Une violoncelliste passe 100 jours à sculpter un violoncelle dont le son fait vibrer les auditeurs

Par Louise Chambers
31 décembre 2022 19:48 Mis à jour: 31 décembre 2022 19:56

Après être tombée amoureuse du son du violoncelle dans son enfance, une violoncelliste originaire de Copenhague a décidé d’en construire un. Elle s’est donné 100 jours pour achever cette tâche complexe et, avec l’aide d’Internet, elle a réalisé son rêve.

Ida Riegels est issue d’une famille de musiciens. Sa grand-mère jouait du violoncelle et a épousé un violoniste. L’instrument qu’elle avait choisi a envoûté sa petite-fille dès le début, et la jeune Ida a commencé à jouer du violoncelle à l’école.

« Ma sœur a commencé à l’école de musique, et j’ai aussi pu essayer », raconte Ida à Epoch Times. « J’avais probablement 8 ans, et j’aimais tellement que mes parents m’ont aussi laissé commencer à prendre des leçons. (…) Tous les jours, pendant la pause de midi, je rentrais de l’école en courant, juste pour m’entraîner pendant 20 minutes. »

(Avec l’aimable autorisation d’Ida Johanne Kühn Riegels)

Ida a fait ses études à l’Académie royale danoise de musique. Aujourd’hui, elle est violoncelliste concertiste en tournée. Elle joue souvent en solo et aime explorer les limites de son instrument.

L’objectif qu’elle s’est fixé en construisant un violoncelle était de fabriquer un instrument qui corresponde à sa propre « palette d’expressions », mais qui a aussi son propre caractère et inspire de nouvelles interprétations de la musique.

« J’avais en fait commencé à travailler un peu sur le violoncelle quelque temps auparavant, mais il était difficile de trouver du temps pour cela entre deux concerts. J’ai décidé de consacrer 100 jours pour vraiment travailler dessus. Je n’avais aucune idée si j’allais le terminer dans ce laps de temps. »

(Avec l’aimable autorisation d’Ida Johanne Kühn Riegels)
(Avec l’aimable autorisation d’Ida Johanne Kühn Riegels)

Ida voulait fabriquer un violoncelle taillé sur mesure avec une « sonorité profonde, puissante et saillante », dit-elle, une sonorité qui pouvait « chanter, grogner et chuchoter » – avec quelques modifications mineures des proportions standard pour s’adapter au cadre et au style d’Ida. Elle a estimé qu’un violoncelle large en bois léger ferait l’affaire, avec des cordes à faible tension pour imiter la voix humaine.

Elle a commencé à partager des vidéos sur Instagram sous le hashtag #100daysofcellomaking, et a été surprise par le nombre de personnes qui se sont mises à suivre ses progrès. « Tout à coup, j’avais une date limite. Je pense que se fixer une date limite est un des meilleurs moyens de faire progresser les choses ! »

(Avec l’aimable autorisation d’Ida Johanne Kühn Riegels)

Ce n’était pas la première fois qu’Ida s’attelait à fabriquer un violoncelle. Après un cours de deux semaines à l’école d’été des luthiers de Cambridge, elle avait passé neuf mois chez elle à terminer son premier violoncelle. Elle est restée en contact avec son professeur Chris Beament, a lu des livres et a glané des informations utiles sur YouTube.

Lors de la fabrication de son deuxième instrument, les défis se sont succédés.

« La plaque arrière a été un défi ! » explique-elle. « J’ai commencé avec 15,5 kilogrammes de bois d’érable et j’ai terminé avec une plaque fine et arquée pesant seulement 700g. Retirer 14,8 kg de bois à la main est un travail difficile. J’ai eu tant d’ampoules et des bras très douloureux. »


(Avec l’aimable autorisation d’Ida Johanne Kühn Riegels)
(Avec l’aimable autorisation d’Ida Johanne Kühn Riegels)

« Un autre défi a été de décider d’un design pour les trous sonores, les trous incurvés sur la face avant où sortent les sons. J’ai passé des semaines à découper différentes formes dans du papier noir pour voir leur aspect sur la plaque frontale. Il ne me restait plus que quatre versions finales, mais je me suis sentie complètement bloquée. »

Travaillant tous les jours du matin au soir sur son projet, Ida s’est tournée vers ses followers sur Internet pour demander des conseils. Après avoir comptabilisé les votes, elle a opté pour un dessin bouclé et « souriant » de sa propre création : « J’étais vraiment contente d’avoir l’aide de beaucoup de gens. »

Au 96e jour du projet, Ida a décidé qu’elle ne pouvait plus attendre et a joué de son violoncelle pour la toute première fois.

