Les réformes de Gorbachev : l’échec d’une idéologie

Par Epoch Times
28 septembre 2017 04:19 Mis à jour: 16 octobre 2019 23:52

L’écroulement soudain et plutôt pacifique du communisme soviétique, entre 1989 et 1991, est considéré comme l’une des grandes réussites politiques de l’histoire récente. Mikhail Gorbachev, alors à la tête du Parti communiste de l’Union soviétique (PCUS), est considéré comme l’architecte de la réforme qui a introduit le capitalisme dans l’Europe de l’Est et commencé la transition pour sortir de l’autoritarisme.

Cependant, il y a trois décennies, quand le dernier dirigeant de l’URSS et ses collègues ont commencé leur travail sur les célèbres politiques de la glasnost – transparence – et de la perestroïka — restructuration de l’économie -, il n’avait pas planifié de faire ses adieux au communisme.

Au contraire, la transition soudaine et mal planifiée vers un futur non communiste a été un choc pour des centaines de millions de personnes. La Russie et les nations créées à partir de ses anciens territoires se sont retrouvées face non seulement à de nouveaux dilemmes, mais aussi aux maux non traités par Marx et Lénine.

Gorbachev n’avait que 54 ans lorsque le Politburo du Parti communiste l’a choisi comme secrétaire général en 1985. Il cherchait une solution au retard économique, à l’oppression politique et à la corruption qui avaient empoisonné l’URSS depuis le début de son existence.

Pourtant, même lorsque son administration a réussi à faire adopter les politiques fatidiques de glasnost et de perestroïka, Gorbachev s’est accroché à l’idéologie marxiste – avec son héritage répugnant de meurtres de masse, de famines et de terrorisme d’État – du Parti et de ses anciens dirigeants.

Mesures draconiennes

Au départ, Gorbachev avait présenté ses réformes comme moyens nécessaires pour le développement futur du communisme. Il voulait particulièrement rattraper les progrès technologiques de l’Occident pour ce qui a trait à la défense, parce que les États-Unis et ses alliés de l’OTAN avaient commencé à bénéficier d’une supériorité décisive sur la grande armée soviétique.

L’ancien dirigeant soviétique Mikhail Gorbachev s’exprime à la télévision au moment de son arrestation par les fonctionnaires procommunistes en août 1991. L’Union soviétique s’est effondrée à la fin de cette même année. (NBC TV/AFP/Getty Images)

Comme l’a décrit David Lockwood dans son livre paru en l’an 2000, La Destruction de l’Union soviétique, la réforme était une tentative pour provoquer un « bouleversement économique ». On présumait que l’industrie militaire, en étant renforcée par des moyens de croissance économique de style occidental, relancerait le reste de l’économie soviétique sans requérir de grands changements dans le système communiste.

« En général, ces tentatives ont échoué », a écrit David Lockwood. En 1987, le Parti avait pris l’engagement d’intensifier la croissance, ce qui « reflète le fait que les dirigeants soviétiques, pour la plupart, ont d’abord cru qu’il suffirait d’utiliser des niveaux modérés de réorganisation. »

En 1988, le Comité central du PCUS a déclaré « qu’aucun progrès substantiel n’a été fait dans le domaine scientifique et technologique ». Il s’en est suivi que « le courant dominant pour le progrès scientifique se trouvait dans la restructuration du mécanisme économique ».

Gorbachev et son administration ont cumulé d’autres mesures sévères afin de provoquer un changement, mais chaque étape a affaibli le contrôle du régime soviétique sur l’économie, ce qui a provoqué une vive réaction de la bureaucratie du Parti et des dirigeants communistes.

Lockwood écrit : « Il était évident que le Parti en lui-même n’était plus le bon instrument à utiliser pour réaliser ces réformes. »

La ligne dure

Dans le livre Pourquoi la Perestroïka a échoué écrit par Jeter J. Boettke en 1993, l’auteur suggère que la restructuration de Gorbachev a échoué à apporter les améliorations économiques dont l’URSS avait besoin parce qu’elle n’avait jamais été conçue pour réduire l’influence de l’État, mais seulement pour changer ses applications.

« Gorbachev a en quelque sorte libéralisé les restrictions du gouvernement de différentes manières », a noté Boettke. « Mais une bonne partie de la perestroïka semble avant tout avoir été une volonté de redistribuer les nominations teintées de favoritisme. Cette pratique plutôt courante chez les nouveaux autocrates à travers l’histoire avait pour but de consolider les bases de son pouvoir. »

Gorbachev avait prévu d’adapter le communisme à l’ère moderne, pas de lancer une économie de marché.

« Le but était de rendre le système soviétique plus humain et plus efficace », selon Jeter J. Boettke.

N’ayant pas réussi à rompre radicalement avec cette idéologie nocive, Gorbachev a laissé ses tentatives se disperser dans différentes directions. D’un côté, les dirigeants occidentaux ainsi que la société ont applaudi le dirigeant soviétique pour sa tolérance de la liberté d’expression, des médias et de la dissidence politique. Le mur de Berlin, qui symbolisait la brutalité du règne communiste, n’existait plus ; la Guerre froide était terminée.

