Une province chinoise confine les élèves et le personnel d’une école secondaire sans en avertir les parents

Par Sophia Lam
20 septembre 2022 20:42 Mis à jour: 20 septembre 2022 20:42

Plus de 2000 élèves du secondaire et 300 membres du personnel enseignant d’un lycée privé de la province chinoise du Guizhou (sud‑ouest) sont confinés dans le cadre de la politique zéro Covid du régime.

Le 6 septembre, la Guiyang Happy Valley International Experimental School a obtenu des « résultats anormaux aux tests PCR », selon Netease, un portail d’information en ligne populaire en Chine. L’article ne précise pas combien de résultats anormaux ont été détectés ni ce que signifie le terme « anormal ».

Situé dans le district de Wudang de la capitale provinciale Guiyang, l’internat compterait 2624 élèves et 300 enseignants et membres du personnel, l’âge des élèves allant de 12 à 18 ans.

Les autorités locales ont immédiatement pris le contrôle de l’école, imposant un confinement complet du campus. Les élèves ont été soit confinés dans leurs dortoirs, soit transférés dans des hôtels de quarantaine et des hôpitaux de fortune. Selon certains parents, ni les enseignants ni les parents n’ont été informés de l’endroit où se trouvaient les élèves ou de leur statut.

Des parents inquiets et anxieux ont publié des messages en ligne pour demander de l’aide pour retrouver leurs enfants. Ils reprochent aux autorités locales de dissimuler la situation réelle de l’épidémie et s’inquiètent du bien‑être physique et mental de leurs enfants.

Des parents non informés

« Le gouvernement ne nous a rien dit. Même les enseignants n’avaient aucune idée de l’endroit où se trouvaient leurs élèves. Nous les avons informés [les enseignants] après avoir retrouvé nos enfants en appelant les hôtels locaux », c’est ce que Mme Hao (pseudonyme), la maman d’un élève de l’école, a expliqué à Epoch Times.

« Au début, le 2 septembre, l’administration de l’école nous a informés qu’il y avait une reprise épidémique dans la ville et que les pensionnaires ne pouvaient pas rentrer chez eux », précise‑t‑elle.

Selon elle, le 2 septembre, son enfant n’a pas été autorisé à quitter son dortoir. Celui‑ci est partagé par six élèves. Puis, tôt le matin du 7 septembre, les élèves ont soudainement été informés qu’ils devaient subir un test PCR. « Mais ils ont en fait été emmenés dans un hôtel de quarantaine. Ils n’avaient apporté aucun objet de première nécessité parce qu’ils pensaient retourner au dortoir après le test », poursuit Mme Hao.

« J’ai passé 20 appels en l’espace de quatre minutes, pour essayer de retrouver mon enfant », témoigne la mère désespérée. « J’ai failli m’effondrer à ce moment‑là. »

Bien qu’inquiète pour son enfant qui se trouve toujours dans l’hôtel de quarantaine, Mme Hao affirme que son enfant fait partie des chanceux. En effet, l’hôtel fournit de la nourriture et des boissons aux étudiants qui y séjournent.

Une station de test d’acide nucléique le long d’une rue à Pékin, le 15 septembre 2022. (JADE GAO/AFP via Getty Images)

Mme Liang (pseudonyme), dont la nièce est également élève de l’école, a confié à Epoch Times le 12 septembre : « Ma nièce a été emmenée dans un hôtel pour être isolée à midi aujourd’hui, mais elle ne nous a pas encore appelés, et nous n’avons pas pu savoir dans quel hôtel elle se trouve. »

M. Wu (pseudonyme), le papa d’un autre élève, a communiqué au journal que les parents ne pouvaient absolument rien faire.

« Un parent a appelé le centre municipal de prévention et de contrôle de la pandémie de Guizhou, et un membre du personnel a juste déclaré : ‘La situation est très grave.’ Mais ils ne nous ont pas dit à quel point elle est grave et combien d’élèves et d’enseignants ont été infectés. Nous ne pouvons rien faire. Nous vivons dans la panique et l’anxiété tous les jours. »

Selon un message publié sur Weibo, la plateforme chinoise de médias sociaux de type Facebook, les élèves ont été coupés de toute communication avec l’extérieur le 6 septembre.

