Tandis que ses liens avec la Russie suscitent toujours plus de critiques, la Chine choisit le ton de la provocation

Par Eva Fu
11 mars 2022 17:37 Mis à jour: 11 mars 2022 17:39

Alors que le régime chinois ressent une pression croissante concernant son refus de prendre position contre l’invasion de la Russie, il revient à sa vieille tactique : blâmer l’Occident.

L’invasion de l’Ukraine par Moscou a précipité l’aggravation de la crise humanitaire et donné lieu à des allégations de crimes de guerre, mais le régime chinois a rejeté la responsabilité du conflit sur les États‑Unis et ses alliés occidentaux et non sur la Russie.

Les diplomates chinois affirment que les sanctions occidentales contre la Russie sont sans fondements. Selon eux, les États‑Unis profitent de cette crise militaire et l’Occident est responsable de l’aggravation des tensions entre l’Ukraine et la Russie.

« Les mesures prises par l’OTAN dirigée par les États‑Unis ont exacerbé les tensions entre la Russie et l’Ukraine à un point de rupture », a déclaré Zhao Lijian, porte‑parole du ministère chinois des Affaires étrangères, lors d’un point de presse le 9 mars.

Selon Zhao Lijian, Pékin est le souffre‑douleur de toutes ces conjonctures et les États‑Unis, les grands coupables « se torturant l’esprit pour discréditer la Chine ».

Zhao Liljian s’est toujours illustré par un ton combattif à l’égard de l’Occident. Ses théories conspirationnistes concernant le virus, selon lesquelles les États‑Unis sont responsables de la pandémie, l’ont fait remarquer. Ces déclarations interviennent dans un climat de rapprochement complice avec Moscou, devenu un paria auprès des Occidentaux. Force est de constater que Pékin a donc décidé de répondre à la pression croissante de la communauté internationale par la provocation.

Deux semaines après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, Pékin refuse de qualifier cette manœuvre d’« invasion ». Les médias d’État chinois préférant la formule russe d’« opération militaire spéciale ».

Le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Olaf Scholz et le dirigeant chinois Xi Jinping participent à une vidéoconférence pour discuter de la crise ukrainienne au palais de l’Élysée à Paris, le 8 mars 2022. (Benoit Tessier/AFP via Getty Images)

Le terme le plus fort employé par Pékin pour définir le conflit revient à Xi Jinping qui a usé du mot « guerre » lors d’un échange avec les chefs d’État français et allemands. Xi Jinping s’est dit « profondément attristé par le déclenchement d’une nouvelle guerre sur le continent européen ». Le lendemain, Zhao Lijian n’a pas manqué d’écarter tout malentendu, expliquant qu’une telle formulation ne signifiait en aucun cas un changement de position de la part de la Chine.

Pékin reproduit également le narratif russe selon lequel l’armée américaine gère des laboratoires biologiques en Ukraine pour y « stocker des agents pathogènes dangereux ».

Selon un responsable du département des Affaires étrangères américain pour Epoch Times, une telle allégation n’est que « de la propagande russe et [repose sur] un non‑sens total ». Il s’agit de monter un prétexte de toutes pièces permettant de légitimer la campagne militaire contre l’Ukraine.

Le refus du régime chinois de condamner la Russie a suscité des critiques de la part des responsables occidentaux. Certains parlementaires américains estiment que Pékin se montre peu coopératif de manière délibérée, en raison de ses liens étroits avec la Russie. Étant donné que les deux puissances ont pour objectif commun de saper l’Occident, on ne peut pas compter sur le régime chinois pour aider à mettre un terme pacifique au conflit, ont expliqué les parlementaires à Epoch Times.

Si le régime chinois insiste sur le fait que sa relation avec la Russie est une « non‑alliance », il décrit également la Russie comme un « partenaire stratégique des plus importants » et s’engage à faire progresser les relations bilatérales entre les deux pays, quelles que soient « la précarité et les difficultés de la situation internationale ».

Passante devant les vitrines du centre commercial connu sous le nom de Marché russe à Pékin, le 3 mars 2022. (Noel Celis/AFP via Getty Images)

Alors que les sanctions occidentales pèsent sur l’économie russe, le régime continue à commercer normalement avec Moscou. Selon certains analystes, Pékin refuse d’aider ouvertement la Russie pour éviter les sanctions secondaires, les coûts financiers et l’affaiblissement de son prestige.

Le système chinois UnionPay, détenu par l’État, a offert un certain répit à la Russie lorsque les systèmes de cartes occidentaux, de Visa à Mastercard, ont suspendu leurs opérations dans le pays. M. Zhao a également déclaré le 9 mars que la Chine et la Russie « maintiendront toujours une coopération énergétique solide » et poursuivront leurs affaires concernant le pétrole et le gaz.

Mais Washington a prévenu vouloir « prendre des mesures » pour s’assurer que les entreprises chinoises respectent les sanctions commerciales.

Selon le lieutenant‑colonel à la retraite Robert Maginnis, la Russie et la Chine cherchent à mettre en place un nouvel ordre du monde « beaucoup plus tolérant avec un régime autoritaire qu’avec les valeurs libérales qui ont défini l’ordre mondial après la Seconde Guerre mondiale ».

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