Une volonté « de mettre à terre l’économie française » : Bernard Arnault qualifie Gabriel Zucman de « militant d’extrême gauche »

Le PGD du groupe de luxe LVMH Bernard Arnault.
Photo: MICHEL EULER/AFP via Getty Images
La proposition d’instaurer une taxe sur les plus hauts patrimoines, dite taxe Zucman, continue de susciter de vives réactions dans le monde patronal. Samedi, Bernard Arnault a pris la parole pour dénoncer l’initiative de l’économiste Gabriel Zucman, qu’il a qualifié de « pseudo universitaire » et de « militant d’extrême gauche ».
« Mettre à terre l’économie française »
Dans une déclaration au Sunday Times, le PDG de LVMH a estimé que cette mesure relevait « d’une volonté clairement formulée de mettre à terre l’économie française ». Selon lui, Gabriel Zucman « met au service de son idéologie (qui vise la destruction de l’économie libérale, la seule qui fonctionne pour le bien de tous) une pseudo compétence universitaire qui elle-même fait largement débat ».
Bernard Arnault a également rappelé son poids fiscal : « Je suis certainement le tout premier contribuable à titre personnel et l’un des plus importants à travers les sociétés que je dirige », a-t-il affirmé. Devant une commission du Sénat en mai, il avait indiqué que LVMH avait versé « près de 15 milliards d’euros d’impôt sur les sociétés en France sur dix ans », sans préciser le montant de ses contributions personnelles.
Le chef d’entreprise détient, avec sa famille, la septième fortune mondiale et la première en France, estimée à 154 milliards de dollars par Forbes en septembre. En 2024, LVMH a réalisé un chiffre d’affaires de plus de 84 milliards d’euros pour un bénéfice de 12,55 milliards.
La contre-attaque de la gauche
Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, a réagi sur X en dénonçant « l’absence de toute forme de patriotisme de la part des ultra riches qui mendient l’aide de l’État mais ne se plient à aucune forme de solidarité ».
Une taxe soutenue à gauche, rejetée ailleurs
La taxe Zucman prévoit un prélèvement annuel de 2 % sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros, soit environ 1800 foyers fiscaux concernés. Elle pourrait rapporter 20 milliards d’euros, selon ses promoteurs, un chiffre contesté par d’autres experts.
Soutenue par la gauche comme outil de réduction du déficit public, la mesure est critiquée au centre, à droite et par la droite nationaliste. Pour le Medef, il s’agit d’un « frein à l’investissement ». Son président Patrick Martin souligne que « la taxe intègre l’outil de travail dans le calcul du patrimoine, alors même que l’ISF ne le faisait pas ! », jugeant qu’elle pourrait « condamner à la vente » certaines entreprises de la tech encore déficitaires.
Le directeur général de Bpifrance, Nicolas Dufourcq, avait vivement critiqué mercredi l’idée d’une taxe sur les ultra-riches. Pour lui, cela reviendrait à transférer progressivement des parts de grandes entreprises à l’État via Bpifrance, rapporte Epoch Times. « Donc demain j’aurai 2% du capital de LVMH, dans 20 ans 20%, 20% du capital de Pinault-Printemps-Redoute (Kering), 20% du capital de Free. C’est délirant, c’est communiste en réalité ! », avait-t-il lancé.
Amir Reza-Tofighi, président de la CPME, y voit une taxation « suicidaire pour notre économie et donc une ligne rouge absolue ». Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, a lui aussi dénoncé dans La Tribune « un truc absurde », relevant « une histoire de jalousie à la française ».
Certains responsables patronaux se disent toutefois ouverts au principe d’une contribution accrue. « Je dis oui à une taxe, c’est clair », a déclaré Pascal Demurger, coprésident du mouvement Impact France et directeur général de la Maif, mercredi sur RTL. Mais selon lui, la taxe Zucman « telle qu’elle est proposée » pourrait nécessiter « des ajustements » et « des discussions ».
Avec AFP
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