«Une erreur monumentale»: démission du ministre belge de la Justice après l’attentat à Bruxelles

Par Epoch Times avec AFP
21 octobre 2023 10:15 Mis à jour: 21 octobre 2023 10:21

Le ministre belge de la Justice Vincent Van Quickenborne a démissionné vendredi après avoir appris que la Tunisie avait réclamé l’an dernier à la Belgique l’extradition de l’auteur de l’attentat commis lundi à Bruxelles, une demande jamais traitée par le parquet.

Cet attentat, perpétré par un Tunisien radicalisé de 45 ans en séjour irrégulier en Belgique, a coûté la vie à deux Suédois, tués à l’arme de guerre alors qu’ils étaient venus soutenir leur équipe nationale de football dans un match contre la Belgique. L’attaque a relancé le débat sur les moyens de la justice belge et le manque de suivi des profils radicalisés, même si l’auteur, Abdesalem Lassoued, n’était pas fiché par l’agence fédérale chargée de la menace terroriste.

Lors d’une conférence de presse, Vincent Van Quickenborne a expliqué avoir appris vendredi matin que la Tunisie avait réclamé le 15 août 2022 l’extradition d’Abdesalem Lassoued, une demande non traitée par le parquet de Bruxelles qui en a été destinataire deux semaines plus tard.

« Le magistrat compétent n’a pas donné suite à cette demande d’extradition, et le dossier n’a pas été traité », a souligné le ministre. « C’est une erreur individuelle, monumentale, une erreur inacceptable, aux conséquences dramatiques », a-t-il ajouté, disant en assumer « la responsabilité » en démissionnant.

« Courage politique »

Le Premier ministre Alexander De Croo a dit « prendre acte » de cette décision. « Respect pour son courage politique », a-t-il écrit sur le réseau X (anciennement Twitter).

Vincent Van Quickenborne a présenté des excuses « au nom de la Justice » aux victimes de l’attentat et à leurs proches. « Cette nouvelle information, venant du parquet, me touche en plein cœur, car j’ai fait tout mon possible pour améliorer notre justice », a-t-il encore fait valoir.

L’attaque de lundi, survenue près du centre-ville de Bruxelles deux heures avant le match Belgique-Suède comptant pour les qualifications de l’Euro 2024, a ciblé des supporters suédois vêtus des couleurs nationales, en bleu et jaune.

Un ordre d’expulsion jamais exécuté

L’assaillant, ex-demandeur d’asile qui était visé depuis 2021 par un ordre d’expulsion jamais exécuté, a déployé en pleine rue un fusil automatique de type AR-15 et fait feu sur trois supporters, tuant deux d’entre eux, avant de s’enfuir en scooter. Il a été localisé mardi matin dans un café de la commune bruxelloise de Schaerbeek, où il a été mortellement blessé par des tirs policiers.

L’attaque a été revendiquée mardi soir par l’organisation terroriste État islamique, dont Lassoued avait dit s’« inspirer » dans une vidéo de revendication publiée sur les réseaux sociaux. Jeudi, un homme destinataire de cette vidéo avant le passage à l’acte a été interpellé à Nantes, en France.

L’enquête ouverte en Belgique se double désormais d’investigations en France pour association de malfaiteurs terroriste criminelle, afin de tenter de mettre au jour d’éventuelles complicités. Avant de réclamer l’asile en Belgique, où il disait être arrivé fin 2015, Abdesalem Lassoued avait déposé des requêtes similaires en Norvège, en Suède puis en Italie – des demandes à chaque fois rejetées.

L’attentat a suscité de vives critiques du gouvernement belge sur le manque de coopération de certains pays d’origine pour reprendre leurs ressortissants déboutés de l’asile dans l’UE. Des critiques qui perdent de leur force avec cette révélation d’une demande d’extradition venue de Tunis visant Lassoued. Vendredi soir, M. Van Quickenborne n’a pas précisé pour quels faits la Tunisie souhaitait cette remise. Mardi, il avait évoqué une ou plusieurs condamnations « pour des délits de droit commun ».

Vincent Van Quickenborne est une personnalité parmi les plus médiatiques du gouvernement De Croo, une coalition en fonction depuis octobre 2020 réunissant libéraux, socialistes, écologistes et chrétiens-démocrates flamands.

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