Pourquoi les Chinois ne viennent pas en aide aux victimes des intempéries

2 juillet 2016 07:28 Mis à jour: 6 juillet 2016 09:00

On compte une centaine de morts et près d’un millier de blessés suites aux récentes intempéries qui ont ravagé la province côtière du Jiangsu en Chine. En de telles circonstances, le ministère des Affaires civiles a procédé comme à son habitude, en demandant un soutien financier auprès la population.

Sur le compte Sina Weibo de China News Network, un média d’État, les autorités ont publié le numéro d’un compte acceptant les donations.

En quelques heures, près de 70 000 utilisateurs de Weibo ont commenté cette annonce, condamnant non sans critique et colère, ce qu’ils considèrent comme une nouvelle campagne visant à détourner de l’argent public pour enrichir des officiels corrompus.

Par exemple, l’internaute « Harvest » a écrit: « Quelle aubaine pour les fonctionnaires corrompus. »
Le matin suivant, les commentaires étaient désactivés.

D’après le département de météorologie régional, Jiangsu a connu son pire cyclone depuis 50 ans, le 23 juin dernier. Au 25 juin, on comptait 99 morts et 846 personnes hospitalisées, d’après un journal d’État local. D’après un article du Legal Evening News, cette tempête aurait été la plus dévastatrice au monde depuis 2003.

Mr. Zhang, un habitant du Fujian, a fait part d’un sentiment commun: « Je donne de l’argent et il va directement dans votre poche ? Alors non, je ne fais pas ça. »

L’excès de zèle des utilisateurs de Weibo est bien souvent né d’expériences amères. En 2008, la province de Sichuan essuyait un séisme de magnitude 7,9, causant plusieurs dizaines de milliers de morts, dont beaucoup de jeunes étudiants. D’après Tencent Finance, les œuvres de charité et les célébrités ont récolté près de 65,2 milliards de yuan (environ 6,01 milliards d’euros au taux de change de l’époque).

Un quotidien en ligne opérant hors de Chine, Mingjing, a estimé que 80% de la somme, soit près de 50,1 milliards de yuan (environ 4,62 milliards d’euros) ont été détournés d’une façon ou d’une autre. Des révélations qui ont laissés les donateurs bien désenchantés.

« Cela reflète un changement de mentalité au fil des ans, » explique Ji Laisong, avocat de Henan, à Radio Free Asia.

Ji explique que ne plus faire confiance en son gouvernement est désormais chose commune. « Je pense qu’ils sont tombés dans un “piège de Tacite”. » L’expression est employée dans le cas d’un peuple qui ne se satisfait ni des mauvaises, ni de bonnes mesures politiques, si tant est qu’il ne porte pas son gouvernement dans son cœur.

« À chaque fois que des catastrophes naturelles surviennent, le gouvernement demande au peuple de contribuer financièrement, » explique Mr. Liu lors d’une interview avec Radio Free Asian. Mr. Liu est un paysan, qui clame que son terrain lui a été dérobé.

Des chauffeurs de taxi qui, de bon cœur, cherchent à transporter gratuitement les blessés jusqu’aux hôpitaux les plus proches, se heurtent à un système dégénéré. D’après le journal Ming Pao, basé à Hong Kong, ils sont en effets taxés lors de leur passage aux barrières de péage, auxquelles seuls les véhicules transportant du matériel de secours sont autorisés à passer sans frais.

Version anglaise: Here’s Why Chinese Don’t Want to Donate Money to Hurricane Victims

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