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Robert Badinter entrera au Panthéon jeudi, symbole d’un combat universel pour la justice

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L'ancien ministre de la Justice Robert Badinter en 2018.

Photo: JOEL SAGET/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

Robert Badinter, artisan de l’abolition de la peine de mort, entrera jeudi au Panthéon, vingt mois après son décès, lors d’une cérémonie solennelle voulue par Emmanuel Macron. Le président a inscrit cet hommage dans le cadre de sa vision d’un « universalisme républicain » guidant l’accès au temple national.

Avec l’ancien avocat et garde des Sceaux, c’est une « figure morale » et un « énorme personnage » qui rejoint la nécropole inaugurée au début de la Révolution, souligne l’historien Denis Peschanski.

Veillée au Conseil constitutionnel

Les hommages débuteront mercredi soir par une veillée funèbre au Conseil constitutionnel, ouverte au public. Les visiteurs pourront se recueillir devant le cercueil portant le nom de celui qui présida la juridiction de 1986 à 1995.

Le lendemain, à 17h, le cercueil sera acheminé vers le Panthéon. La cérémonie, prévue à partir de 19h, durera environ une heure dans une atmosphère « sobre » et « solennelle ».

Une cérémonie républicaine traditionnelle

Devant un public que l’Élysée espère nombreux, le cortège remontera la rue Soufflot. Sous la nef du Panthéon, Emmanuel Macron accueillera le cercueil et prononcera un discours « court et percutant ». Robert Badinter sera ensuite inhumé dans le caveau des « révolutionnaires de 1789 », aux côtés de Condorcet, de l’abbé Grégoire et de Gaspard Monge.

Ce moment rappellera son combat pour la justice et l’État de droit, notamment l’abolition de la peine de mort, qualifiée par un conseiller présidentiel de « saut civilisationnel majeur » dans l’histoire judiciaire de la France.

Musique, textes et témoignages

Julien Clerc interprétera sa chanson L’assassin assassiné, écrite en 1980 pour soutenir l’abolition. Des extraits de plaidoiries de l’avocat, sauvant jadis des condamnés de la guillotine, et des discours prononcés comme ministre de la Justice, seront lus. On y retrouvera notamment ses mots à la tribune de l’Assemblée nationale, le 17 septembre 1981, lorsqu’il obtint l’abolition en application de l’engagement de François Mitterrand.

Le comédien Guillaume Gallienne lira un texte de Victor Hugo, précurseur du combat abolitionniste. Tous ces choix ont été effectués avec la participation active d’Élisabeth Badinter, veuve du défunt, qui a encore rencontré lundi le chef de l’État lors d’une visite discrète au Panthéon.

La cinquième panthéonisation sous Macron

C’est la cinquième personnalité à entrer au Panthéon depuis 2017 sous l’impulsion d’Emmanuel Macron, après Simone Veil, Maurice Genevoix, Joséphine Baker et Missak Manouchian. L’historien et résistant Marc Bloch doit y faire son entrée en juin prochain.

Pour un conseiller présidentiel, ces choix répondent à la volonté de « construire une mémoire républicaine fédératrice », pierre angulaire de « l’imaginaire français ». Denis Peschanski y voit l’expression d’une France des Lumières : celle de Robert Badinter dans son combat abolitionniste, de sa défense des victimes et de son engagement pour les droits, mais aussi celle incarnée par Joséphine Baker, Simone Veil, Missak Manouchian et tant de résistants étrangers attachés aux idéaux de la patrie des droits de l’homme.

Avec AFP