Prédilection de l’artiste William-Adolphe Bouguereau pour l’amour maternel

Par Charles Timm
16 mai 2023 17:46 Mis à jour: 16 mai 2023 17:46

Un échantillon de tableaux de l’artiste français du XIXe siècle, William-Adolphe Bouguereau, exprime un talent fasciné par la tendre beauté de la femme. Considéré aujourd’hui comme l’un des meilleurs peintres de l’anatomie humaine, il a donné vie à ses personnages en saisissant les nuances subtiles de la personnalité et de l’humeur.

La prédilection de Bouguereau pour les jeunes mères a atteint une vénération classique qui n’est nulle part plus claire que dans sa série consacrée à ce thème à partir de 1865. L’artiste voyait la maternité comme une expression de la nature. Soucieux de la beauté féminine, de la vie rustique et de l’innocence de l’enfance, il dépeint avec affection la dévotion d’une mère comblée envers son enfant angélique, comme sujet de plusieurs de ses compositions très appréciées.

L’admiration maternelle

Jeune mère contemplant son enfant, 1871, par William Adolphe Bouguereau. Huile sur toile. Metropolitan Museum of Art, New York. (Domaine public)

Les éloges et les commandes qui ne cessent de s’accumuler ainsi que l’exposition annuelle au Salon de Paris suscitent un énorme intérêt pour l’expression de l’affection maternelle de Bouguereau. Les scènes idéalisées de paysans vertueux, menant une vie simple en harmonie avec la nature, sont rapidement achetées par les collectionneurs américains, ce qui vaut à Bouguereau une fortune et une renommée internationale. Les scènes de la vie rurale en Italie sont très appréciées de la clientèle américaine.

Jeune mère contemplant son enfant et Le Lever sont deux des nombreuses compositions peintes en vue du marché international. Dans les deux tableaux, la jeune mère est vêtue du costume Ciociari, la robe traditionnelle de l’Italie, avec un chemisier blanc contrastant avec la jupe sombre et volumineuse et la ceinture brodée.

Populaire auprès de la clientèle internationale, ce tableau est le deuxième de la série de Bouguereau sur l’admiration maternelle. Le Lever, 1865, par William Adolphe Bouguereau. Huile sur toile. Collection privée. (Domaine public)

Les idéaux néoclassiques de symétrie, de clarté des formes et d’utilisation d’une lumière idyllique ajoutent une dimension dramatique et élèvent le niveau artistique. Dans le tableau Le Lever, les bras tendus de la fillette et le mouvement enveloppant de la mère forment une symétrie dans leur étreinte affectueuse. L’utilisation du clair-obscur (ombre et lumière) oppose la lumière du matin filtrée sur le visage de l’enfant à l’arrière-plan sombre, soulignant l’amour que ressent l’enfant.

Les tableaux de cette série ont en commun de centrer les deux personnages au premier plan, ce qui renforce l’impact visuel de l’interaction tendre entre la jeune mère et son enfant. En hiérarchisant ses sujets, William Bouguereau emprunte à la structure classique de la composition établie à la Renaissance. Avec une partie de l’arrière-plan obscurcie par l’ombre, il dirige l’attention du spectateur vers la jeune mère et son enfant. Les objets en premier plan et les contours à peine discernables de l’arrière-plan contribuent à l’histoire de la scène.

Ce qui aurait pu être une image ordinaire d’une femme et de son enfant est ainsi transformé en quelque chose de mythique, l’associant aux nombreux dons et à l’abondance que les mères et les enfants s’apportent les uns aux autres.

La consolation dans la douleur

Pietà, vers 1876, par William-Adolphe Bouguereau. Huile sur toile. Collection privée. (Domaine public)

Dans les années 1870, Bouguereau est marié et père de famille depuis plusieurs années. Mais s’il approfondit son regard sur la maternité en observant sa femme et ses enfants, c’est au prix d’une véritable souffrance. En 1866, la fille de Bouguereau, Jeanne, âgée de 4 ans, décède. Cet événement tragique est le premier d’une série de deuils. En 1875, son fils Georges tombe malade et meurt à l’âge de 16 ans. Le chagrin de Bouguereau lui inspire deux de ses plus belles œuvres religieuses : Pietà et La Vierge consolatrice.

Cette année-là, sa femme Nelly donne également naissance à leur troisième fils, Maurice. Leur joie est cependant de courte durée. La santé de Nelly décline après la naissance de Maurice et elle meurt en avril 1877. Deux mois plus tard, Maurice meurt à son tour.

Dans La Vierge consolatrice, nous voyons la Vierge de la Consolation vêtue de noir. Sur ses genoux repose une jeune femme inconsolable de la mort de son enfant. On dit que Bouguereau, catholique convaincu, a trouvé dans cette œuvre une source de réconfort.

La Vierge consolatrice, 1875, par William Adolphe Bouguereau. Huile sur toile. Musée des Beaux-Arts de Strasbourg, France. (Domaine public)

Il est rare qu’une vie remplie de tant de tragédies s’accompagne d’une réussite aussi complète, les chefs-d’œuvre se succédant sur le chevalet de William Adolphe Bouguereau. Il peint 12 huiles en 1877, 17 en 1878 et 23 en 1879, y compris certaines de ses œuvres les plus importantes et les plus ambitieuses.

Vers la fin de sa vie, Bouguereau décrit son amour pour son art : « Chaque jour, je vais à mon atelier plein de joie. (…) Le soir, quand je suis obligé de m’arrêter à cause de l’obscurité, j’ai hâte que le lendemain matin arrive. »

Respecter la tradition

Autoportrait, 1895, par William Adolphe Bouguereau. Huile sur toile. Musée royal des beaux-arts d’Anvers, Belgique. (Domaine public)

La décennie des années 1870 est en grande partie une période de tristesse pour Bouguereau. Le seul point culminant est peut-être son élection à l’Académie des Beaux-Arts. Tout au long de sa vie, Bouguereau a défendu l’Académie et tout ce qu’elle représentait, et l’honneur d’en être élu membre lui tenait à cœur. Il écrivit un jour : « devenir membre de l’Institut (…) est la seule distinction publique que j’ai vraiment désirée ».

Il défendait si résolument la tradition que les impressionnistes, qui comptaient parmi les artistes les plus célèbres de la génération qui lui a succédé, se définissaient par rapport à ses normes et méprisaient son travail. Néanmoins, lorsque Bouguereau meurt en 1905, il est honoré par de grands cortèges funèbres et des cérémonies commémoratives à Paris et à La Rochelle, sa ville natale.

Le récent retour des idéaux classiques et des méthodes de formation traditionnelles a placé Bouguereau parmi ses champions. Selon Fred Ross, fondateur de Art Renewal Center, l’œuvre de Bouguereau jouit de lauriers qui se perpétuent et montrent qu’il « mérite les plus hautes accolades dans le monde de l’art ».

Comme les peintres néoclassiques de son époque, Bouguereau s’est inspiré des arts et de l’architecture classiques grecs et romains. Il a peint des scènes d’une beauté idéalisée grâce à l’équilibre et à l’ordre de ses compositions. Cependant, il a su capter de manière séduisante la délicatesse du tempérament et de l’humeur de l’affection maternelle.

William Bougeureau voyait la maternité comme rationnelle et satisfaite. Par son coup de pinceau, il communique des émotions par la lumière et l’ombre, et peint l’essence de la dignité d’une mère – des femmes très affectueuses dans toute leur beauté touchante.

Admiration maternelle, 1869, par William Adolphe Bouguereau. Huile sur toile. Collection privée. (Domaine public)
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