Un pasteur persécuté à Hong-Kong dénonce l’autoritarisme de Pékin

Par Epoch Times avec AFP
16 décembre 2023 18:00 Mis à jour: 16 décembre 2023 18:01

Enfant des rues devenu l’un des dirigeants du mouvement pro-démocratie à Hong Kong, le pasteur baptiste Chu Yiu-ming, 79 ans, révèle dans ses mémoires un épisode inconnu de son combat mais avec 30 pages laissées volontairement blanches pour protester contre la censure officielle.

Dans ses « Confessions d’un sonneur de cloches », il raconte une vie passée à aider les défavorisés et se battre contre l’autoritarisme du régime communiste chinois. Il a ainsi co-organisé en 2014 des mois de manifestations lors de la révolution des parapluies pour réclamer le suffrage universel à Hong Kong. Cela lui avait valu une condamnation à de la prison avec sursis.

À Taïwan, où il vit en exil volontaire, le révérend Chu explique à l’AFP que la partie expurgée de ses mémoires – symbolisée par des cadres vides – correspond à une période de sa vie jusqu’alors inconnue. Il faisait partie d’une campagne secrète pour faire sortir de Chine des centaines de dissidents après la répression sanglante de la place Tiananmen à Pékin en 1989, mais les lecteurs n’apprendront aucun détail.

Réveiller les âmes endormies

« Je voulais conserver ces pages simplement blanches pour protester contre la censure politique imposée par les autorités de Hong Kong mais mon éditeur a choisi les cadres », dit M. Chu. Le titre provient d’un discours prononcé au tribunal en 2019, après sa condamnation pour « conspiration en vue d’un trouble à l’ordre public » pour avoir aidé à organiser les manifestations de 2014. « Je suis désireux de devenir un sonneur de cloches courageux pour réveiller les âmes endormies en ces temps grotesques, dans un pays autoritaire, dans une société dénaturée », avait-il déclaré.

Il confie à l’AFP avoir averti en 2014, avec d’autres dirigeants des manifestations, qu’un mouvement plus radical surviendrait faute de réformes politiques. Cinq ans plus tard, des centaines de milliers de personnes défilaient pour réclamer plus de libertés lors de manifestations gigantesques et parfois violentes. Pékin a répondu par une répression impitoyable, imposant une loi drastique sur la sécurité nationale pour écraser toute opposition.

Chu Yiu-ming sur la place de la Liberté, devant la salle commémorative Chiang Kai-shek à Taipei. (Photo SAM YEH/AFP via Getty Images)

« Se dévouer à l’église (…) et à la démocratisation de son pays »

Né à Hong Kong en 1944, le pasteur Chu passe son enfance avec sa grand-mère dans le Sud de la Chine. Son aversion pour le Parti communiste chinois s’enracine dans ses premiers souvenirs, liés à la faim et aux désordres sociaux. Après la mort de sa grand-mère, il vit à la dure plusieurs années dans les rues de Hong Kong avant d’entrer dans une communauté chrétienne.

En 1969, il part étudier la théologie à Taïwan où il rencontre le pasteur baptiste Chow Lien-hwa, ancien chapelain du président nationaliste du Kuomintang, Tchang Kaï-chek. Il aide également des dissidents.

Dans ses mémoires, il écrit à propos du pasteur Chow avoir compris qu’un homme de Dieu doit « non seulement se dévouer à l’église mais également au progrès social et à la démocratisation de son pays ». Rentré à Hong Kong, il ouvre un centre religieux pour les pauvres et le soutien aux militants du continent. Il devient l’un des fondateurs du groupe qui commémore chaque année le massacre de Tiananmen avec une veillée aux bougies, aujourd’hui interdite de facto.

Un livre pour encourager les jeunes

Il co-dirige ensuite le mouvement de 2014 aux côtés de Benny Tai et Chan Kin-man, également membres d’Églises évangéliques et qui ont été condamnés à 16 mois de prison. Aujourd’hui Benny Tai, emprisonné depuis plus de mille jours, est l’un des 47 accusés du principal procès de militants pro-démocratie à Hong Kong depuis la rétrocession du territoire à la Chine en 1997. « Je pense que Tai est emprisonné pour le peuple de Hong Kong », dit M. Chu de son vieil ami en réprimant un sanglot. « Le gouvernement a changé » et « n’accepte aucune autre voix que celles d’accord avec lui ».

Son livre a été publié le 24 novembre, premier anniversaire des manifestations des « papiers blancs » de fin 2022, au départ contre les restrictions anti-Covid19 imposées par Pékin avant de résonner d’appels à la démocratie. Les pages blanches constituent aussi une allusion à ces manifestations, ainsi nommées en raison des feuilles brandies par les participants pour symboliser la censure.

Le pasteur a quitté Hong Kong en décembre 2020, après avoir été accusé par des journaux pro-Pékin d’avoir aidé des manifestants pro-démocratie à s’enfuir en hors-bord à Taïwan. Il n’envisage pas de revenir mais espère que son livre va encourager les jeunes.

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