Vers une pénurie mondiale d’engrais ? Les professionnels s’inquiètent

Par Epoch Times avec AFP
29 août 2022 09:46 Mis à jour: 29 août 2022 13:12

Par manque des engrais de base dont la Russie est un gros pourvoyeur, les prix de l’alimentation pourraient exploser l’an prochain, alertent industriels et analystes du marché des engrais, à l’unisson de l’ONU.

Indispensables aux agriculteurs, les engrais de synthèse dits NPK – fabriqués à partir d’azote, de phosphore ou de potasse – n’ont été aussi chers : les prix internationaux ont triplé entre début 2021 et mi-2022.

En Europe, les engrais NPK s’inscrivent à un niveau « historique », car indexés sur les prix du gaz – qui constituent 90% des coûts de production des engrais azotés comme l’ammoniac et l’urée. Or, le gaz naturel poursuit sa flambée au fur et à mesure que la Russie en guerre contre l’Ukraine ferme le robinet d’approvisionnement de gaz vers le vieux continent qui soutient l’Ukraine.

Production d’ammoniac arrêtée

Pour maintenir leur rentabilité, plusieurs fabricants européens d’engrais cessent leur production d’ammoniac, obtenu en combinant l’azote de l’air et l’hydrogène provenant du gaz naturel. Ce qui n’était pas arrivé depuis la crise financière de 2008.

« On a un gros problème : ça ne passe plus pour tous ceux qui fabriquent de l’ammoniac, car le gaz est 10 à 15 fois plus cher qu’avant », explique Nicolas Broutin, patron de la filiale française du producteur norvégien Yara, numéro un européen des engrais azotés.

Yara a annoncé jeudi dernier qu’il allait encore réduire sa production d’ammoniac en Europe du fait du prix du gaz, en n’utilisant plus que 35% de sa capacité de production sur le vieux continent.

Une pénurie alimentaire mondiale pour 2023 ?

Cette semaine, le premier producteur polonais Azoty a annoncé qu’il suspendait 90% de sa production d’ammoniac, et le premier producteur lituanien Achema a aussi annoncé l’arrêt de son usine le 1er septembre.

En Hongrie, Nitrogenmuvek est à l’arrêt, et l’usine Borealis de Grandpuits en France doit s’arrêter en septembre et octobre, selon une publication du cabinet d’analystes Argus.

« Le risque de pénurie si toute l’Europe s’arrête est réel, il peut y avoir un problème de ressource car on fabrique les engrais l’hiver en prévision du printemps 2023 », ajoute M. Broutin.

Le patron de l’ONU a rappelé que les engrais et produits agricoles russes étaient exemptés des sanctions et devaient pouvoir librement accéder aux marchés mondiaux « sans entrave », au risque d’une crise alimentaire mondiale en 2023.

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