Opinion
Taxe Zucman : « Elle va encourager ceux qui participent à la production de richesses à quitter le pays », analyse Alexandra Ardisson

Photo: Crédit photot - Alexandra Ardisson
ENTRETIEN – La taxe Zucman, inspirée des travaux de l’économiste Gabriel Zucman, fait l’objet de débats politiques intenses. Farouchement défendue par la gauche, mais critiquée par la macronie, la droite, le RN et le patronat, elle prévoit de taxer à 2 % les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros.
Alexandra Ardisson est ex-députée (2017-2022) et porte-parole et responsable des Français de l’étranger de Nouvelle Énergie, le parti fondé par David Lisnard. L’instauration de la taxe Zucman aurait des conséquences économiques dramatiques, explique-t-elle.
Epoch Times – Quel est votre point de vue sur la taxe Zucman ?
Alexandra Ardisson – À Nouvelle Énergie, nous sommes évidemment opposés à cette taxe. C’est une « illusion dangereuse », pour reprendre une expression de David Lisnard.
Elle va surtout encourager à partir ceux qui participent à la production de richesses et à l’attractivité du pays.
Et en termes de recettes, elle n’est pas pertinente. Ses défenseurs clament sur certains plateaux de télévision qu’elle pourrait rapporter 20 milliards d’euros, mais des économistes avisés parlent d’à peine 5 milliards.
Par ailleurs, la France est championne du monde des impôts et des taxes. Nous sommes en plein non-sens économique.
Cette taxe risque également d’impacter la croissance et les investissements …
Oui puisqu’en cas d’instauration, les exils fiscaux se multiplieraient et les conséquences économiques seraient désastreuses. Beaucoup d’emplois disparaitraient et in fine la croissance serait à son tour impactée.
Je pense également que nous devrions avoir une réflexion sur la personne de Gabriel Zucman.
Il est bien sûr un économiste. Je ne remets pas en question son parcours, mais il est aussi un militant de gauche. Et ses idées ont été rejetées par l’ensemble des pays dans lesquels il les avait proposées, notamment les États-Unis.
Les défenseurs de la taxe Zucman estiment que les ultrariches ne participent pas assez à l’effort collectif. Que leur répondez-vous ?
Ce n’est pas vrai. Ceux qui sont nommés « ultrariches » par la gauche payent déjà énormément d’impôts. Tout comme la classe moyenne. Si cette taxe Zucman est mise en place, il y a fort à parier que les classes moyennes soient les plus affectées.
Et puis, les partis de gauche doivent intégrer une bonne fois pour toutes qu’on ne peut pas aider les plus modestes en s’attaquant aux riches.
Cette taxe est aussi un bon moyen d’éclipser les vrais problèmes tels que la réduction de notre dette colossale, les dépenses publiques ainsi que le poids de la fiscalité.
Sortons à tout prix de cette logique social-étatiste, trouvons des pistes d’économies sérieuses et baissons les impôts pour remettre la France sur les rails.
Selon un sondage de l’IFOP commandé par le PS, 86 % des Français soutiennent cette taxe. Plus surprenant encore, 89 % des sympathisants LR y sont favorables. Comment l’expliquez-vous ?
Tout dépend de la manière dont vous présentez cette taxe. Il y a eu toute une communication séduisante autour d’elle qui, à mon avis, explique le résultat de cette enquête.
Si vous n’expliquez pas aux Français les conséquences néfastes de sa possible instauration, ils ne vont par définition pas réaliser qu’elle représente un danger pour notre économie.
Diriez-vous qu’il existe en France, comme certains l’affirment, un certain attachement à l’approche socialiste de l’économie ?
Il y a très certainement un terreau favorable à ce genre de solutions en France. En même temps, très peu de responsables politiques osent dénoncer l’état d’esprit social-étatiste dont résulte en réalité la taxe Zucman. David Lisnard est d’ailleurs l’un des rares à avoir critiqué cette idée portée par la gauche. Même les Républicains restent globalement très timides sur le sujet parce qu’ils savent que c’est une mesure populaire et ne souhaitent pas passer pour le « parti des riches ».
Aujourd’hui, quelle vision de l’État est défendue par Nouvelle Énergie et que proposez-vous pour assainir les comptes publics ?
Nous proposons une refonte complète de l’appareil étatique. Aujourd’hui, l’État a pris une place trop importante dans le quotidien des Français et force est de constater qu’il ne fonctionne plus.
Ce dernier doit regagner en efficacité. Je ne suis pas là pour faire du « fonctionnaires bashing » mais la question de la rationalisation des effectifs doit être posée sur la table.
Le sujet des retraites doit aussi être abordé sans tabou. David Lisnard fut l’un des premiers à proposer la retraite par capitalisation. Le système actuel est un fardeau pour nos finances publiques. Il doit être revu de fond en comble. Autrement, nos enfants vont hériter d’un système en lambeaux.
En somme, sortons définitivement du logiciel étatique dans lequel nous sommes depuis 1945 pour en bâtir un nouveau, adapté aux enjeux de notre époque.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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