Un universitaire canadien révèle la stratégie des agents chinois à l’étranger : « nourrir, piéger et tuer »

"Peu de gens comprennent que les étudiants qui viennent de Chine subissent des pressions du PCC et doivent signer des accords avec eux."

Par Doug Lett
25 septembre 2023 04:40 Mis à jour: 25 septembre 2023 05:21

L’un des informaticiens les plus réputés du Canada affirme avoir été contacté par des agents de l’État chinois qui lui ont proposé de tripler son salaire. Cette offre s’inscrit dans le cadre d’une stratégie claire de la Chine visant à recruter des universitaires canadiens pour son propre compte.

Le professeur Benjamin Fung, spécialiste de l’exploration de données et de la cybersécurité, a déclaré avoir refusé l’offre d’un salaire à six chiffres pour travailler comme consultant pour une société affiliée à la Chine, estimant qu’il s’agissait d’une « stratégie de recrutement » évidente.

M. Fung a témoigné devant la commission des sciences et de la recherche de la Chambre des communes le 20 septembre, selon le Blacklock’s Reporter.

« En 2018, une entreprise chinoise a tenté de me recruter en tant que consultant au sein de son équipe d’IA », a déclaré M. Fung. « Cette entreprise m’a proposé trois fois, oui, trois fois mon salaire pour travailler pour elle en tant que consultant, tout en gardant mon travail de professeur. »

M. Fung est titulaire d’une chaire de recherche du Canada à la School of Information Studies de l’université McGill, une des universités les plus prestigieuses du pays, et mène des recherches dans des domaines tels que l’intelligence artificielle (IA), la cybersécurité et les logiciels malveillants.

« Par curiosité, » rapporte-il, « je lui ai demandé : ‘Que voulez-vous que je fasse ?’ Ils m’ont répondu qu’il suffisait de répondre à leurs emails ». En Chine, cette stratégie de recrutement est appelée « nourrir, piéger et tuer ». Ils commencent par proposer des offres lucratives pour attirer les cibles. « Une fois qu’un professeur vit de leurs financements, ils commencent à formuler des demandes déraisonnables, notamment le transfert de droits de propriété intellectuelle, l’obtention de données sensibles ou ils lui demande de faire des décarations fausses », a-t-il poursuivi.

Après cette première proposition, il a continué à être contacté tous les ans ou tous les deux ans par l’entreprise qui lui proposait différents types de collaboration.

« Elle a également commencé à approcher mes étudiants diplômés. Heureusement, aucun de mes étudiants n’a rejoint l’entreprise », a-t-il déclaré.

Le député conservateur Cory Tocher a demandé à M. Fung ce qu’il entendait par « nourrir, piéger et tuer ».

« C’est une stratégie typique que le gouvernement chinois utilise pour recruter des chercheurs. Une fois qu’un professeur dispose d’un financement, il commence à agrandir son équipe », a déclaré M. Fung. Il a ajouté qu’une fois que les chercheurs sont financièrement dépendants, « ils sont piégés, … c’est à ce moment-là que l’entreprise ou le gouvernement du PCC peut demander au professeur de faire quelque chose qui peut aller à l’encontre de sa propre volonté ».

Il lui a été demandé ce qu’il entendait par le mot « tuer » dans l’expression « nourrir, piéger et tuer ».

« Je ne veux pas dire par là qu’ils vont vous blesser physiquement, mais plutôt dire quelque chose de faux sur vous, ou détruire votre réputation », a répondu M. Fung. Il a ajouté que les étudiants étrangers chinois subissaient également des pressions de la part d’agents du parti communiste chinois.

« Peu de gens comprennent que les étudiants qui nous viennent de Chine subissent des pressions du PCC et doivent signer des accords avec eux pour obtenir les financements », a-t-il déclaré. « Si les étudiants enfreignent les règles ou refusent de suivre les instructions, le gouvernement chinois demandera à leur famille de rembourser la bourse. »

Les commentaires de M. Fung ont été repris dans le témoignage de Cherie Wong, directrice exécutive de l’Alliance Canada Hong Kong.

« Qu’ils soient étudiants nationaux ou internationaux, les Tibétains, les Ouïghours, les Chinois, les Taïwanais et les Hongkongais font l’objet d’une surveillance transnationale et craignent des représailles sur les campus universitaires », a-t-elle déclaré à la commission. « Les étudiants internationaux ont également fait part de leurs préoccupations concernant les ambassades, les consulats et leur gouvernement d’origine, qui peuvent révoquer des permis d’études ou des bourses en raison d’opinions, d’actions ou d’inactions défavorables », a-t-elle ajouté.

« Le Canada doit renforcer son environnement universitaire et de recherche, et cela nécessitera une collaboration de l’ensemble de la société avec les universités, les instituts de recherche, le secteur privé et les syndicats d’étudiants ».

Selon le Blacklock’s Reporter, le Centre d’analyse des opérations et déclarations financières (CANAFE), une agence de renseignement financier, a déclaré dans un rapport datant de 2022 qu’il avait connaissance de transferts d’argent suspects impliquant des étudiants étrangers chinois. « Un certain nombre de personnes soupçonnées d’être des mules sont des étudiants étrangers qui reçoivent des virements électroniques de particuliers et d’entités en Chine et à Hong Kong, ainsi que des virements par courriel et des mandats bancaires de tiers au Canada », indique le rapport, intitulé « Services bancaires clandestins par l’intermédiaire d’entreprises de transfert de fonds non agréées ».

« Les transferts d’argent par courrier électronique et les virements internationaux sont les méthodes les plus couramment observées pour transférer des fonds par l’intermédiaire de comptes de passeurs de fonds », indique le rapport.

« Ces personnes peuvent également être des acheteurs de paille (une personne qui effectue un achat au nom d’une autre personne) pour des véhicules, des appareils électroniques et d’autres biens utilisés dans le blanchiment d’argent basé sur le commerce, et des prête-noms utilisés pour acheter des biens immobiliers et payer des hypothèques. »

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.