Une nouvelle guerre froide est-elle en train d’éclater entre les États-Unis et la Chine?

Des perceptions différentes quant à la nature de la montée en puissance de la Chine et quant à savoir si elle constitue une menace existentielle pour les États-Unis

Par James Gorrie
12 décembre 2019 18:07 Mis à jour: 12 décembre 2019 18:21

Trop souvent, l’histoire et l’expérience nous ouvrent les yeux sur un ensemble de faits tout en nous laissant aveugles face à d’autres. Nos expériences et les informations sur lesquelles nous fondons nos jugements colorent nos perceptions et nous conduisent à certains préjugés.

C’est pourquoi les pays qui se préparent à la prochaine guerre appliquent généralement les mêmes leçons que celles qu’ils ont tirées de la guerre précédente, ce qui peut être coûteux. Essayer d’éviter de répéter l’histoire peut, en soi, causer une faille dans sa perception. Il est important de s’informer sur l’histoire, mais de ne pas s’y enfermer.

Aucune raison pour une guerre froide ?

C’est un défi pour certains d’évaluer la menace que les États-Unis rencontrent vis-à-vis de la Chine aujourd’hui.

Ainsi, l’historien Melvyn Loffler, professeur émérite à l’université de Virginie, a écrit récemment dans le magazine mensuel culturel américain The Atlantic : « Les Chinois d’aujourd’hui ne cherchent pas à détruire le mode de vie des Américains, comme le faisaient les Soviétiques dans les années 1940. »

Il conclut avec confiance qu’il n’y a aucune raison qu’une guerre froide éclate entre les États-Unis et la Chine.

Melvyn Loffler va encore plus loin en affirmant que « les Chinois acceptent les aspects fondamentaux de notre marché capitaliste et ont des intérêts similaires dans la lutte contre le changement climatique, la lutte contre les terroristes et les pandémies ».

Comment Melvyn Loffler le sait-il ?

La Chine ne veut pas « s’associer » aux les États-Unis

Ce n’est pas parce qu’un spécialiste de la guerre froide explique en quoi les schémas historiques de la guerre froide entre les États-Unis et l’Union soviétique sont très différents des frictions politiques et économiques actuelles qui saturent les relations entre les États-Unis et la Chine que cela prouve que la domination mondiale aux dépens des États-Unis ne constitue pas l’objectif politique et économique de la Chine.

C’est, en fait, précisément l’objectif déclaré publiquement du Parti communiste chinois (PCC). Ils se sont mis dans l’embarras en le faisant, et ils doivent maintenant atteindre cet objectif.

Pour y parvenir, cependant, il faudra un changement fondamental de la position de l’Amérique dans le monde, passant d’une superpuissance dominante à une nouvelle nation de rang inférieur avec un statut réduit. Inutile de dire que cette évaluation se rapproche du point de vue de la Maison-Blanche, ce qui la met en désaccord avec le professeur Melvyn Loffler et une grande partie du milieu universitaire américain.

Qui a raison ?

La Chine rejette le modèle commercial libéral 

Le simple fait qu’il y a une guerre commerciale intense et très dommageable entre les États-Unis et la Chine, précisément parce que la Chine n’accepte pas « les aspects fondamentaux de notre marché capitaliste ».

Leur comportement depuis leur adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2000 a été en opposition directe avec l’ouverture des marchés et les politiques de libre-échange qu’ils avaient promis de mettre en œuvre.

N’oubliez pas que l’aspect fondamental du capitalisme est la création de richesse dérivée de l’activité de marché basée sur le profit. Cela signifie qu’il faut tirer parti du mécanisme des prix et de la libre circulation de l’information pour répartir efficacement les ressources, investir des capitaux et produire les bons produits en quantité suffisante et au bon prix ou au prix du marché.

