Rave-party dans l’Aude : le maire s’oppose, mais la fête se poursuit sur les lieux de l’incendie

Le site d’une rave party organisée au milieu des terres brûlées à Fontjoncouse, dans l’Aude, le 30 août 2025.
Photo: Idriss Bigou-Gilles / AFP via Getty Images
La colère monte parmi les habitants des Corbières, déjà éprouvés par le vaste incendie qui a ravagé la région en août, face à la tenue d’une rave-party depuis trois jours au cœur de terres récemment calcinées.
« La tension est en train de monter »
« La rave continue. La tension est en train de monter. Après les incendies qu’on a connus, les habitants sont à bout de nerfs, on a des gens qui ont tout perdu, et ceux-là qui font la fête au milieu, ça va mal finir », alerte Christophe Tena, maire du village viticole de Fontjoncouse (140 habitants). La fête, qui a d’abord rassemblé jusqu’à 2500 personnes selon la préfecture de l’Aude, comptait encore 1500 participants lundi, avec des camions immatriculés en France, en Espagne et en Italie.

Des raveurs se tiennent à côté de leurs véhicules en attendant d’accéder au site d’une rave party organisée au milieu des terres brûlées à Fontjoncouse, dans l’Aude, le 30 août 2025. (Idriss Bigou-Gilles / AFP via Getty Images)
Installé dans une plaine agricole entre Fontjoncouse et Coustouge, le rassemblement est situé au cœur de la zone touchée par l’incendie du 5 au 10 août, qui a détruit 16000 hectares, 36 habitations et causé un décès. « C’est déplacé. On est dans le désespoir complet. C’est lamentable », constate Fabien Vergnes, viticulteur à Tournissan, autre village sinistré.
Le chef étoilé Gilles Goujon, installé à Fontjoncouse, exprime lui aussi son indignation : « C’est inqualifiable. Il y a des mecs qui ont tout perdu ici. Et eux viennent danser sur les cendres de ces gens-là ».

Gilles Goujon (au c.), chef du restaurant trois étoiles Michelin « L’Auberge du Vieux Puits », réagit alors qu’il se tient aux côtés de gendarmes sur une route menant à une rave-party organisée au milieu des terres brûlées à Fontjoncouse, dans l’Aude, le 30 août 2025. (Idriss Bigou-Gilles / AFP via Getty Images)
Des affrontements entre fêtards et habitants
Plusieurs incidents ont eu lieu, avec des affrontements entre fêtards et habitants, et des voitures endommagées. Le maire de Fontjoncouse résume la frustration locale : « Ils sont sur des propriétés privées, sans autorisation, ils détruisent tout et la préfecture me dit qu’on ne peut rien faire pour les faire partir. On marche sur la tête. Les gens sont en colère, ça risque de dégénérer ».
Malgré l’intervention des forces de l’ordre, qui distribuent des amendes de 135 euros et tentent de bloquer l’accès au site, de nombreux fêtards demeurent sur place. Trois personnes ont été placées en garde à vue pour des délits routiers et infractions à la législation sur les stupéfiants, selon la gendarmerie.
La préfecture a appelé lundi les participants à quitter la zone et averti que « l’ensemble des personnes contrôlées seront verbalisées pour le non-respect de l’arrêté préfectoral interdisant l’accès à zone de feu ».
Les rave-parties bientôt « un délit » ?
Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a estimé lundi sur TF1 que l’organisation de rave-parties devrait être « un délit et non pas seulement une contravention », souhaitant s’inspirer de la législation italienne mise en place il y a trois ans.
Sur place, l’accès difficile entretient le statu quo : « Tant qu’ils ont à boire, à manger, à fumer, ils ne s’en vont pas. Je ne sais plus quoi faire », constate, dépité, le maire de Fontjoncouse, en pleine période de vendanges. Les forces de l’ordre restent mobilisées, appuyées par un hélicoptère et la protection civile.
Pour Célia, l’une des participantes, « l’organisation s’est dit que comme c’était brûlé on n’allait pas gêner », tout en assurant que le volume du sound system a été réduit. Les allées et venues continuent entre jeunes venus de toute la France et habitants excédés, dans un paysage encore marqué par la catastrophe.
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