Seine-Saint-Denis : un homme accusé de proxénétisme aggravé est relaxé, faute de preuves

Par Emmanuelle Bourdy
7 septembre 2021 18:34 Mis à jour: 7 septembre 2021 18:34

Ce mardi 24 août 2021, un homme jugé pour proxénétisme par le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) a été relaxé, les éléments récoltés par les policiers de la brigade de répression du proxénétisme (BRP) de Paris étant insuffisants. Le prévenu a été relaxé par la cour.

Le soir du 20 au 21 août 2021, à Saint-Denis, une jeune femme de 20 ans a contacté une inconnue sur les réseaux sociaux pour que cette dernière appelle le 17 et informe qu’un proxénète la contraignait à faire des passes, rapporte Actu.fr. L’homme soupçonné de proxénétisme est accusé d’avoir récupéré l’argent que percevait la jeune femme qu’il forçait à se prostituer. Il a été innocenté par le tribunal correctionnel de Bobigny, ce mardi 24 août.

Fatima, une jeune chômeuse de 20 ans qui vit à Paris et se prostitue sans mac, a été invitée par Hamidou, un homme qu’elle a rencontré via les réseaux sociaux. Une source proche du dossier explique à Actu17 que « ce délinquant l’a convaincue de le rejoindre chez lui. Mais comme il [portait] un bracelet électronique, il [a envoyé] le 20 août un complice pour venir la chercher en voiture ».

« Elle a accepté par peur des chiens et des autres hommes présents »

Fatima a décrit avoir constaté en arrivant chez Hamidou que la demeure de ce dernier était un « taudis » dans lequel se trouvait sept à huit hommes et plusieurs pitbulls, précise Actu.fr. La juge souligne qu’après un rapport consenti entre Fatima et Hamidou, ce dernier a passé une annonce pendant la nuit afin que Fatima se prostitue. « Elle [a accepté] par peur des chiens et des autres hommes présents. Plusieurs clients [sont passés] dans la journée selon elle, on est sûr d’au moins un », ajoute le juge.

Le prévenu a avancé quant à lui qu’il ne savait pas que Fatima se prostituait. « Après qu’on a couché ensemble,  je lui ai prêté mon téléphone car elle disait qu’elle n’avait pas internet et j’ai dormi dans une autre chambre. Le lendemain, j’ai quitté l’appartement à 11 heures et je suis revenu à 14 heures. Elle était toujours chez moi et avait posté une annonce avec mon téléphone. Mais je lui ai dit que ce n’était pas possible de faire ça, c’est pas mon appartement. »

Il ne l’aurait « jamais empêchée de partir »

Si le prévenu assure décliner toute responsabilité dans cette affaire, la victime « conteste tout » et déclare que le proxénète a bien récupéré l’argent, elle précise de plus qu’elle avait la 4G. Fatima explique encore ne pas s’être sentie en sécurité avec tous ces hommes et ces chiens. L’homme, lui, indique qu’il ne l’aurait « jamais empêchée de partir », ajoutant que « les chiens, ce sont des chiots de 4 et 6 mois ». « Je [ne] lui ai jamais demandé de se prostituer, je n’ai jamais fait travailler des femmes », martèle-t-il encore.

Lorsque les forces de l’ordre sont arrivées sur les lieux à la suite de l’appel du 17, aux environs de 22 h 35 le dimanche 22 août, Fatima a été libérée tandis que l’homme accusé de proxénétisme, pour la seconde fois, a été interpellé, ainsi que toutes les autres personnes présentes.

« Dans notre démocratie, le doute bénéficie au prévenu, il est donc relaxé »

D’après l’avocate de la jeune femme, le prévenu « a profité de la fragilité de [sa] cliente ». « C’est une jeune fille vulnérable qui a été séquestrée et enlevée par ses parents », précise-t-elle. « Madame se prostitue, mais elle le fait d’elle-même, peu importe ses raisons pour le faire, elle est libre de se prostituer tant qu’elle reste maître de son corps, car c’est de ça dont il s’agit […]. Sa version n’a jamais changé et encore aujourd’hui, elle le dit en le regardant dans les yeux. Les échanges sms de monsieur sont explicites, il n’a pas rien à avoir avec la prostitution, l’appartement est un lieu de prostitution », détaille la procureure.

Les éléments récupérés dans la téléphonie par les enquêteurs confirment les déclarations de la victime. Hamidou, lui, a nié les faits en bloc. La cour ayant bien des maux à déceler le vrai du faux, les propos des deux parties se contredisant, elle relaxe le prévenu. « Les deux versions sont crédibles, mais nous n’avons pas d’éléments matériels qui permettent de les départager. Dans notre démocratie, le doute bénéficie au prévenu, il est donc relaxé », a en effet conclu le juge. Un officier de police a expliqué à Actu 17 qu’il s’agit d’une « décision incompréhensible, car les preuves étaient accablantes et cet homme avait déjà des antécédents ».

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