Salah Abdeslam
Salah Abdeslam : autorisé à utiliser un ordinateur en prison, il accède à de la propagande djihadiste
Condamné à la perpétuité incompressible pour les attentats du 13 novembre 2015, Salah Abdeslam a été placé en garde à vue le 4 novembre dernier pour détention illicite d'objets en prison. Des traces de connexion à une clé USB contenant de la propagande djihadiste ont été découvertes sur son ordinateur personnel. Cette affaire soulève de graves questions sur la sécurité pénitentiaire et l'encadrement de l'accès aux outils informatiques en détention.

Salah Abdeslam.
Photo: JOHN THYS/POOL/AFP via Getty Images
L’affaire débute en janvier 2025, lors d’un contrôle habituel dans la cellule de Salah Abdeslam au centre pénitentiaire de Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais. Les agents pénitentiaires examinent alors l’ordinateur personnel du détenu, qu’il utilise légalement pour suivre des cours par correspondance. L’appareil, acheté par ses soins, n’est pas connecté à Internet.
Des traces de connexions à un support externe
Pourtant, selon BFMTV, les techniciens découvrent des traces de connexions à un support externe, probablement une clé USB. Plus inquiétant encore : les fichiers détectés contiennent des éléments de propagande djihadiste, dont une vidéo du canal « 19HH », animée par le prédicateur radical Omar Omsen, important recruteur des djihadistes français, d’après RTL. Malgré plusieurs perquisitions, aucun support n’a été retrouvé dans la cellule. Le matériel a été confisqué et remis aux enquêteurs de la Sous-direction antiterroriste (Sdat) et de la DGSI.
Une enquête préliminaire a été ouverte le 17 janvier 2025 par le Parquet national antiterroriste (Pnat) pour « recel d’objet illicite à détenu ». Mardi 4 novembre, Salah Abdeslam a été entendu pendant une douzaine d’heures au sein même de la prison avant d’être remis en cellule.
Une demande d’ordinateur acceptée par le chef d’établissement
L’administration pénitentiaire avait autorisé l’accès à un ordinateur à Salah Abdeslam en novembre 2024. Selon une circulaire datée du 13 octobre 2009, un détenu peut demander à utiliser un ordinateur en prison pour travailler ou s’instruire, sous réserve de l’appréciation du chef d’établissement, explique BFMTV. Cependant, le cadre est strictement encadré : le détenu n’a pas accès à Internet depuis sa cellule et son ordinateur doit régulièrement faire l’objet de contrôles.
La réglementation est formelle : tout matériel permettant d’enregistrer ou d’exporter des informations vers l’extérieur, comme une clé USB, est formellement interdit. « En aucun cas, les détenus ne sont autorisés à conserver des documents, autres que ceux liés à des activités socioculturelles ou d’enseignement ou de formation ou professionnelles, sur un support informatique », précise la circulaire. Normalement, il est impossible de pouvoir connecter une clé ou un lecteur externe.
Des failles inexpliquées dans un dispositif de haute sécurité
La question centrale posée par la Sdat et la DGSI concerne la sécurité du système : comment de tels documents ont-ils pu atterrir dans le système informatique d’un prisonnier classé « détenu particulièrement signalé » (DPS) ? Salah Abdeslam change régulièrement de cellule pour des questions de sécurité, et ses affaires sont très souvent contrôlées, rappelle RTL.
Le détenu est placé à l’isolement depuis le début de sa détention, selon le ministère de la Justice. « Il n’a donc aucun contact avec d’autres détenus. Il est seul en cellule et seul en promenade », précise le ministère. Il bénéficie néanmoins de « deux parloirs par semaine conformément à la loi. Ces parloirs font l’objet de mesures de contrôle et de sécurité spécifiques afin d’éviter l’introduction d’objets illicites ou dangereux ».
« Nous avons raison de changer le modèle carcéral »
En marge d’un déplacement à Lyon, Gérald Darmanin a expliqué avoir ordonné « des fouilles systématiques pour les détenus les plus dangereux » à son arrivée au ministère de la Justice, fin décembre 2024, précise l’AFP. Selon lui, c’est dans ce cadre que la clé USB a été découverte.
« Ça veut donc dire qu’il y a eu des dysfonctionnements incontestables, ça veut donc dire que nous avons eu raison de faire ces fouilles, ça veut aussi dire que nous avons raison de changer le modèle carcéral », en créant des quartiers de haute sécurité notamment à Vendin-Le-Vieil, a-t-il ajouté.
Sa compagne Maëva soupçonnée
En parallèle de la garde à vue de Salah Abdeslam, une seconde personne a été placée en garde à vue : Maëva B., 27 ans, présentée comme la compagne du terroriste. Elle est soupçonnée d’avoir transmis plusieurs supports, dont la fameuse clé USB. Originaire de Moissac dans le Tarn-et-Garonne, elle a entamé une correspondance avec Salah Abdeslam dès 2018. Les deux se seraient mariés religieusement par téléphone.L’hypothèse privilégiée par les enquêteurs serait celle d’une transmission lors d’un parloir, ou d’un passage par un tiers ayant manipulé l’appareil avant son entrée en cellule. Toutefois, aucune preuve n’étaye pour l’instant ces scénarios. Les autorités doivent maintenant déterminer si cette faille résulte d’une complicité externe, d’un simple manquement administratif ou d’une manipulation de l’ordinateur avant sa remise au détenu. Cette affaire intervient à quelques jours du dixième anniversaire des attentats du 13 novembre 2015, qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés à Paris et Saint-Denis.
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