SCIENCES

Un demi-siècle après le Concorde, une start-up vise un futur supersonique

juillet 18, 2018 15:03, Last Updated: juillet 18, 2018 15:07
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Des vols de luxe plus rapides que le son: une start-up américaine espère raviver la flamme des vols supersoniques commerciaux 50 ans après le premier envol de l’infortuné Concorde. Blake Scholl, ancien employé d’Amazon devenu co-fondateur de Boom Supersonic, a fait cette promesse cette semaine devant un Concorde entièrement restauré au musée Brooklands de l’aviation et des moteurs à Weybridge, au sud-ouest de Londres.

Boom Supersonic est entre autre soutenu par le fondateur de Virgin, Richard Branson, tandis que la compagnie aérienne Japan Airlines et d’autres grands noms du secteur aéronautique visent le même créneau. L’entreprise espère fabriquer et faire voler un prototype d’avion, le Baby Boom, dès l’année prochaine, même si ses projets suscitent parfois le scepticisme.

« L’histoire du Concorde, c’est l’histoire d’un voyage commencé mais jamais terminé et nous souhaitons le reprendre », assure M. Scholl. L’événement au musée Brooklands coïncidait avec le salon aéronautique international de Farnborough organisé non loin.  « Chez Boom, nous sommes inspirés par ce qui a été accompli il y a un demi-siècle », a ajouté M. Scholl, devant un ancien Concorde de British Airways qui a volé pour la première fois en 1969.

 Raviver les vols supersoniques

 « Notre dessein est de construire un avion plus rapide et plus accessible à un maximum de personnes, à tous ceux qui volent », a souligné M. Scholl devant un public comprenant des anciens employés du Concorde. Boom Supersonic espère produire ses nouveaux avions à réaction au plus tôt à partir du milieu de la prochaine décennie, avec pour but de réduire de moitié les temps de trajets.

L’avion proposé a une autonomie maximale de vol de quelque 8.300 kilomètres, à une vitesse de Mach 2,2, soit 2.335 kilomètres par heure. S’il finit par décoller, il serait le premier avion supersonique pour passagers à voler depuis le dernier vol du Concorde en 2003. Le Concorde, qui a toujours peiné à trouver son public, avait été retiré du service suite à un accident en 2000, lorsqu’un Concorde s’était écrasé peu de temps après avoir décollé de Paris, tuant 113 personnes.

Certains analystes restent néanmoins dubitatifs quant aux tentatives pour raviver les vols supersoniques. « Les vols supersoniques ne correspondent pas à ce que veulent les passagers et les compagnies aériennes », explique Saj Ahmed, analyste chez Strategic Aero, rappelant que beaucoup de voyageurs privilégient les transporteurs à bas-coûts.

D’après M. Ahmed, les avions supersoniques sont « très peu attrayants » à cause des coûts élevés de développement initial, de craintes liées à la pollution sonore et de prix élevés, ainsi que d’une capacité de passagers limitée.

 Créer un marché important et rentable,

John Strickland, consultant indépendant sur les transports aériens, souligne pour sa part qu’il n’y a pas de marché évident pour les avions supersoniques. « Le trafic pour les affaires serait, à première vue, le plus rentable pour les trajets supersoniques », explique-t-il à l’AFP. « Mais si jamais il y a un ralentissement de l’économie ou quelque chose d’autre qui réduirait le marché des voyages en classe affaires, il ne resterait plus rien à faire avec ces avions. »

« Je pense qu’il faudra encore attendre avant de savoir si ce projet réussit à créer un marché important et rentable, quelque chose que le Concorde n’a jamais pu faire », ajoute M. Strickland. Ces craintes n’ont pas empêché l’intérêt de grandir chez d’autres acteurs du secteur.

Le géant américain de l’aérospatiale Boeing a dévoilé le mois dernier son concept d’avion de ligne « hypersonique », qu’il espère faire voler à Mach 5 -soit cinq fois la vitesse du son pour une mise en service éventuelle dans 20 ou 30 ans. En avril, la NASA a signé un accord avec l’autre géant américain, Lockheed Martin, portant sur le développement d’un « Avion-X » supersonique.

DC avec AFP

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