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Privés du marché chinois, les pêcheurs australiens de langoustes s’adaptent

décembre 27, 2020 17:30, Last Updated: décembre 27, 2020 17:41
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Sur le port de Fremantle, une ville côtière d’Australie-Occidentale, de longues files se forment devant les étals des pêcheurs de langoustes durement frappés par la récente décision de Pékin d’interdire les importations de crustacés australiens.

Les exportations australiennes de langoustes et homards représentent quelque 400 millions d’euros par an et en temps normal, 94% sont destinées à la Chine.

Il y a quelques semaines, Pékin a interdit presque toutes les importations de ces crustacés, dans le cadre du bras de fer commercial entre les deux pays.

« Nos revenus ont considérablement baissé »

« Cela nous a énormément affectés », affirme à l’AFP Fedele Camarda, un pêcheur. « Nos revenus ont considérablement baissé ».

L’année 2020 a été marquée par une dégradation des relations entre Canberra et Pékin et la Chine a pris toute une série de mesures de rétorsion économique à l’encontre de plus d’une dizaine de produits australiens, notamment l’orge et le vin.

-Le pêcheur Joe Paratore montre ses prises de langoustes à bord de son bateau aux clients a Fremantle en Australie occidentale. Photo par Trévor Collens / AFP via Getty Images.

Désormais soumis à des droits de douane ou à des restrictions, les exportateurs pourraient perdre jusqu’à 1,6 à 3,2 milliards d’euros de ventes.

Entreprises contraintes de trouver de nouveaux clients

Jusqu’à présent, l’économie australienne a résisté à cette tempête, réussissant même au troisième trimestre à sortir de la récession engendrée par le coronavirus.

Du jour au lendemain, des entreprises ont été contraintes de trouver de nouveaux clients et de nouveaux marchés pour éviter les pertes financières, les suppressions d’emplois ou même la faillite.

-Le pêcheur Michael Vinci tenant des homards vivants à acheter directement sur le bateau par des clients alignés sur le quai du port de pêche, le 10 décembre 2020. Photo par Trévor Collens / AFP via Getty Images.

Certains producteurs d’orge ont décidé de cultiver d’autres céréales ou de se tourner vers le Moyen-Orient alors que les viticulteurs ont choisi de vendre d’avantage au Japon.

De son côté, l’industrie du homard et de la langouste a fait le choix de développer son marché intérieur.

Vente en direct du produit de leur pêche

Afin d’aider ce secteur, les autorités ont modifié la législation afin d’autoriser en décembre et janvier la vente en direct du produit de leur pêche.

Cette décision a suscité l’enthousiasme de la population, offrant une véritable bouée de sauvetage à M. Camarda et ses collègues, en grande difficulté.

Avant la pandémie de coronavirus, les prix atteignaient parfois en Australie-Occidentale 65 dollars par kilo et se situaient généralement autour de 43 euros le kilo.

Un spectacle apaisant pour les pêcheurs locaux assiégés qui tentent de remplacer les affaires perdues par la Chine. Photo par Trévor Collens / AFP via Getty Images.

La semaine précédent Noël, les clients qui ont bravé le soleil brûlant de l’été austral ont pu acheter leur langouste directement sur le port à 28 euros le kilo, soit une baisse des prix de plus d’un tiers.

« Atteindre le seuil de rentabilité »

« C’est juste assez pour atteindre le seuil de rentabilité », estime M. Camarda qui a appris à un rythme accéléré à gérer les commandes.

A travers l’immense île-continent, la demande a été telle que certains supermarchés ont dû limiter le nombre de langoustes que chaque client peut acheter.

Nick Van Niekerk, un habitant de la ville voisine de Mosman Park, n’a pas hésité à faire la queue une demi-heure « pour soutenir les pêcheurs locaux » et en manger « à un prix abordable ».

Mais tout le monde a conscience que la vente directe est une solution sur le court terme. Les pêcheurs espèrent à l’avenir les vendre plus cher sur des marchés tels que le Japon, les États-Unis et l’Europe, ce qui est également une manière également de ne pas dépendre d’un seul client.

Cette tradition familiale va se perpétuer

« La Chine était prête à payer plus cher et l’ensemble du marché s’est donc déplacé  essentiellement vers ce pays », explique Keith Pearce, l’ancien président de l’association locale des pêcheurs professionnels.

« Nous devons diversifier les débouchés afin de ne pas connaître à nouveau ce problème », souligne M. Camarda qui se veut optimiste quant à la capacité du secteur à s’en sortir.

Son grand-père a commencé à pêcher à Fremantle en 1912, après être venu d’Italie quatre ans plus tôt et il espère que cette tradition va se perpétuer.

« Ma famille est dans le secteur depuis des générations et c’est le genre de choses que nous devons endurer de temps en temps », rappelle-t-il.

Son fils James, 21 ans, a commencé à pêcher à ses côtés et espère qu’il pourra continuer.

« Nous sommes ici pour longtemps. Nous trouverons les moyens de survivre. »

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