Le filet géopolitique et économique de la Chine

Par Stu Cvrk
27 septembre 2021 18:27 Mis à jour: 30 septembre 2021 11:03

Commentaire

Deux programmes stratégiques majeurs et très médiatisés ont été annoncés avec l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping : l’Initiative ceinture et route (ICR, aussi connue comme « Nouvelle route de la soie ») et Made in China 2025. Ces programmes ont ensuite donné naissance à une mosaïque d’enjeux auxiliaires entrelacés qui, ensemble, constituent une véritable filet en constante expansion et dans lequel le monde est progressivement piégé. La Chine souhaite étendre sa domination et son contrôle sur pratiquement toutes les activités de la vie humaine.

Cet article est le premier d’une série en trois parties, un résumé des grands objectifs coordonnés et complémentaires que poursuit la Chine communiste.

Vers un nouvel ordre mondial chinois

Le Parti communiste chinois (PCC) cherche à convaincre, influencer et intimider la communauté internationale en pénétrant puis en contrôlant progressivement les institutions économiques internationales comme la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) et l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Il s’agit de remanier l’équilibre mondial, reposant sur l’hégémonie américaine, selon ses propres règles. Une ambition qui entraine l’exclusion rigoureuse des valeurs occidentales en Chine continentale au nom du maintien de la pureté idéologique du Parti.

D’autre part, le PCC exploite les capacités croissantes de fabrication et de production de la Chine dans l’unique but d’influencer, discréditer et finalement démanteler les valeurs libérales qui sous-tendent le système économique mondial.

En dernier lieu, il essaye d’amorcer une « quatrième révolution industrielle » pour contrôler l’économie mondiale.

Remodeler la gouvernance mondiale

L’objectif est de remplacer les organes directeurs internationaux collaborant avec les États-Unis – telles que les Nations unies et les entités subordonnées comme l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Organisation des Nations unies, pour le contrôle des conflits, l’UNESCO, pour une gestion de la science et de la culture, et la Cour internationale de justice (la « Cour mondiale ») – par des structures de gouvernance directement contrôlées par le PCC.

Imposer le leadership chinois sur la scène internationale

Il s’agit de renforcer l’influence de Xi Jinping à l’échelle internationale. Pour cela, il faut continuellement saper l’influence américaine. Dès lors peut-on prôner un monde bipolaire et des solutions multilatérales. Pour y parvenir, un grand nombre de manœuvres sont déployées, comme la diplomatie du vaccin, du masque, des équipements médicaux, etc. Au niveau du commerce international, le PCC favorise, entre autres, une économie de l’exportation, le contrôle des chaînes d’approvisionnement, la diplomatie de la dette ou la promotion de l’encadrement et du savoir-faire chinois. Toutes ces actions convergent vers un objectif clair, établir un nouvel ordre mondial dominé par la Chine.

Étendre la loi sur la sécurité nationale

La nouvelle loi sur la sécurité nationale adoptée par les Chinois en juin 2020 est la première étape pour mettre en place un cadre juridique visant à contrôler les Chinois d’outre-mer (et éventuellement tous les autres). Cette loi est actuellement « testée » à Hong Kong pour surveiller et façonner la population comme le souhaite le PCC.

Mettre en œuvre le système de crédit social

Le PCC développe un système de crédit social national dont le but est d’« harmoniser la société chinoise » – ou plutôt, de surveiller et de contrôler chaque aspect de la vie – en notant le comportement des citoyens chinois. Le PCC cherche à étendre ce système pour contrôler les Chinois d’outre-mer et, idéalement, toutes les populations.

Attirer les investissements étrangers

Pour que le PCC puisse garder le contrôle du pays, le niveau de vie du citoyen chinois moyen doit augmenter chaque année. Cela nécessite la poursuite des investissements directs étrangers par les entreprises chinoises, notamment par les coentreprises auprès des banques d’investissement étrangères.

