Logo Epoch Times

Saint-Denis, Nantes, Malakoff… Plus de 50 communes de gauche arborent le drapeau palestinien

top-article-image

Le drapeau palestinien est déployé à côté du drapeau français sur la mairie de Tarnos, dans le sud-ouest de la France, le 22 septembre 2025.

Photo: GAIZKA IROZ/AFP via Getty Images

author-image
Partager un article

Durée de lecture: 5 Min.

À l’occasion de la reconnaissance officielle de l’État de Palestine par Emmanuel Macron lundi, plus d’une cinquantaine de mairies dirigées par la gauche ont hissé le drapeau palestinien sur leur fronton, en dépit des consignes du ministère de l’Intérieur.

Le ministère avait rappelé aux préfets l’interdiction de ce type de pavoisement au nom de la neutralité du service public, de la non-ingérence dans la politique internationale et du risque de « troubles graves » à l’ordre public. À la mi-journée, il recensait 52 communes ayant maintenu l’initiative.

Des maires assumant un geste politique et symbolique

À Saint-Denis, le maire socialiste Mathieu Hanotin a déployé le drapeau palestinien à 9h40 aux côtés des drapeaux français et européen. « Nous souhaitons marquer le coup de cette journée historique (…). Depuis des années je me bats pour l’émergence d’une solution à deux États comme seule solution durable pour espérer une paix au Proche-Orient », a-t-il déclaré, y voyant aussi « un témoignage de solidarité internationale vis-à-vis des massacres en cours ».

Présent à ses côtés, Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste et initiateur de l’appel à pavoiser, a regretté que le ministre de l’Intérieur « cherche à condamner des maires qui font leur devoir de solidarité ». Selon lui, « ce drapeau-là n’est pas le drapeau du Hamas, il est le drapeau de femmes et d’hommes qui ont le droit, eux aussi, à la liberté et à l’autodétermination ».

De Rennes à Carhaix, une mobilisation nationale

D’autres grandes villes, comme Rennes et Nantes, ont suivi le mouvement. « Loin des instrumentalisations, loin des propos outranciers, notre responsabilité est de refuser le silence et de faire tout ce qui est en notre pouvoir, ici et maintenant, pour que cesse l’horreur », a affirmé la maire de Rennes, Nathalie Appéré.

À Malakoff, la maire communiste avait déjà hissé le drapeau dès vendredi. Resté en place malgré une décision du tribunal administratif de Cergy-Pontoise, il a fait l’objet lundi d’un nouvel ordre de retrait, sous peine d’une astreinte de 150 euros par jour. À Tarnos (Landes), le maire PCF Marc Mabillet a lui aussi maintenu le pavoisement malgré un appel du préfet : « C’est plus humain que politique », a-t-il ironisé.

Certaines communes, comme Saint-Ouen, ont choisi de hisser simultanément les drapeaux palestinien et israélien. Paris avait déjà projeté dimanche soir ces deux emblèmes sur la tour Eiffel, accompagnés du drapeau de la paix. De plus petites villes, comme Chenôves et Quétigny près de Dijon, ou encore Carhaix dans le Finistère, ont également participé au mouvement. Le maire Christian Troadec (DVG) y a expliqué à l’AFP que ce geste répondait aux propos du ministre de l’Intérieur : « D’abord, il y a aussi le drapeau européen, le drapeau breton, il n’y aura certainement pas que le drapeau français sur la mairie de Carhaix ! »

À Corbeil-Essonnes, jumelée avec Jérusalem-Est, le maire Bruno Piriou (DVG) a prévu la distribution de 1000 drapeaux palestiniens.

Une polémique récurrente autour du pavoisement

Ce n’est pas la première fois que l’affichage de drapeaux sur les mairies suscite la controverse. À la mort du pape François, certains élus avaient refusé de mettre en berne le drapeau français, jugeant la demande du gouvernement contraire à la laïcité.

Pour Jean-Paul Markus, professeur de droit public à l’Université Paris-Saclay, « il n’y a pas aujourd’hui de mot d’ordre du gouvernement pour pavoiser ». Selon lui, la justice a validé par le passé le déploiement de drapeaux « lorsqu’il existait un mouvement national de solidarité », comme ce fut le cas pour Israël après l’attaque du 7 octobre ou pour l’Ukraine.

Son confrère Serge Slama, professeur à l’Université de Grenoble-Alpes, estime néanmoins que « il n’est pas prohibé d’ériger des drapeaux en soi ». À ses yeux, hisser le drapeau palestinien « parce que le chef de l’État reconnaît la Palestine comme État ne me semble pas manquer au devoir de neutralité parce que c’est la position officielle de la France ce jour-là ».

Avec AFP