Pour la plupart, le PCC a rejeté ces aspects très fondamentaux du capitalisme. C’est compréhensible, car s’ils le faisaient, ils ne seraient bientôt plus au pouvoir

Le « capitalisme d’État » de la Chine est le mercantilisme

Au contraire, la Chine préfère la stratégie de maximisation des parts de marché du mercantilisme. Plus précisément, pendant 30 ans, la Chine a mis à profit les écarts salariaux pour attirer les fabricants occidentaux, puis a revendu ses produits moins chers aux économies occidentales à des prix inférieurs à ceux que les producteurs nationaux peuvent demander et maintenir en affaires. Cette situation a entraîné la faillite de milliers de producteurs nationaux occidentaux et l’accroissement de la part de marché des entreprises chinoises.

Les bénéfices de ces entreprises en expansion sont ensuite pris par le Parti communiste, et le fonds de roulement de ces entreprises d’État est fourni soit par des investissements étrangers directs, soit par la Banque populaire de Chine (PBOC) qui prête de plus en plus d’argent aux entreprises qui deviennent la propriété des membres du Parti, les transformant en millionnaires et milliardaires.

Le programme « Made In China 2025 », dont l’objectif déclaré est de réaligner les centres technologiques mondiaux des États-Unis, de l’Europe, du Japon et de la Chine, est d’autant plus révélateur. L’effet simultané serait de détruire les capacités de recherche et de haute technologie de ces pays, rendant ainsi le reste du monde dépendant de la Chine. Le programme a depuis été renommé, mais l’objectif reste le même.

La Chine n’est pas un allié contre le terrorisme, la pollution ou les pandémies

Pour ce qui est de participer à la lutte mondiale contre le terrorisme, la Chine est un grand fournisseur d’armes de haute technologie à l’Iran, le plus grand exportateur mondial de terrorisme parrainé par un État et un ennemi effectif des États-Unis. La Chine est également un importateur majeur de pétrole iranien.

Mais qu’en est-il du changement climatique ?

La Chine est-elle le « partenaire crucial » comme Melvyn Loffler persiste à le dire ? Non. Contrairement à l’affirmation de Melvyn Loffler selon laquelle la Chine ne peut être comparée à l’ancienne Union soviétique, en fait, elle le peut. La Russie et la Chine possédaient – et possèdent – des économies majoritairement planifiées qui, par définition, dépendent de la corruption et des pots-de-vin pour fonctionner.

Parce que l’économie de la Chine est basée presque entièrement sur la corruption, le gaspillage, la fraude et la pollution extrême, qui ne surviennent que dans le contexte d’un capitalisme d’État. La Chine n’a guère progressé par rapport aux États-Unis et à l’Europe dans ce domaine.

En fait, la Chine et la Russie sont parmi les pires pollueurs au monde. D’autres pays où la corruption règne, comme le Pakistan et l’Inde, sont également de gros pollueurs. La majeure partie de la pollution mondiale provient en fait des pays asiatiques.

En ce qui concerne la lutte contre le terrorisme et les pandémies, le PCC se livre depuis des décennies à un terrorisme politique et religieux contre ses propres citoyens. Et ont-ils provoqué des pandémies ? Mentionnons seulement que la dépendance aux opioïdes qui sévit aux États-Unis et qui tue des dizaines de milliers de jeunes Américains chaque année, est alimentée par les laboratoires chinois de fentanyl.

La nouvelle guerre froide est déjà commencée

Il ne devrait pas être difficile de voir que la Chine mène effectivement une guerre froide contre les États-Unis, et ce, depuis les années 2000. La Chine n’est pas intéressée à être juste derrière les États-Unis, ni à être soumise aux règles qu’une superpuissance mondiale impose. Le seul objectif du PCC par rapport aux États-Unis est de les remplacer le plus rapidement possible en tant que seule superpuissance de la planète.

Il est beaucoup plus logique d’évaluer les politiques de la Chine en fonction de leur valeur apparente, en fonction des intentions connues des dirigeants du PCC, des capacités de la Chine et de la volonté des dirigeants du Parti d’utiliser ces deux éléments pour atteindre leurs objectifs antiaméricains. Tous ces faits témoignent d’un effort soutenu et dangereux pour remplacer les États-Unis dans leur rôle d’hégémonie mondiale.

C’est clair comme de l’eau de roche pour la Maison-Blanche.

Pourquoi le monde universitaire ne le voit-il pas ?

James Gorrie est auteur et conférencier basé dans le sud de la Californie.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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