Mais dans le pays, les buts contradictoires des politiques de Gorbachev et les institutions à travers lesquelles il les a promulgués se sont avérés autodestructeurs : des troubles ethniques ont surgi dans différentes régions de l’Union soviétique et une bonne partie de son propre régime lui était opposée.

Dans un bâtiment de la Fédération russe, Boris Yeltsin (à gauche), le président russe lève un poing provocateur devant ses sympathisants le 19 août 1991 à Moscou. Il appelle à une grève générale et à une résistance contre le coup d’État organisé contre le président soviétique Gorbachev. (Dima Tanin/AFP/Getty Images)

En août 1991, le glas a sonné lorsqu’une faction du Parti communiste, avec l’aide de l’armée et des élites de la police secrète, a arrêté Gorbachev et essayé de ramener l’ancien ordre.

Finalement, le coup d’État du mois d’août a échoué par manque de volonté politique. Boris Yeltsin, président de la partie russe de l’URSS, a déclaré l’indépendance de sa nation –anéantissant les derniers espoirs que l’Union soviétique puisse survivre en tant que superpuissance réformée. Le 25 décembre 1991, l’URSS a été dissoute.

Les résultats des réformes de Gorbachev, tant les bonnes que les mauvaises, ont été observés avec une attention croissante, du cynisme et même des regrets. Alors que le totalitarisme omniprésent des Soviétiques est peut-être chose du passé, les dirigeants postcommunistes ne dédaignent pas l’utilisation de la terreur et de l’oppression politique pour faire taire leurs opposants. La Russie et nombre de ses voisins continuent à souffrir de la corruption fortement enracinée et de la décadence sociale qui ralentissent la croissance et empoisonnent les relations internationales.

Leçons pertinentes

La Chine est toujours sous le règne d’un régime communiste et connait une croissance économique rapide qui a commencé dans les années 1980 et 1990. Elle est un sujet de prédilection dans la comparaison à l’effondrement de l’Union soviétique.

Le régime chinois a toujours fait la promotion de la réforme de la société, de l’économie et des politiques comme moyens nécessaires pour que le pays reste compétitif. Comme la croissance économique de la Chine commence à se ralentir, un changement s’avère de plus en plus pressant. Une récente série documentaire, intitulée Mettre en œuvre des réformes jusqu’à la fin, a commencé à être diffusée à la télévision chinoise d’État. Elle fait l’apologie des politiques économiques des années 1980.

Si l’on met de côté la prospérité que connaissent de nombreuses régions de la Chine en comparaison au dysfonctionnement de l’économie de l’Union soviétique, le dirigeant chinois actuel Xi Jinping doit relever beaucoup de problèmes semblables à ceux rencontrés par Mikhail Gorbachev – les mêmes qui ont causé sa perte lorsqu’il était au pouvoir.

Depuis qu’il a été élu secrétaire général du Parti communiste chinois en 2012, Xi Jinping a dû faire face à l’influence des générations précédentes des élites du Parti. Il a mené une campagne anticorruption à long terme pour y remédier. Des centaines de cadres de haut rang, dont une bonne partie avait des liens avec la faction politique de l’ancien chef du Parti Jiang Zemin, ont fait l’objet d’une enquête et été démis de leurs fonctions dans le cadre de cette opération.

L’approche de Gorbachev, avec sa glasnost et sa perestroïka, semble différente de celle de Xi Jinping. Cependant, en choisissant de rester loyal au système communiste, Gorbachev a ouvert lui-même la porte aux attaques des élites mécontentes quand ses réformes ont menacé leurs intérêts personnels.

De la même manière, la campagne anticorruption de Xi Jinping a fait face à une vive opposition de la part de la bureaucratie chinoise, faisant écho aux propres impasses de Gorbachev face à la bureaucratie soviétique archaïque. L’un des phénomènes communs est le bu zuo wei, ce qui désigne en mandarin les fonctionnaires qui se relâchent ou opposent une résistance passive à la mise en œuvre des directives de la direction du Parti contrôlée par Xi Jinping.

En même temps, Xi Jinping s’est établi comme « leader central » du Parti communiste et a soutenu de nombreux aspects de l’idéologie marxiste officielle.

L’avenir nous dira si Xi Jinping se limite à une expérience communiste ou s’il utilise  le Parti-État comme un outil pour se positionner afin de diriger de manière véritablement différente. À la lumière de l’expérience soviétique, le chemin qu’il prend décidera du futur de son règne et de l’héritage qu’il laissera.

On estime que le communisme a tué au moins 100 millions de personnes, bien que ses crimes ne soient pas complètement recensés et que cette idéologie persiste toujours. Epoch Times s’attache à exposer l’histoire et les croyances de cette doctrine, qui ont servi de base à la tyrannie et à la destruction des peuples depuis son émergence. On peut trouver la série complète de ces articles dans la rubrique « Histoire cachée du communisme ».

Version originale : Gorbachev’s Reforms and a Failed Ideology

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