Salon du Bourget : « Nous avons le sentiment qu’Israël est mis sur le banc des accusés », estime la députée Caroline Yadan

Par Julian Herrero
23 juin 2025 13:05 Mis à jour: 23 juin 2025 17:07

ENTRETIEN – Le gouvernement français a ordonné le 16 juin la fermeture de cinq stands d’entreprises israéliennes au Salon du Bourget. Les entreprises Israel Aerospace Industries (IAI), Rafael, Uvision, Elbit et Aeronautics sont concernées par cette fermeture. Après avoir inauguré le Salon, François Bayrou a justifié la décision du gouvernement : « La France considère qu’il y a là une situation terrible pour les Gazaouis, une situation humainement et du point de vue humanitaire, du point de vue sécuritaire, extrêmement lourde. La France a tenu à manifester que les armements offensifs ne devaient pas être présents », a-t-il déclaré.

Caroline Yadan est députée EPR de la 8e circonscription des Français établis hors de France. Si elle estime que cette décision des autorités françaises est discriminatoire à l’encontre d’Israël, la parlementaire considère également que la France a commis une erreur stratégique majeure.

Epoch Times : Comment réagissez-vous aux propos du Premier ministre justifiant la fermeture des stands israéliens ?

Caroline Yadan : Je considère qu’il y a un problème à la fois sur la forme et sur le fond.

Tout d’abord, les sociétés israéliennes présentes au Salon n’avaient pas été informées de la décision du gouvernement français. Ce n’est que lundi, à 6 h 30 du matin, qu’elles ont reçu un mail leur indiquant la fermeture des stands.

Lorsqu’ils sont arrivés sur place, les représentants de ces entreprises ont vu un rideau noir tiré sur l’ensemble de leurs stands. Imaginez le symbole alors qu’Israël enterre ses morts depuis les attaques du 7 octobre et est désormais en guerre contre le régime des mollahs.

Puis, sur le fond, nous avons le sentiment qu’Israël est mis sur le banc des accusés. La situation à Gaza est bien sûr tragique, mais c’est bien le Hamas qui est responsable de cette guerre. Ce conflit pourrait d’ailleurs s’arrêter avec la libération de tous les otages.

Je pense que la France devrait faire davantage pression sur l’organisation terroriste islamiste qui utilise les Gazaouis comme boucliers humains et exiger la libération des derniers otages.

Par ailleurs, avec cette décision, le gouvernement français est dans le deux poids deux mesures : il ferme des stands d’entreprises israéliennes tout en laissant des sociétés issues de dictatures ou de régimes autoritaires, comme la Chine ou la Turquie, présenter leurs produits aéronautiques. L’État d’Israël est totalement discriminé. Ce n’est pas acceptable.

Ce geste brutal est également une erreur stratégique majeure. Elle prive la France de l’expertise de sociétés les plus avancées au monde dans le domaine de la défense.

Si la France était attaquée aujourd’hui par l’Iran, elle n’aurait pas les moyens de se défendre. Croyez-moi, il serait bien utile à la France d’avoir des armes défensives de pointe comme le Dôme de fer ou le système Arrow.

Diriez-vous, comme certains observateurs et experts, que la France envoie, notamment avec cette décision, un message contradictoire à Israël ? Alors que l’État hébreu mène une guerre contre le régime des mollahs, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, déclarait le 15 juin sur RTL que la France est « prête à contribuer à la protection d’Israël ».

En octobre 2024, lorsqu’Israël menait des frappes en Iran, la France était aux côtés de l’État hébreu.

Maintenant, il y a cette décision concernant le Salon du Bourget qui est dans la continuité de l’exclusion des entreprises israéliennes des Salons Eurosatory et Euronaval, l’an dernier.

La position de la France semble donc en effet contradictoire.

Cette décision risque-t-elle, selon vous, d’avoir un impact à long terme sur les relations entre la France et Israël ?

J’espère que les relations entre nos deux pays vont à nouveau se normaliser et qu’Emmanuel Macron et Benyamin Netanyahou vont aller au-delà de leur mésentente.

Pour ma part, je considère que la France peut parfaitement critiquer la politique du Premier ministre, mais il faut prendre Israël dans son ensemble et se rappeler qu’il a le droit de se défendre, surtout aujourd’hui contre la République islamique d’Iran qui a juré sa destruction.

La France et Israël ont le même ennemi : l’islamisme. Nos deux nations doivent donc avancer ensemble.

Comment aujourd’hui la société israélienne perçoit-elle cette guerre contre le régime iranien ?

Sur la question de Gaza, la société israélienne est fracturée, mais concernant la guerre contre l’Iran, elle est unie derrière le gouvernement. Elle sait que les frappes menées contre la République islamique sont nécessaires.

En avril, le directeur de l’AIEA, Rafael Grossi, indiquait que l’Iran avait multiplié par quarante ses capacités nucléaires. Il y avait donc urgence à agir. L’hésitation est un luxe qu’Israël ne peut pas se permettre.

L’effondrement de la République islamique est-il aujourd’hui un scénario possible ?

J’espère que cette guerre va être l’occasion de provoquer la chute de ce régime islamiste que nous attendons depuis son avènement en 1979. La fin de la République islamique permettrait à la fois de libérer le peuple iranien et de rétablir la paix au Moyen-Orient.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.