Syrie : la France rapatrie 13 ressortissants, une première depuis deux ans

Douze enfants nés dans des familles djihadistes françaises ont été rapatriés par avion depuis des camps en Syrie, le 10 juin 2019.
Photo: GEOFFROY VAN DER HASSELT/AFP via Getty Images
La France a procédé tôt mardi matin au rapatriement de dix enfants et trois femmes âgées de 18 à 34 ans, détenus dans des camps du nord-est syrien contrôlés par les forces kurdes. Il s’agit de la première opération de ce type depuis juillet 2023.
Procédures judiciaires et suivi des mineurs
Selon le Parquet national antiterroriste (Pnat), deux des femmes rapatriées ont été placées en garde à vue sur commission rogatoire d’un juge d’instruction. Une troisième, visée par un mandat d’arrêt, devait être présentée dans la journée en vue d’une possible mise en examen.
Les mineurs, quant à eux, sont « pris en charge dans le cadre de procédures d’assistance éducative sous la responsabilité du parquet de Versailles », a précisé le Pnat. Le suivi centralisé sera assuré « en lien avec les parquets territoriaux ».
Une opération diplomatique sensible
Le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères a salué la coopération locale : « La France remercie les autorités syriennes de transition ainsi que l’administration locale du Nord-Est syrien qui a rendu possible cette opération. »
Depuis 2019, la France a rapatrié 179 enfants et 60 femmes adultes, selon une source diplomatique. Mais ces opérations avaient cessé à l’été 2023, les autorités évoquant un manque de volontaires, malgré des condamnations internationales, notamment celle de la Cour européenne des droits de l’Homme en 2022.
Soulagement des familles, critiques persistantes
Pour les proches, ce retour est accueilli avec émotion. « Pour les familles qui attendaient leurs petits-enfants, neveux et nièces depuis plus de six ans, c’est un immense et indescriptible soulagement », a déclaré l’avocate Marie Dosé, qui défend certaines femmes rapatriées.
Mais elle dénonce aussi les limites de l’opération : « La France laisse derrière elle 110 autres enfants français, toujours détenus dans le camp Roj. » Selon elle, Paris fait preuve « d’arbitraire », en refusant aujourd’hui de rapatrier certains jeunes devenus majeurs, des femmes sans enfants ou encore des enfants conduits de force en Syrie avant d’obtenir la nationalité française.
Le Collectif des Familles unies, qui rassemble les proches des détenus, a rediffusé mardi matin son message sur X, rappelant que ces enfants, « coupables de rien », vivent dans « des conditions indignes ».
Une détention toujours massive
Des dizaines de milliers de personnes, issues d’une cinquantaine de nationalités et soupçonnées de liens avec l’organisation État islamique, sont retenues dans ces camps. En juin, environ 120 enfants et une cinquantaine de femmes françaises y étaient encore détenus, selon le Collectif.
Pour Matthieu Bagard, responsable du pôle Syrie de l’ONG Avocats sans frontières France, ce retour confirme les capacités françaises : « Ce rapatriement démontre une nouvelle fois que la France a la possibilité d’organiser ces opérations. » Mais il juge « illégale » la détention persistante de femmes et de jeunes majeurs.
L’administration kurde a annoncé en février, avec l’appui de l’ONU, son intention de vider d’ici fin 2025 les camps de déplacés syriens et irakiens, y compris les proches présumés de jihadistes.
Avec AFP
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