Main-d’œuvre, pesticides, simplification: Gabriel Attal donne des gages aux agriculteurs avant le Salon

Par Epoch Times avec AFP
21 février 2024 10:15 Mis à jour: 21 février 2024 11:44

Un mois après le début d’un mouvement d’exaspération des paysans, Gabriel Attal a placé mercredi l’agriculture « au rang des intérêts fondamentaux » du pays, récapitulant les engagements déjà pris par le gouvernement pour les soutenir et annonçant quelques nouvelles mesures sur les visas ou les pesticides, par exemple.

Le Premier ministre, qui accède ainsi à de nombreuses demandes des syndicats agricoles majoritaires, espère apaiser leur colère avant la visite samedi du président Emmanuel Macron au  Salon de l’agriculture qui s’annonce électrique.

L’agriculture, a dit Gabriel Attal lors d’une conférence de presse, fait partie « des intérêts fondamentaux » de la nation au même titre que sa sécurité ou sa défense. « L’objectif de souveraineté agricole et alimentaire » sera inscrit « noir sur blanc » dans le futur projet de loi d’orientation agricole, a-t-il promis.

Le projet de loi d’orientation sera « présenté en fin de semaine, délibéré au printemps pour qu’on ait une commission mixte paritaire à l’horizon du mois de juin », a précisé le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau. « On a besoin d’avoir des procédures qui soient raccourcies et donc la présomption d’urgence sera bien inscrite dans le texte de loi », a-t-il ajouté, en référence au raccourcissement des délais de construction de retenues d’eau.

Le Premier ministre a rappelé que l’État avait déjà pris « 62 engagements » vis-à-vis des agriculteurs depuis le début de la crise : des mesures ont déjà été prises « pour la moitié d’entre eux », allant de mesures de simplification administrative à des plans d’aide sectoriels, a-t-il dit.

Loi Egalim, aides de la PAC

Le gouvernement veut présenter d’ici l’été un nouveau texte de loi pour « renforcer le dispositif Egalim » devant permettre une meilleure rémunération des agriculteurs dans le cadre des négociations entre distributeurs et fournisseurs agro-industriels, a annoncé Gabriel Attal mercredi.

Le Premier ministre a indiqué qu’une mission parlementaire a été confiée aux députés Alexis Izard (Renaissance) et Anne-Laure Babault (MoDem) et que le texte de loi sera présenté sur la base de leurs conclusions. Le terme Egalim fait référence aux États généraux de l’alimentation, lancés en 2017 par Emmanuel Macron pour trouver une meilleure répartition des revenus entre acteurs de la chaîne alimentaire française.

Le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé que « 99,61% des aides de base de la PAC » ont déjà été versées aux agriculteurs, avec l’objectif de 100% au 15 mars. « En 2015, à cette même époque, 0% des versements avaient eu lieu et le versement avait été fait avec un an de retard », a expliqué le chef du gouvernement lors d’une conférence de presse à Matignon sur la crise agricole.

Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a annoncé que des contrôles sur l’origine française des produits vendus aux consommateurs avaient déjà eu lieu dans 1000 établissements, 372 d’entre eux étant en non-conformité.

Plusieurs millions d’euros d’aide ont par ailleurs été versés dans le cadre de différents plans d’aide nationaux, notamment pour les éleveurs dont les bovins sont victimes de la maladie MHE ou les exploitations sinistrées par les tempêtes et inondations. Concernant la suppression de la taxe sur le gazole non routier (GNR), Gabriel Attal a par exemple affirmé que « 13.000 demandes ont déjà été réalisées, 1200 ont déjà été payées ».

Volonté affirmée : main-d’œuvre, réductions des pesticides

Le texte comprendra aussi plusieurs mesures de simplification, une revendication forte des manifestants, sur les haies, par exemple. Pour simplifier la vie des exploitants, le Premier ministre s’est aussi engagé à « faciliter » l’attribution de visas pour que les saisonniers étrangers viennent travailler dans les fermes françaises, en déclarant la production agricole comme « secteur en tension ».

Le Premier ministre a aussi annoncé lors d’une conférence de presse sur la crise agricole que l’exonération de cotisations patronales sur « la quasi-totalité des emplois saisonniers agricoles » – le dispositif TO-DE – serait pérennisée et renforcée « dès l’année 2024 ».

Le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé que la France allait abandonner l’indicateur qu’elle utilise actuellement pour mesurer la réduction de l’usage des pesticides, le Nodu, défendu par les ONG environnementales mais contesté par le syndicat agricole majoritaire FNSEA et l’industrie des pesticides.

« Je vous annonce que l’indicateur de référence pour suivre notre objectif de réduction des produits phytosanitaires ne sera plus le Nodu franco-français mais bien l’indicateur européen. C’est conforme à notre volonté d’éviter toute surtransposition. C’était la demande des agriculteurs », a déclaré Gabriel Attal, tout en affirmant ne pas vouloir « renoncer à (l’)ambition de réduire de 50% l’usage des pesticides d’ici 2030 ».

Le Premier ministre a aussi annoncé lors d’une conférence de presse sur la crise agricole que l’exonération de cotisations patronales sur « la quasi-totalité des emplois saisonniers agricoles » – le dispositif TO-DE – serait pérennisée et renforcée « dès l’année 2024 ».

Les agriculteurs maintiennent la pression

Les agriculteurs maintiennent en tout cas la pression. Comme un rappel du début du mouvement, quelque 70 km de l’autoroute A62 sont fermés à la circulation entre Agen et Montauban en raison d’un blocage par une poignée de manifestants qui ont répandu du lisier sur 200 mètres.

Des agriculteurs continuent à mener des actions coup de poing dans les supermarchés, comme à Blagnac, en banlieue de Toulouse, où la section locale de la FNSEA devait mener à partir de 9h00 une action d’étiquetage des « produits qui ne correspondent pas aux normes qui sont imposées en France » dans un Leclerc.

Le géant du lait Lactalis a aussi été ciblé : des agriculteurs ont bloqué mardi soir près de Vesoul un des ses camions citerne pour se plaindre des prix selon eux trop bas versés aux éleveurs et d’autres ont déversé des pneus mercredi matin devant un de ses sites, à Andrézieux-Bouthéon (Loire).

Avec les Jeunes agriculteurs (JA), la FNSEA n’a pas relâché la pression sur l’exécutif depuis qu’elle a appelé à lever les blocages après la troisième salve d’annonces début février. Pour peser jusqu’au bout, les deux syndicats ont prévu à Paris vendredi soir un « cortège » d’agriculteurs emmenés par quelques tracteurs et se terminant devant les portes du Salon, où plusieurs d’entre eux pourraient camper jusqu’à la venue du président le lendemain.

La Coordination rurale, deuxième syndicat du secteur, a prévu aussi une manifestation vendredi à Paris. Comme s’il donnait le coup d’envoi de la campagne des européennes, Gabriel Attal placera ses mesures agricoles sur un plan politique, considérant que le Rassemblement national, donné favori aux élections européennes de juin, est le « vautour de la colère agricole » sans « bilan, ni cohérence ».

« Le RN a voté contre la PAC (politique agricole commune) en 2019, pour en 2021, et maintenant est de nouveau contre », accuse dans Le Figaro Gabriel Attal. Il se dit « prêt » à débattre avec Marine Le Pen sur l’agriculture mais refuse que le Salon, convoité par tous les responsables politiques, devienne « l’otage de joutes » électorales.

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