Immigration
Royaume-Uni : des mesures « historiques » pour limiter les arrivées de migrants
Face à la pression du parti de Nigel Farage, le gouvernement travailliste britannique a dévoilé samedi soir un plan qualifié d'"historique" pour freiner l'immigration. La ministre de l'Intérieur Shabana Mahmood a annoncé une refonte complète du système d'accueil des demandeurs d'asile.

La ministre de l'Intérieur Shabana Mahmood, le 15 octobre 2025, à Londres, en Angleterre.
Photo: Peter Nicholls/Getty Images
« Ce pays a une fière tradition d’accueil des personnes fuyant le danger, mais notre générosité attire les migrants illégaux à travers la Manche », a justifié la ministre, qui présentera son plan détaillé au Parlement ce lundi.
Protection écourtée : retour forcé dès que possible
Première mesure choc : les réfugiés devront désormais rentrer dans leur pays d’origine « dès qu’il sera jugé sûr », sans pouvoir bénéficier d’une installation durable automatique.
Le ministère de l’Intérieur a dénoncé un système trop avantageux qui inciterait les migrants à traverser toute l’Europe pour atteindre le Royaume-Uni. Actuellement, les réfugiés peuvent demander la résidence permanente gratuitement après cinq ans, « sans avoir contribué » au pays.
Le nouveau dispositif réduit drastiquement la durée initiale de séjour : de cinq ans à seulement 30 mois. Plus radical encore, le délai pour obtenir le statut de résident permanent passe de 5 à 20 ans – soit quatre fois plus long.
Pour accélérer ce processus, les réfugiés devront impérativement travailler ou étudier.
Fin des aides sociales automatiques : travailler ou partir
Deuxième pilier de la réforme : la suppression de l’accès automatique aux aides sociales pour les demandeurs d’asile. Fini le logement et les allocations financières systématiques.
Le gouvernement vise particulièrement « ceux qui ont le droit de travailler et qui peuvent subvenir à leurs besoins, mais choisissent de ne pas le faire, ou pour ceux qui enfreignent la loi ».
Une pression politique croissante
Arrivé au pouvoir en juillet 2024, Keir Starmer subit une pression quotidienne sur la question migratoire. Son gouvernement travailliste est désormais largement devancé dans les sondages par Reform, le parti anti-immigration de Nigel Farage.
La tension est palpable dans le pays : cet été, des manifestations ont visé des hôtels hébergeant des demandeurs d’asile. En septembre, l’extrême droite a même mobilisé jusqu’à 150.000 personnes à Londres selon la police.
Des chiffres qui explosent
Les statistiques sont alarmantes pour le gouvernement. Depuis le 1er janvier, 39.292 personnes ont traversé la Manche dans des embarcations de fortune – dépassant déjà le total de 2024 (36.816).
Les demandes d’asile ont bondi de 18% en 2024 au Royaume-Uni, alors qu’elles reculaient de 13% dans l’Union européenne. Plus de 400.000 demandes ont été enregistrées depuis 2021, contre seulement 150.000 entre 2011 et 2015.
Le modèle danois comme inspiration
Londres s’inspire directement du Danemark pour cette réforme draconienne. Ce pays scandinave de 6 millions d’habitants, dirigé par les sociaux-démocrates depuis 2019, applique une des politiques d’asile les plus strictes d’Europe.
Les réfugiés danois reçoivent un permis temporaire de deux ans renouvelable, avec un retour encouragé dès que les autorités jugent la protection inutile. Le regroupement familial y est également soumis à des exigences rigoureuses, incluant des tests de langue.
Un virage à droite qui divise les travaillistes
Cette restriction de la protection des réfugiés était jusqu’ici une revendication phare de Nigel Farage, qui promettait d’imposer un visa quinquennal même aux migrants déjà régularisés.
Mais l’aile gauche du parti travailliste s’oppose fermement à ces mesures, avertissant que cette orientation coûtera de nombreux électeurs au parti, déjà au plus bas dans les sondages.
Avec AFP

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