Suisse : un internaute écope de dix jours de prison pour avoir affirmé qu’il n’existe que des hommes et des femmes

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Photo: Crédit photo pexels
Condamné pour discrimination après une publication jugée « offensante » envers la communauté LGBTQI, un habitant du canton de Berne (Suisse) a choisi la prison plutôt que de payer son amende. Il a par ailleurs reçu le soutien d’une association défenseure de la liberté d’expression et des droits civiques.
Emanuel Brünisholz, réparateur d’instruments à vent installé à Burgdorf, dans le canton de Berne, s’apprête à passer dix jours derrière les barreaux. Son « crime » : un commentaire posté le 3 décembre 2022 sur Facebook, en réponse à une publication du conseiller national Andreas Glarner. Ce message a suscité plusieurs plaintes et conduit, quelques mois plus tard, à une convocation devant la police cantonale, rapporte le média suisse Inside Paradeplatz.
Reconnu coupable de discrimination et d’incitation à la haine
« Si vous déterrez des personnes LGBTQI après 200 ans, vous ne trouverez que des hommes et des femmes d’après leurs squelettes. Tout le reste n’est qu’une maladie mentale promue par le biais du programme scolaire », affirmait Emanuel Brünisholz dans le commentaire en question.
Inculpé pour « discrimination et incitation à la haine », Emanuel Brünisholz a dû justifier ses propos devant les enquêteurs. Lors de son audition, le 15 août 2023, il a confirmé être bien l’auteur du commentaire. « À ceux qui pensent qu’il n’existe pas seulement des hommes et des femmes, je veux leur dire qu’il n’existe que des hommes et des femmes », a-t-il indiqué en guise d’explication.
Une réponse qui lui a valu une amende de 500 francs, sans compter les frais judiciaires, le parquet estimant que le réparateur d’instruments à vent avait « publiquement dénigré le groupe LGBTQI en raison de son orientation sexuelle et d’une manière qui porte atteinte à la dignité humaine ». Il a donc été reconnu coupable de discrimination et d’incitation à la haine. Pour les juges bernois, « l’accusé, par son commentaire publié sur Facebook, a rabaissé le groupe des personnes LGBT(Q)I en raison de leur orientation sexuelle, de manière publique et portant atteinte à la dignité humaine ».
Une association prônant la liberté d’expression se mobilise
Emanuel Brünisholz a fait appel de la décision, mais le tribunal régional d’Emmental-Haute-Argovie a confirmé le jugement en le déclarant coupable le 20 décembre 2023. Refusant de régler l’amende, Emanuel Brünisholz s’est vu notifier une « ordonnance de convocation pour l’exécution de la peine ». Il devra ainsi purger dix jours à la prison régionale de Burgdorf-Neumatt, où il est attendu le mardi 2 décembre à 9 heures.
Cette décision de justice a provoqué des remous. Malgré la désapprobation des associations LGBTQI, le réparateur de Burgdorf a pu bénéficier de soutiens, et notamment de celui de l’association Verein – WIR, qui milite pour la liberté d’expression et les droits civiques. Considérant qu’il était question d’une atteinte aux libertés fondamentales, elle a appelé les citoyens à écrire en masse au procureur chargé de l’affaire. « L’objectif est que des milliers de lettres y parviennent – comme un signal fort que nous ne détournons pas le regard et que les restrictions à la liberté d’expression rencontreront une résistance », a précisé l’association sur X ce 29 septembre.
Dans un entretien avec Transition News, Emanuel Brünisholz a raconté que dix plaintes pénales avaient été déposées dans l’heure suivant la publication de son message, dont cinq ont été poursuivies. Parmi les plaignants figuraient deux journalistes et un enseignant, dont les noms n’ont pas été divulgués. L’effet escompté pour le réduire au silence s’est retourné contre ses détracteurs : sa publication initiale a largement circulé sur les réseaux sociaux et l’annonce de son incarcération a été vue par 1,4 million d’utilisateurs sur X, selon lui.

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