Rentrée scolaire 2015-2016: le contenu du nouvel enseignement moral et civique

1 septembre 2015 12:19 Mis à jour: 3 avril 2016 03:57

Parmi les nouveautés de la rentrée scolaire, les élèves du CP à la terminale vont pouvoir assister cette année à un nouveau programme d’éducation morale et civique (EMC). Voulu en réponse aux attentats contre Charlie Hebdo en janvier, cet enseignement civique est destiné selon le gouvernement à transmettre les valeurs de la République et à développer l’esprit critique des futurs citoyens de la nation.

Le contexte de l’EMC
Lors de sa conférence de presse de rentrée scolaire le 25 août, la ministre de l’Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem en a exposé les grandes lignes : « Le nouvel enseignement moral et civique a vocation à faire connaître les valeurs de la République et de la démocratie aux élèves, mais aussi et surtout à développer leur esprit critique ». Selon la ministre, la transmission du sens et de la portée du principe de la laïcité y est indispensable, ainsi qu’un « enseignement laïque du fait religieux ».

Les parents d’élèves devront signer à présent, en plus du règlement intérieur de l’établissement, une « charte de la laïcité », garantissant leur implication dans le respect des valeurs citoyennes et du vivre-ensemble dans les établissements scolaires. La ministre a annoncé également la formation de 300 000 personnes au sein de l’administration scolaire d’ici la fin de l’année 2015, ainsi que la mise en place de référents académiques pour répondre à et signaler, toute atteinte au principe de laïcité ou toute dérive liée à la radicalisation.

Ce parcours de citoyenneté se traduit aussi par une éducation aux médias et à l’information qui est renforcée.

– Najat Vallaud-Belkacem

À côté de l’EMC sera mise en place une « réserve citoyenne », un ensemble de 5 000 intervenants extérieurs venant exposer leur engagement dans la société à travers les valeurs républicaines. Un accent sera mis sur les commémorations patriotiques et une journée de la laïcité sera dorénavant organisée le 9 décembre (avec des débats et des ateliers pédagogiques pour les enfants).

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En quoi consiste le nouvel enseignement moral et civique ?
Dans les faits, il s’agira d’une heure d’enseignement par semaine dans les écoles primaires et d’une demie heure par semaine au collège et au lycée. Cela correspondra sur l’ensemble d’une scolarité à 300h d’enseignement moral et civique.

Selon Le Monde, l’accent sera mis sur la laïcité dès le premier cycle et jusqu’au CE2. En primaire et au collège, le programme sera articulé autour de quatre « cultures » ou « valeurs » morales et civiques : la sensibilité (comprendre ses émotions et celles des autres), le droit et la règle (le sens des règles du vivre ensemble), le jugement (le pluralisme des opinions) et enfin l’engagement (le principe de la communauté de citoyens).

« Ce parcours de citoyenneté se traduit aussi par une éducation aux médias et à l’information qui est renforcée. » a précisé Najat Vallaud-Belkacem. La création de médias dans les collèges et les lycées sera appuyée, car elle « représente un levier pour les élèves pour développer leur esprit critique et pour apprendre la liberté d’expression. »

Le nouvel enseignement moral et civique a vocation à faire connaître les valeurs de la République et de la démocratie aux élèves, mais aussi et surtout à développer leur esprit critique.

Les réactions du corps enseignant
L’EMC passé à marche forcée selon les syndicats d’enseignants aurait demandé selon eux une année supplémentaire pour permettre aux enseignants de prendre en main le nouveau programme (publié en juin au Journal officiel). Mais on peut comprendre que pour le ministère de l’Éducation et dans le contexte d’accélération actuel des conflits, l’éducation citoyenne aux valeurs de la République ne pouvait attendre 2016

Sur le contenu et la mise en place du nouvel enseignement, plusieurs réactions.

Citée par Le Monde, Valérie Sipahimalani, secrétaire générale adjointe du SNES-FSU estime que les « enseignants font déjà vivre, au jour le jour, la citoyenneté dans les établissements ». Elle dénonce le « manque de formation, de ressources pédagogiques et de temps de concertation des enseignants ».

Pour Anthony Lozac’h, professeur d’histoire-géographie en collège, et militant du syndicat SE-UNSA, « c’est justement cette place plus importante donnée à l’apprentissage du débat citoyen et de l’esprit critique des jeunes qui est intéressante ».

Pour Philippe Tournier, principal en collège et porte-parole du syndicat SNPDEN-UNSA, « c’est encore une chance qu’après ce qui s’est passé en janvier, on n’ait pas tout oublié. Mais l’État reste ambigu sur la laïcité : il agite les grands principes tout en nous enjoignant, sur le terrain, de faire preuve de “discernement” face aux difficultés. »

L’interprétation positive de la laïcité la considère en effet comme la « liberté de penser et de croire »

, porteuse de sens et structurante pour la société. Son interprétation « négative » consisterait à nier l’existence de la croyance en une religion ou en une raison supérieure (croyance qui concerne 75% de la population française) comme partie intégrante des hommes et de la société.

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