Scénario intrusion: un mois après Arras, des proviseurs et principaux apprennent à réagir

Par Epoch Times avec AFP
23 novembre 2023 14:55 Mis à jour: 23 novembre 2023 15:06

« Attention, il est armé ! » : un mois après l’attentat dans un lycée d’Arras, des cadres de l’Éducation nationale apprennent à réagir face à des situations violentes de « haute intensité » lors d’un stage encadré par des gendarmes dans la Somme.

Une stagiaire joue une enseignante arrivant dans sa classe, un autre un élève qui profère des insultes, et la situation bascule soudain quand une élève surgit du fond de la salle avec un couteau, et qu’un autre se retrouve au sol, grièvement blessé.

Ce scénario est l’une des mises en situation jouées durant trois jours de formation organisés dans un centre sportif à Montdidier (Somme) pour une quarantaine de proviseurs, inspecteurs, principaux et adjoints de l’académie d’Amiens, la plupart en début de carrière.

Les « bons réflexes »

« On va parler de couteaux, aujourd’hui c’est une réalité », explique Bruno Leneutre, conseiller sécurité au rectorat, laissant la parole à trois gendarmes en tenue qui rappellent la dangerosité de ces attaques pouvant provoquer la mort « en 12 secondes ». « Il est utopique de croire qu’on peut aller à mains nues sur une personne avec une arme blanche », explique le lieutenant Paul Cogez, montrant aux stagiaires comment passer rapidement à une attitude « de survie », « de combattant ». « Mettre de la distance pour ne pas se faire toucher par l’arme », « maîtriser son stress », « ne pas se prostrer », « bouger » : durant 45 minutes les gendarmes enseignent les « bons réflexes ».

Face à un agresseur très mobile, un professeur joué par un gendarme montre comment s’échapper, en se servant d’une table faisant obstacle. Attaque au couteau, tentative de suicide d’un élève, irruption d’un parent avec une arme à feu : après une matinée plus théorique, les cas pratiques s’enchaînent toute l’après-midi.

Des chaises voltigent dans un grand vacarme : les stagiaires apprennent à se défendre avec le mobilier d’une salle de classe, tables, chaises ou porte-manteau, pour retarder l’agresseur, le déséquilibrer et fuir. « Évidemment que l’attentat d’Arras a résonné dans nos têtes », reconnaît Cathy Bocquillon, principale adjointe dans un collège de la Somme, qui vient de jouer une professeure confrontée à une élève menaçant de s’immoler. Elle se réjouit d’avoir acquis « des automatismes » et qu’un débriefing permette de « comprendre nos erreurs ».

Dans son cas pratique, elle a envoyé une élève chercher de l’aide, fait évacuer sa classe en attendant l’arrivée de la CPE et d’un éducateur venus désamorcer la situation… mais n’a pas vu qu’une élève filmait au portable pour publier une vidéo sur les réseaux sociaux. « On essaie de nous transmettre quelques réflexes d’avoir les bons mots », retient Cyril Picq, principal dans un collège de l’Oise.

« Le socle d’une bonne culture de la sécurité »

Depuis 2015, les établissements doivent obligatoirement avoir un PPMS (Plan particulier de mise en sécurité de l’établissement) détaillant la conduite à tenir face aux risques et menaces, et des exercices ont lieu tous les ans.

« Il y a beaucoup de choses à gérer mais si on arrive à déclencher le PPMS, à évacuer les élèves, et à alerter les forces de l’ordre, c’est déjà bien », explique Philippe Geisen, formateur et principal dans un collège de l’Oise. « On essaie de donner quelques clés. Il y a de la théorie, mais beaucoup de sens pratique. Le but c’est qu’ils aient le socle d’une bonne culture de la sécurité », abonde M. Leneutre.

Si ces formations ne sont pas nouvelles – dans l’académie d’Amiens elles ont été mises en place en 2017-2018, leur utilité est mise en lumière par l’attaque menée le 13 octobre au collège-lycée Carnot d’Arras (Pas-de-Calais) par un ancien élève radicalisé, Mohamed Mogouchkov. Il a tué un enseignant devant l’établissement avant d’y entrer et de blesser d’autres personnes au couteau, puis d’être très rapidement arrêté.

Après cette attaque, le ministre Gabriel Attal avait évoqué la nécessité « d’aller plus loin » en matière de sécurité dans les établissements scolaires. La Première ministre Élisabeth Borne s’est aussi déclarée début novembre favorable à l’installation de boutons d’appel pour « prévenir immédiatement le commissariat ».

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