Les pommes de terre augmentent-elles le risque de diabète?

Le lien entre les pommes de terre blanches et le diabète s'étend-il aux pommes de terre non frites sans beurre ni crème?

Par Michael Greger
17 août 2022 20:57 Mis à jour: 28 avril 2023 20:57

Les ennuis concernant les pommes de terre blanches ont commencé en 2006. La Harvard Nurses’ Health Study avait suivi le régime alimentaire et les maladies de dizaines de milliers de femmes pendant 20 ans. Elle révélait qu’une plus grande consommation de pommes de terre était associée à une plus grande probabilité de souffrir de diabète de type 2. Mais attention. Sur la centaine de kilos de pommes de terre consommées chaque année, beaucoup sont sous forme de chips ou de frites. Que s’est‑il passé lorsqu’on a examiné spécifiquement les pommes de terre en purée ou cuites au four ? Les chercheurs ont trouvé le même lien avec le diabète. Mais les mangeurs de pommes de terre étaient peut‑être susceptibles de manger un autre aliment en plus grande quantité ? Et en effet, il apparaissait que les personnes consommant plus de pommes de terre mangeaient également plus de viande. Or, nous savons que les protéines animales en elles‑mêmes sont associées à un risque accru de diabète. Mais les chercheurs ont essayé d’ajuster statistiquement ce facteur et ont encore trouvé un risque accru avec les pommes de terre.

Bon… Que mettent les gens sur les pommes de terre au four et en purée ? Du beurre et de la crème. Là encore, les chercheurs ont essayé de tenir compte d’autres facteurs alimentaires comme ceux‑ci. Ils ont aussi tenu compte du rapport entre les graisses végétales et les graisses animales. De savoir si les mangeurs de pommes de terre buvaient plus de sodas ou consommaient d’autres légumes. Après avoir pris en compte tous cela, il semblait que l’association pomme de terre/diabète persistait.

D’accord, mais ce n’était qu’une seule étude. En 2015, les chercheurs de Harvard ont examiné d’autres cohortes, notamment l’étude « Health Professionals Follow‑up Study », composée uniquement d’hommes, en complément de la première étude, composée uniquement de femmes. Ils ont continué à trouver une légère augmentation du risque de diabète associée aux pommes de terre cuites, bouillies ou en purée – bien que les frites semblent effectivement près de cinq fois plus mauvaises. Les auteurs ont conclu que les pommes de terre sont considérées comme un légume sain dans les directives diététiques. Cependant, les trouvailles actuelles jettent de sérieux doutes sur cette classification. Walt Willett, le président du département de nutrition de Harvard à l’époque, est allé plus loin, suggérant que les pommes de terre devraient être mises au même niveau que les bonbons.

Une méta‑analyse de la consommation de pommes de terre et du risque de diabète de type 2 publiée en 2018 a combiné les six études prospectives réalisées à ce jour, et ils ont trouvé une augmentation d’environ 20% du risque de diabète associée à chaque portion de pommes de terre par jour, concluant qu’une consommation élevée de pommes de terre à long terme peut être fortement associée à un risque accru de diabète. Mais, encore une fois, la grande majorité de cette consommation de pommes de terre était frite, et nous savons qu’il y a toutes sortes de choses désagréables comme les produits finaux de glycation avancée dans les aliments frits. Les chercheurs n’ont pas été en mesure d’évaluer les frites par rapport aux pommes de terre non frites. Même trois portions de frites par semaine sont associées à une augmentation de près de 20% du risque de diabète de type 2, alors que le risque associé aux pommes de terre en général, y compris les frites, est minime.

Le plus grand fabricant mondial de frites surgelées a contesté cette conclusion. En revendiquant une frite sur trois consommée sur la planète Terre, à hauteur de milliards de dollars, ils ont les moyens de financer des études comme celle‑ci pour mettre en doute la science. Mais ils ont raison. Les études d’observation ne peuvent jamais prouver l’existence d’une relation de cause à effet, et il se peut que la consommation de pommes de terre, même de pommes de terre au four, soit simplement un marqueur d’un régime alimentaire malsain en général. Même si les chercheurs essaient de tenir compte de ces autres facteurs, comme le rappelle l’American Journal of Potato Research, il est impossible de séparer complètement les effets des pommes de terre et des frites de ceux du régime alimentaire standard.

Si seulement il existait un pays où la consommation de pommes de terre était associée à une alimentation saine. Si la consommation de pommes de terre y était toujours associée au diabète, ce serait inquiétant. Seulement voilà… il y a une septième étude, mais cette fois en Iran, où non seulement la consommation de pommes de terre provient essentiellement de pommes de terre bouillies, mais où ceux qui mangent des pommes de terre ont le régime alimentaire le plus sain et mangent le plus d’aliments végétaux complets – fruits, légumes, céréales complètes et haricots. Et bien que les chercheurs aient essayé de faire abstraction de ces autres facteurs alimentaires, ceux qui mangeaient le plus de pommes de terre bouillies avaient deux fois moins de risques de développer un diabète. Cela confirme l’idée qu’il peut être difficile d’isoler complètement les pommes de terre. La conclusion de cette étude systématique est que nous ne disposons pas à ce jour de preuves convaincantes du lien entre la consommation de pommes de terre en général et le diabète de type 2, mais que nous devrions probablement éviter les frites.

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