cette amélioration résulte d’une « politique de harcèlement » menée par les forces de l’ordre contre les réseaux de narcotrafic. Le nombre de points de deal recensés dans l’agglomération est passé de 41 en 2023 à 28 en septembre dernier. Toutefois, le procureur de Grenoble, Étienne Manteaux, rappelait alors « sans triomphalisme » l' »ubérisation » de ce phénomène en « éternel recommencement ».
La guerre des gangs à Grenoble
L’an passé, les élus locaux n’hésitaient pas à employer des termes forts. Les maires de Grenoble et de sa banlieue réclamaient à l’État des effectifs policiers supplémentaires, parlant ouvertement d’une « guerre des gangs » qui ensanglante régulièrement la métropole iséroise.
Entre janvier et avril de cette année, au moins trois fusillades présentées comme des règlements de comptes ont fait cinq blessés, dont deux mineurs. Les règlements de comptes entre groupes de trafiquants sont devenus une triste réalité pour Grenoble et ses banlieues.
Des enfants pris au piège du narcotrafic
Les statistiques nationales sont alarmantes. Selon la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca), 61% des condamnés pour infractions liées aux stupéfiants en France en 2024 avaient entre 15 et 25 ans. Près de 10 000 mineurs étaient impliqués dans des affaires de trafic.
Plus inquiétant encore, l’âge moyen des « petites mains » recrutées par les réseaux criminels se situe autour de 15-16 ans, avec un recours croissant à des enfants encore plus jeunes, parfois âgés d’à peine dix ans.
« C’est insupportable » : la réaction du gouvernement
Interrogée dimanche sur BFMTV, Maud Bregeon, porte-parole du gouvernement, n’a pas caché son émotion face à l’âge de la victime grenobloise. « C’est insupportable, il y en a malheureusement trop », a-t-elle déclaré.
Elle a réaffirmé l’engagement des pouvoirs publics dans ce qu’elle qualifie de « combat quotidien » et même de « guerre » contre le narcobandistisme. La lutte contre les points de deal et le trafic de drogue constitue, selon elle, une « priorité » du président de la République et des ministres de l’Intérieur successifs. « L’État ne faiblira pas », a-t-elle martelé.
Avec AFP

Articles actuels de l’auteur









