La télémédecine : un potentiel pratique mais limité

21 juin 2017 12:14 Mis à jour: 21 juin 2017 04:28

Votre prochaine visite chez un médecin pourrait se faire en passant par votre téléphone intelligent.

Dans un monde où la facilité est reine, la télémédecine offre la possibilité de recevoir des soins médicaux de base tout en restant à la maison. Ce service donne l’occasion aux patients de discuter de leurs symptômes grâce à une vidéoconférence ou à des courriels avec un médecin reconnu, et ce, à un coût moindre qu’une visite à une clinique.

La demande pour ce service connaît un essor rapide. Selon l’American Telemedicine Association, plus de 15 millions d’Américains ont reçu des soins médicaux à distance en 2015 – une augmentation de 50 % comparativement à 2013. L’association s’attend à ce que le nombre augmente encore de 30 % en 2016.

Teladoc – le plus grand et le plus ancien fournisseur de télémédecine aux États-Unis (depuis 2002) – « recevra » 940 000 visites de patients cette année. Il est facile de comprendre cet engouement : pas de déplacement, pas de trafic et peu de temps d’attente. L’expérience complète dure environ 30 minutes, selon le Dr Henry DePhillips, médecin-chef de Teladoc.

« Les gens aiment l’aspect pratique, la technologie, ils aiment le fait que les soins viennent à eux, plutôt que de se déplacer pour recevoir ces soins », a déclaré le Dr DePhillips.

À l’origine, Teladoc était disponible uniquement à ceux qui travaillaient pour des compagnies qui fournissaient cet avantage. Au cours des dernières années, grâce aux nouvelles lois de parité de l’État qui exigent que les assureurs remboursent les médecins travaillant à distance, les principaux assureurs s’associent au mouvement et on s’attend qu’ils soient de plus en plus nombreux à emboîter le pas.

Les médecins à distance ont connu du succès dans les cas où des photos étaient suffisantes pour établir un diagnostic.

Un service qui a ses limites

Un autre grand obstacle à la croissance de la télémédecine a été la grande variété de lois d’État déterminant quelles maladies sont appropriées, selon l’éthique, à être traitées à distance.

Après trois ans de délibération, en juin 2016, l’American Medical Association (AMA) a adopté de nouvelles lignes directrices selon l’éthique pour la télémédecine. Les directives visent à aider les médecins éloignés « à agir avec discernement lorsqu’ils procèdent à une évaluation diagnostique et qu’ils prescrivent un traitement, à l’intérieur de certaines balises ».

« Ce qui importe, c’est que les médecins aient accès à l’information pertinente dont ils ont besoin pour formuler des recommandations bien fondées pour chaque patient », a déclaré le Dr Jack Resneck, membre du conseil d’administration de l’AMA, dans un communiqué.

La technologie peut certainement rendre les soins de santé plus accessibles, mais on est encore loin du médecin virtuel qui pourrait complètement remplacer les visites d’un médecin en personne. À cause de la distance, la télémédecine ne peut fournir que des types de soins très limités. Les soins directs, tels que les analyses sanguines, les radiographies, la chirurgie ou la physiothérapie, sont évidemment non envisageables. Les soins pour les maladies chroniques ou complexes ne le sont pas non plus.

Selon le Dr DePhillips, les médecins de Teladoc ne toucheront que « les problèmes de santé simples et élémentaires qui sont très faciles à diagnostiquer et à traiter ». Ce sont des conditions que les gens peuvent généralement comprendre par eux-mêmes : la bronchite, l’otite et les maux de gorge.

Il ajoute que les patients atteints de symptômes complexes sont encouragés à rencontrer un médecin en personne – cependant, cela ne représente qu’environ 4 % des consultations que Teladoc reçoit.

« La grippe se prête bien à la télémédecine, car il y a une série de symptômes habituels qui peuvent être transmis avec précision par le patient, soit par téléphone ou par vidéo, et qui peuvent mener à un diagnostic sûr. Le traitement est rapide et simple », a déclaré le Dr DePhillips.

L’accès à la télémédecine diminue le nombre de visites inutiles aux salles d’urgence, où les ressources sont minces et où les coûts peuvent rapidement s’accumuler.

Des ratés virtuels

Les opposants disent que les médecins qui examinent leurs patients en passant par leurs téléphones ne peuvent pas faire un examen approfondi, ils peuvent manquer certains signes importants qu’une visite en personne pourrait plus facilement révéler.

Dans une étude publiée dans l’édition de juillet 2016 de JAMA Dermatology, des chercheurs ont contacté 16 sites de télémédecine qui offraient des services aux résidents de la Californie. En utilisant des pseudonymes, ils se sont fait passer pour des patients et ont soumis des photos de conditions inflammatoires et infectieuses aux médecins à distance pour qu’ils puissent les évaluer.

Parmi les 62 cas fictifs, les chercheurs ont constaté que la plupart des patients ont été affectés à un clinicien sans leur laisser de choix. Seulement 26 % des médecins à distance divulguaient des informations sur leur permis de pratique, et certains utilisaient des médecins de la communauté internationale sans permis de pratiquer en Californie. Un diagnostic a été fourni dans 77 % des cas, dont la plupart comprenaient des médicaments sur ordonnance.

La plus grande révélation de l’étude est la difficulté du diagnostic en télémédecine. Cependant, les chercheurs ont constaté que les médecins à distance ont connu du succès dans les cas où des photos étaient suffisantes pour établir un diagnostic.

« Mais quand des informations de base sur le passé médical du patient étaient importantes, ils ont régulièrement omis de poser des questions simples et pertinentes, et la justesse du diagnostic était médiocre », indique l’étude.

La technologie peut certainement rendre les soins de santé plus accessibles, mais on est encore loin du médecin virtuel qui pourrait complètement remplacer les visites d’un médecin en personne.

« Des diagnostics importants ont été manqués à plusieurs reprises. […] Indépendamment des diagnostics établis, des traitements qui allaient parfois à l’encontre des directives existantes étaient prescrits. »

Malgré la culture de la facilité en Amérique et le fait que le modèle médical moderne soit orienté vers le résultat final, l’avenir semble prometteur pour la télémédecine. Bien que les soins offerts soient limités, l’acheminement aux médecins à distance de tous les cas faciles à diagnostiquer semble épargner suffisamment de temps, d’argent et de tracas pour créer un modèle économique potentiellement rentable, tout en allégeant la pression sur le système des soins de santé.

Des études menées par Teladoc ont démontré que son service permet un accès facile aux soins et à moindre coût, pour la plus grande satisfaction de la clientèle. Plus important encore, l’accès à la télémédecine diminue le nombre de visites inutiles aux salles d’urgence, où les ressources sont minces et où les coûts peuvent rapidement s’accumuler.

« Nous estimons que nous avons fait économiser à nos clients 387 millions de dollars en frais médicaux en 2015. Ce montant augmentera considérablement cette année après que nos activités et le nombre de visites auront continué à croître », a déclaré le Dr DePhillips.

Version originale : Telemedicine Offers a Convenient but Narrow Window of Care

 

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