Le prochain bouleversement signé Uber : taxis sans chauffeur

6 septembre 2016 12:39 Mis à jour: 5 septembre 2016 01:48

Sept petites années seulement après avoir bouleversé l’industrie du taxi, la société de technologie multimilliardaire Uber est à l’avant-garde d’une nouvelle révolution : les voitures sans chauffeur.

L’année dernière, le géant du transport a commencé à investir des milliards de dollars dans la technologie de conduite autonome. Depuis les derniers mois, Uber fait des essais avec ses véhicules sur les routes de Pittsburgh. Puis, le mois dernier, l’entreprise a fait l’annonce surprise qu’elle commencerait bientôt à essayer ses véhicules avec des passagers à bord.

Il y aura encore un individu derrière le volant, et ce, jusqu’à ce que les questions technologiques et réglementaires soient résolues. Ce sera tout de même la première fois que les utilisateurs pourront faire l’expérience d’une voiture autonome.

Tandis que cela peut sembler anodin, la vitesse de progression d’Uber démontre que l’entreprise est peut-être sur le point de causer son plus grand bouleversement.

Perturbation imminente

Alors qu’Uber prouve encore une fois que déranger est dans sa nature, elle semble tourner le dos à ceux qui ont contribué à sa croissance fulgurante : ses 1,5 million de chauffeurs à travers le monde.

Bryant Walker Smith, un maître de conférences en droit à l’Université de Caroline du Sud qui se spécialise dans la réglementation des véhicules autonomes, affirme qu’Uber a été transparente par rapport à cet aspect de son plan d’affaires.

Uber a récemment annoncé un partenariat de 300 millions de dollars américains avec le fabricant d’autos suédois Volvo afin de développer des véhicules complètement indépendants.

« Uber a été remarquablement franche quant à son désir de mettre à pied éventuellement ses chauffeurs », indique M. Smith.

Uber emploie aux États-Unis 600 000 chauffeurs dont l’avenir est maintenant incertain. Que pensent-ils de cette éventualité ?

« Nous sommes en 2016. Les temps changent. C’est l’arrivée des nouvelles technologies. Nous devons accepter cette réalité », affirme Samariddin Berdiev, qui conduit à plein temps pour Uber depuis février 2015.

« Je ne crois pas que ça va affecter les chauffeurs de si tôt. Ça prendra peut-être cinq ou dix ans », estime-t-il.

D’autres chauffeurs d’Uber sont toutefois plus pessimistes quant à l’avenir.

« Bien entendu, ce sera un désastre pour les chauffeurs et nous allons devoir trouver d’autres moyens de gagner de l’argent et soutenir nos familles », affirme Sohail Rana, 48 ans, un chauffeur de carrière qui a fait le saut chez Uber en 2014.

« Je dois commencer à trouver d’autres compétences ou poursuivre des études », ajoute-t-il.

Puisque les emplois seront en danger, M. Rana estime qu’Uber devrait avoir un plan pour aider ses chauffeurs, comme leur apprendre de nouvelles compétences afin qu’ils puissent travailler dans d’autres domaines.

« Les chauffeurs ont joué un rôle immense pour qu’Uber devienne une entreprise multimilliardaire. Ce sera au tour d’Uber de s’occuper de ses chauffeurs », affirme-t-il.

Le pdg d’Uber, Travis Kalanick, estime pour sa part que son entreprise pourra créer plus d’emplois à l’avenir, et non moins. Il croit qu’Uber va croître de manière exponentielle et que les chauffeurs humains vont encore se charger d’une portion de son réseau.

« Je ne crois pas que le nombre de chauffeurs est prêt à baisser. En fait, dans un monde autonome, il augmente. En nombre absolu. Bien entendu, en pourcentage il descend », a-t-il indiqué au Business Insider dans une récente entrevue.

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Uber change de vitesse

Les voitures autonomes ne devraient pas arriver sur le marché grand public avant 2020, selon la société de conseils McKinsey, étant donné le nombre de questions technologiques, réglementaires et celles reliées à l’infrastructure.

Les efforts d’Uber pour développer sa propre technologie autonome ont commencé l’année dernière lorsqu’elle a recruté des centaines d’ingénieurs et d’experts en robotique de la Carnegie Mellon University à Pittsburgh. Cette ville a aussi été établie comme centre de technologie et d’essais.

Uber a récemment annoncé un partenariat de 300 millions de dollars américains avec le fabricant d’autos suédois Volvo afin de développer des véhicules complètement indépendants.

Uber et Volvo voient ce projet comme une étape importante pour l’industrie automobile : un fabricant traditionnel qui se ligue à une jeune entreprise de Silicon Valley pour demeurer en tête dans la course aux technologies de conduite autonome.

Même si Uber met au point sa technologie autonome, le modèle d’affaires n’a pas été entièrement établi.

Samariddin Berdiev, chauffeur d’Uber à plein temps, le 22 août 2016 à New York (Samira Bouaou/Epoch Times)
Samariddin Berdiev, chauffeur d’Uber à plein temps, le 22 août 2016 à New York (Samira Bouaou/Epoch Times)

« Bien entendu, nous ne construisons pas les voitures, et je ne sais pas qui sera propriétaire de la flotte », a déclaré M. Kalanick au Business Insider.

Remplacer la flotte actuelle avec des véhicules autonomes va nécessiter des milliards de dollars en investissements. Alors qui se chargera de la note ?

À l’avenir, Uber pourrait utiliser ses propres ressources pour acheter ces voitures autonomes. Cela contreviendrait à sa philosophie, alors que l’entreprise se définit clairement comme une plateforme technologique plutôt qu’un fournisseur de services logistiques ou un transporteur. Ainsi, Uber pourrait ne pas vouloir posséder les voitures.

Dans cette optique, Uber pourrait se tourner vers des investisseurs ou des fabricants pour couvrir les frais. Ou bien ses chauffeurs partenaires pourraient avoir le droit d’acheter les voitures autonomes pour ensuite les louer à Uber.

Qu’est-ce qui alimente la course aux véhicules autonomes ?

L’entrée précipitée d’Uber dans le domaine des voitures autonomes est perçue comme une question de vie ou de mort pour M. Kalanick.

Si Uber n’entre pas dans la course, alors n’importe quelle compagnie qui fournirait un service de transport moins dispendieux ou meilleur avec des voitures autonomes pousserait Uber à la faillite, selon le pdg.

Google est dans le domaine depuis 2009, soit plus longtemps que quiconque, et il est considéré comme un chef de file.

Dans le passé, Google et Uber étaient alliées. Maintenant, elles sont les plus grandes rivales.

Avec une source pratiquement infinie d’argent – 72 milliards de dollars US à la fin de 2015 – Google pourrait facilement avaler le marché du taxi et il expérimente déjà son propre service.

Uber affirme détenir 87 % du marché aux États-Unis. Dans différents marchés, l’entreprise a lancé une guerre de prix féroce afin de gagner des parts de marché. Uber a donc épongé une perte de 1,3 milliard durant la première moitié de 2016.

La majorité de ses pertes proviennent de sa branche chinoise, qui a été vendue à son rival Didi Chuxing en août dernier. Ainsi, les pertes devraient être moindres à l’avenir.

Malgré les pertes, Uber peut tout de même emprunter de l’argent de ses investisseurs. Lors de sa dernière ronde de financement, Uber est allée chercher une valeur de 68 milliards, ce qui fait d’elle la jeune entreprise ayant la plus grande valeur.

Version originale : Uber’s Next Disruption: Self-Driving Taxis

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