« C’était un moment assez spécial », se souvient‑elle. « Pendant si longtemps, à chaque coupe avec la gouge, je me demandais : ‘Est‑ce que cette courbe va chanter ? Comment est la résonance de cet angle ?’ J’avais tellement aimé l’ensemble du processus que je ne voulais presque pas qu’il se termine. »

Mais dès la première note, elle a su qu’elle avait fabriqué un instrument magnifique.

« La première demi‑heure à jouer de cet instrument a été incroyable, car c’est à ce moment‑là que l’instrument a pris vie. Au début, on entend encore le bois craquant, et on a une idée du type d’instrument que l’on a fabriqué. »

« J’en suis tombée amoureuse dès le premier instant. Le son du violoncelle est profond et fort, très résonnant, et l’instrument est facile à jouer. »

(Avec l’aimable autorisation d’Ida Johanne Kühn Riegels)

Le 100e jour, le violoncelle était terminé. Le 101e jour, Ida l’a emmené chez un collègue violoncelliste pour « l’entendre de l’extérieur ». Son ami « en jouait si bien » et qu’il ne voulait pas s’arrêter.

Les followers d’Ida sont très divers. Ils l’ont accompagnée tout au long de son parcours. Une de ses vidéos a même été vue plus d’un million de fois.

Vient ensuite la phase de mise au point et l’expérimentation de différentes cordes, embouts et archets.

« Les instruments en bois sont presque vivants », explique Ida. « Ils se développent constamment et nécessitent des ajustements en fonction du climat et de la météo. Les violoncelles sont jeunes pendant environ 100 ans. Après cela, le bois commence à durcir davantage et le son atteint un nouveau niveau de maturité. Mais je dois dire que le son du bois frais est aussi très séduisant. »


(Avec l’aimable autorisation d’Ida Johanne Kühn Riegels)

Ida a grandi près de Copenhague, dans la petite ville de Birkerød, au milieu de magnifiques forêts, lacs, prairies et animaux sauvages. Elle a développé une passion pour le vélo. Aujourd’hui, une de ses activités préférées est de partir en tournée de concerts à vélo, avec son violoncelle à l’arrière.

La plus longue tournée à vélo d’Ida a été un voyage de deux mois et de 40 concerts, des Alpes suisses à la Hollande, le long du Rhin, soit un total de 1233 kilomètres. Pour sa façon de jouer du violoncelle, Ida a remporté deux prix de la radio danoise, dont un pour son premier album de compositions originales sur un instrument qu’elle a elle‑même créé, « Cello Stories ».

Depuis qu’elle a relevé le défi de fabriquer un violoncelle en 100 jours, elle est absorbée par l’apprentissage de son nouvel instrument. Mais il lui reste encore un travail à faire : vernir le bois à l’aide de coquilles de noix et de thé noir. Ensuite, elle composera une nouvelle musique.

(Avec l’aimable autorisation d’Ida Johanne Kühn Riegels)

« Cela me fascine qu’une vie humaine soit tellement plus courte qu’une vie de violoncelle. Je ne peux pas m’empêcher de penser si le violoncelle que je viens de fabriquer survivra aux 250 prochaines années, et à quoi ressemblera le monde à ce moment‑là. »

En ce qui concerne la fabrication d’un instrument, Ida recommande à quiconque de consacrer 100 jours à un projet.

« Ce laps de temps vous permet de travailler en profondeur », ajoute‑t‑elle. « C’est merveilleux d’être absorbé par quelque chose qui vous intéresse et de le voir se développer, et de voir comment vous vous développez aussi. »

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