« Nous sommes des étudiants de la Guiyang Happy Valley International Experimental School, et c’est le cinquième jour que nous sommes enfermés dans nos dortoirs », indique le message. Les étudiants ne pouvaient plus quitter leurs dortoirs vers 6 h 40 le 6 septembre et la communication a été coupée vers 7 heures ou 8 heures, « nous empêchant de transmettre des informations à qui que ce soit ».

Epoch Times n’a pas été en mesure de vérifier l’authenticité de ce message.

Les étudiants sont confrontés à des risques d’infection et de traumatisme psychologique

Selon Mme Hao, « les enfants qui sont encore isolés dans l’école doivent être dans une panique extrême ».

Elle précise qu’un élève ayant eu de la fièvre a été emmené directement dans un hôpital de fortune. « Les enfants subissent un traumatisme psychologique d’une autre ampleur, car ils n’ont aucune idée de la façon dont ils seront traités et de l’endroit où ils seront emmenés. »

Personnes faisant la queue pour se soumettre à un test de dépistage Covid-19 à côté d’une affiche de propagande avec le portrait de Xi Jinping, à Pékin, le 31 août 2022. (Jade Gao/AFP via Getty Images)

Elle a déclaré qu’en cherchant à localiser son enfant, elle a appris que les élèves présentant des symptômes plus graves étaient emmenés dans des hôpitaux de fortune, qui sont apparemment en mauvais état.

« Il s’agit simplement de grands espaces non cloisonnés, avec un seul médecin qui supervise l’ensemble. Les étudiants y deviennent des bénévoles », explique Mme Hao. Elle s’inquiète du risque élevé d’exposition au virus Covid‑19 dans cet environnement.

Les étudiants envoyés dans les hôpitaux de fortune n’ont reçu aucun traitement médical. On leur a dit de boire plus d’eau, selon Mme Hao.

Les parents se méfient des données officielles

Le 11 septembre, l’école comptait au total 16 cas asymptomatiques de Covid‑19, selon l’agence de presse Xinhua, le principal porte‑parole du régime.

« L’information interne que j’ai vue était que 147 personnes avaient été confirmées infectées », assure Mme Hao à Epoch Times.

Une capture d’écran d’une publication en ligne consultée par la rédaction révèle des informations détaillées sur les 147 cas confirmés à 4 heures du matin le 11 septembre, y compris le nombre de cas positifs d’élèves de différentes classes et années et les enseignants.

Epoch Times n’est pas en mesure de vérifier l’authenticité de ces chiffres.

Les données officielles sont difficiles à vérifier, car le régime communiste modifie ou supprime régulièrement des informations.

Epoch Times a contacté le Département de l’éducation du district de Wudang le 12 septembre. La personne en place a répondu à notre demande de commentaire : « Nous ne pouvons rien dire ; nous suivons tous les dispositions prises par les autorités supérieures. »

Une personne travaillant au Ramada Encore Guiyang a confirmé à Epoch Times que certains élèves ont été transférés à l’hôtel depuis il y a plusieurs jours. Par contre elle était dans l’incapacité de donner le nombre exact d’élèves.

« Le téléphone fixe de la chambre ne peut pas être utilisé pour les appels extérieurs. Nous communiquons aux enseignants le numéro de la chambre et les enseignants le communiquent aux parents, qui peuvent appeler leurs enfants de l’extérieur », a‑t‑elle expliqué pour décrire les moyens à la disposition des parents afin de contacter leurs enfants séjournant à l’hôtel.

Un employé de l’hôtel Shuangfu a confirmé à Epoch Times que des dizaines d’élèves de la Guiyang Happy Valley International Experimental School se trouvaient dans l’hôtel. « Ce sont tous des contacts proches ; ce sont tous des élèves du premier cycle du secondaire. Les élèves des lycées sont envoyés dans de nombreux hôtels. Je ne connais pas les détails, je ne peux rien dire », a déclaré l’employé.

Zhao Fenghua et Hong Ning ont contribué à cet article.

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