ENTRETIEN – Après huit ans de macronisme et de progression continue du Rassemblement national, Bruno Retailleau permet à la droite de rêver à nouveau de l’Élysée. L’élection du 18 mai à la tête du mouvement Les Républicains a confirmé l’ascension politique de l’homme qui fut le lieutenant de Philippe de Villiers puis de François Fillon.
Pour la première fois, Bruno Retailleau dépasse le candidat Horizons Édouard Philippe en termes de cote de popularité avec 51 % de bonnes opinions contre 48 % pour le maire du Havre, selon un sondage Odoxa-Backbone Consulting pour Le Figaro. Une étude Ifop Fiducial pour Le Figaro et Sud Radio indique même qu’il serait le troisième homme de la présidentielle si l’élection avait lieu en ce moment. « Bruno Retailleau a pour lui la sincérité et l’authenticité », soutient le délégué national des Jeunes Républicains Théo Am’Saadi, dans un entretien à Epoch Times.
Epoch Times : La droite a-t-elle trouvé le leader qu’elle attendait depuis 2012 ?
Théo Am’Saadi : Avec l’élection de Bruno Retailleau, la droite s’est trouvée le chef qu’elle attendait depuis de nombreuses années. Sa très large victoire à la présidence des Républicains fait de lui le candidat naturel de la droite pour 2027. Il a remporté l’adhésion d’une grande majorité de nos militants et séduit bien au-delà. Des sympathisants du bloc central ou du RN s’intéressent à sa personne et à son action.
Mais chaque chose en son temps. Nous devons d’abord remettre notre parti en ordre de marche notamment pour les élections municipales. Je ne me résigne pas à voir les écologistes les plus radicaux diriger nos métropoles. Et nous devons défendre nos territoires : nos élus locaux sont nos porte-drapeaux, c’est avec eux qu’il faudra construire le projet de rupture que le pays attend.
Nicolas Sarkozy a adoubé Bruno Retailleau la semaine dernière lors d’un hommage à la policière municipale tuée en 2010 Aurélie Fouquet. « J’étais très heureux de partager ce moment avec un ministre d’État que j’apprécie et en qui je mets toute ma confiance », a-t-il déclaré. Comment interprétez-vous ces propos de l’ancien chef de l’État ?
Nicolas Sarkozy est le dernier candidat de notre famille politique à avoir remporté l’élection présidentielle : son soutien est évidemment un geste fort. C’est aussi le signe que la droite est de nouveau au centre de l’actualité politique et cela grâce à l’incarnation que lui donne notre nouveau président.
« Je veux faire ce que Nicolas Sarkozy a fait en 2007 », déclarait Bruno Retailleau en avril, selon des propos rapportés par Le Point…
À l’époque, Nicolas Sarkozy avait mené une très belle campagne. Comme en 2007, il faudra reparler à tous les Français pour gagner. C’est ce que Bruno Retailleau est en train de faire. Mais notre enjeu n’est pas de refaire la campagne de 2007, mais de faire celle qui nous fera gagner en 2027. Nous devons parler de tous les sujets pour défendre la France des honnêtes gens. C’est ce qu’une majorité de Français demande.
Quelle droite incarne-t-il, selon vous ?
Bruno Retailleau incarne tout le spectre de la droite : la fermeté sur les questions régaliennes et la défense de la libre-entreprise sur l’économie. Il réussit à faire la synthèse sans se ramollir. Ce n’est pas simplement un courant qu’il incarne mais les aspirations d’une majorité de Français.
Comment Bruno Retailleau va-t-il parvenir à s’imposer face à un Rassemblement national toujours solide dans les sondages ?
Bruno Retailleau a pour lui la sincérité et l’authenticité. Il a aussi la rigueur intellectuelle et un projet solide. Nous ne pouvons pas en dire autant de Jordan Bardella. Entre la communication et l’action, les Français ne s’y tromperont pas.
La route est encore longue avant 2027. Le ministre de l’Intérieur a de nombreux concurrents au sein du bloc central. Comment voyez-vous les choses ?
En 2027, la macronie n’existera plus. D’ores et déjà, tous les yeux sont rivés sur l’après. Je crois que les Français veulent tourner la page du macronisme et du « en même temps ». Reproduire l’expérience serait condamner la France de nouveau au déclin. Le projet de rupture que propose Bruno Retailleau fera la différence. Et contrairement à ses concurrents, il a un bilan solide dans un contexte politique que tout le monde sait contraint. C’est là qu’on reconnaît un vrai homme d’État qui ne se résout pas à l’immobilisme.
Vous dites que le macronisme ne durera pas. Pourtant, le bloc central suscite toujours l’adhésion de nombreux électeurs.
Emmanuel Macron ne sera pas candidat en 2027. La question qui se posera sera assez simple : continuer l’addition des contraires ou faire une vraie politique de rupture. D’ores et déjà, toutes les élections partielles montrent que les Français veulent une vraie rupture et font confiance aux Républicains pour la mettre en œuvre.
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