Faire de Shanghai le premier centre financier du monde

C’est ici à la fois une question de prestige et de contrôle. D’une part, il faut que la suprématie chinoise dans la sphère financière soit manifeste et éclatante, d’autre part, il est question de prendre le contrôle financier des grandes entreprises.

Le chancelier de l’Échiquier britannique de l’époque, Philip Hammond (au centre), et le vice-Premier ministre chinois Hu Chunhua (centre droit) applaudissent le lancement de la connexion boursière Shanghai-Londres, à Londres, le 17 juin 2019. (Henry Nicholls/AFP via Getty Images)

Promouvoir l’utilisation mondiale du yuan

Le but est de renverser le dollar américain en tant que principale monnaie internationale et sur lequel repose tout le système du commerce mondial. À terme, le yuan chinois doit s’imposer en tant que principale monnaie de réserve mondiale.

Devenir le leader mondial de la monnaie numérique

Cet objectif est complémentaire du précédent. La convertibilité du yuan, les transactions et les paiements numériques contrôlés par la banque centrale chinoise permettraient au PCC d’étendre son empire financier. L’objectif est de découpler les entreprises et les banques occidentales des marchés financiers mondiaux et des flux monétaires pour faciliter la prédominance du yuan.

Consolider son réseau blockchain (BSN)

Il est question de mettre en place un BSN fiable, sûr, décentralisé et accessible pour épier toutes les transactions économiques et commerciales des utilisateurs du monde entier. Rejoindre le BSN chinois pourrait devenir une condition obligatoire dans le futur pour faire du commerce avec la Chine rouge, ce qui signifierait accepter sa surveillance, son suivi et, de facto, son contrôle.

Rendre puissante son industrie high-tech

Pour y parvenir, la Chine doit mettre à niveau ses chaînes de production en intégrant la fabrication automatisée et les technologies de l’IdO [Internet des objets, soit l’interconnexion entre Internet et les objets, ndlr]. La création de l’Alliance of Industrial Internet (AII) pour développer « Internet + la collaboration industrielle » marque une étape importante.

Préparer le monde au « Fangkong » (prévenir et contrôler)

Le PCC cherche à exporter le « Fangkong » à l’étranger et à préparer psychologiquement les pays du monde entier au futur contrôle autoritaire de Pékin. Les mesures de confinement mises en œuvre pour endiguer la propagation du Covid-19 constituent un parfait exemple de ce que l’avenir nous réserve si le PCC atteint ses objectifs de domination mondiale.

Conclusion

La liste des moyens que se donne le PCC pour étendre son filet semble intarissable, n’étant restreinte que par les limites de l’inventivité des bureaucrates chinois et du Politburo. Et pourquoi le PCC s’arrêterait-il en si bon chemin ? L’Occident fournit toutes les ressources nécessaires et les opportunités pour se faire dominer. Ainsi, la Chine communiste mettra en place toutes les manœuvres possibles, coordonnées, complémentaires, pour parvenir à ses ambitions assumées et publiquement annoncées au monde avec l’Initiative ceinture et route, Made in China 2025, ou lors du Congrès national du PCC. Inexorablement, implacablement, portant un coup apparemment imparable.

La deuxième partie de cette série poursuivra ce bref inventaire des buts et objectifs de la Chine communiste.

La troisième partie exposera les manœuvres du régime chinois pour dominer la population mondiale.

Stu Cvrk a pris sa retraite en tant que capitaine après avoir servi 30 ans dans la marine américaine dans diverses fonctions d’active et de réserve, avec une expérience opérationnelle considérable au Moyen-Orient et dans le Pacifique occidental. Fort de sa formation et de son expérience en tant qu’océanographe et analyste de systèmes, Stu Cvrk est diplômé de l’Académie navale des États-Unis, où il a reçu un enseignement libéral classique qui sert de base à ses commentaires politiques.

Partie 2 : Les objectifs à long terme du Dragon-araignée pour dominer le monde
Partie 3 : L’ambition du régime chinois : influencer et contrôler toutes les activités humaines

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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