Les bienfaits et les vertus de la chasteté

Par Mark Hendrickson
30 juillet 2021 08:15 Mis à jour: 3 mai 2023 15:26

L’acceptation sociale de la chasteté (le fait de s’abstenir de relations sexuelles en dehors des liens du mariage) a fluctué au cours des siècles. Chez certains, elle inspire le respect, chez d’autres, le mépris.

Dans les cultures à prédominance chrétienne, la chasteté est considérée comme l’une des plus grandes vertus. Dans la culture occidentale, étant donné la forte influence du christianisme, la chasteté peut être considérée comme une « vertu chrétienne ». Cependant, il est juste de noter qu’elle n’est pas une vertu exclusivement chrétienne. En plus d’autres traditions religieuses (en particulier les traditions monothéistes), divers penseurs qui n’étaient pas religieux en ont fait l’éloge. L’un des plus célèbres est l’homme d’État athénien de l’Antiquité, Solon, décédé vers 560 avant J.-C. (soit des siècles avant l’avènement du christianisme). Solon a écrit : « La chasteté pure confère beauté à nos âmes, grâce à nos corps et paix à nos désirs. »

Il est juste pour nous, Occidentaux d’aujourd’hui, d’effectivement considérer le christianisme comme une force culturelle majeure promouvant la chasteté comme une vertu. L’un des grands héros de la littérature du 19e siècle, Jean Valjean dans Les Misérables de Victor Hugo, n’était-il pas un homme chaste.

Aujourd’hui, à une époque beaucoup plus séculière et matérialiste en Occident – comme en témoigne la popularité de Hugh Hefner (l’éditeur de feu de la revue Playboy) et consorts -, la chasteté est souvent dépréciée et ridiculisée. Les personnes qui cherchent à justifier leur propre indulgence face aux plaisirs sexuels en dehors des liens du mariage cherchent souvent à obtenir la validation des autres en tentant de les persuader que la chasteté est une vieillerie superstitieuse – inutile, superflue, voire même psychologiquement néfaste – une relique d’époque révolue et mal avisée.

La question clé est donc la suivante : la chasteté est-elle bonne ou mauvaise ? Qu’y a-t-il à y gagner ?

Les avantages de la chasteté sont considérables et peuvent être divisés en deux catégories : l’évitement de conséquences négatives liées au comportement non chaste, et les bienfaits du comportement chaste. Examinons d’abord les aspects négatifs.

Les répercussions négatives

Lorsque j’étais jeune, les deux mises en garde les plus courantes au sujet des relations sexuelles avant le mariage étaient l’entraînement d’une grossesse non désirée ou d’une maladie sexuellement transmissible. Bien qu’aujourd’hui les moyens de diminuer ces risques se soient démocratisés (par des moyens de contraception plus efficaces, notamment la pilule contraceptive, ainsi que l’éducation en matière de « rapports sexuels protégés »), ces mesures préventives demeurent souvent négligées. Selon une étude (pdf), il est surprenant de constater que « 45 % des adultes [aux États-Unis] ont le VPH génital ». L’important taux d’avortements montre également que de nombreuses femmes qui ne veulent pas d’enfants rebutent néanmoins de prendre la « pilule ».

Aujourd’hui, grâce aux recherches exhaustives d’experts en sciences sociales, d’autres inconvénients ou effets néfastes de l’activité sexuelle en dehors du mariage sont connues. En particulier, ce type de rapports cause des dommages psychologiques considérables. Qu’il s’agisse d’aventures d’un soir ou de liaisons à plus long terme, une augmentation importante d’un profond sentiment de mal-être a été constaté chez les personnes qui ont des relations sexuelles avant le mariage.

Sur le site web de la Harvard College Anscombe Society, Marian Crowe écrit :

« Les jeunes adultes sexuellement actifs ressentent souvent ‘de la culpabilité, des regrets, un dégoût passager de soi, des ruminations, une baisse de l’estime de soi, le sentiment d’avoir utilisé une autre personne ou d’avoir été utilisé, le sentiment de s’être rabaissé, un malaise à l’idée de devoir mentir ou dissimuler des relations sexuelles à la famille, une anxiété quant à la profondeur et la suite de la relation, et une inquiétude quant à la place ou au rôle de la sexualité dans la relation’, selon le Premarital Sex in America : How Young Americans Meet, Mate and Think About Marrying (sexe prémarital en Amérique : comment les jeunes Américains se rencontrent, se lient et envisagent de se marier), des sociologues Mark Regnerus et Jeremy Uecker. »

En outre :

« […] les filles sexuellement actives ‘étaient environ 11 fois plus susceptibles que les filles vierges de signaler des symptômes de dépression élevés.’ Par contre, les filles vierges ont tendance à être sûres d’elles et ont accompli beaucoup. […] »

« Dans son récent livre Lost in Transition : The Dark Side of Emerging Adulthood (perdu dans la transition : le côté obscur de l’âge adulte naissant), le sociologue Christian Smith, de l’Université de Notre Dame, affirme que pour de nombreux jeunes, en particulier les femmes, la liberté sexuelle s’accompagne d’une réelle souffrance, de confusion, de chagrin, de colère et de regrets. »

Une autre répercussion négative évitée de la chasteté est la probabilité moindre de divorce par rapport à ceux qui ont des relations sexuelles pré-maritales et extra-maritales. Le Chastity Project rapporte que, selon les recherches d’Edward O. Laumann et de ses collègues, « lorsqu’un homme vierge se marie, sa probabilité de divorce est 63 % inférieure à celle d’un homme non vierge. Pour les femmes, il est inférieur de 76 % ». Le projet Chastity rapporte également qu’une majorité d’adolescents ayant renoncé à leur virginité avant le mariage le regrettent par la suite. D’autres recherches montrent que les femmes qui étaient vierges au moment de leur mariage « avaient de loin les taux de divorce les plus bas », alors que les taux de divorce les plus élevés chez les femmes ont été observés chez celles qui avaient eu dix partenaires ou plus.

Le divorce bouleverse les vies. Pour le couple qui se sépare, il s’agit d’une période malheureuse et stressante, qui dure souvent des années. Le malheur d’enfants de parents divorcés est particulièrement regrettable. Bien qu’un nombre assez important de ces enfants s’en sortent relativement indemnes si leurs parents demeurent suffisamment solidaires, la littérature des sciences sociales (pdf) regorge d’études sur les effets néfastes du divorce sur les enfants et des familles qui se dissolvent.

En outre, les conséquences économiques du divorce sont désastreuses et assombrissent la vie des personnes divorcées (souvent de façon importante chez les mères), et ce, pendant des années. À cet effet, au moins un spécialiste des sciences sociales qualifie le mariage de « meilleure arme contre la pauvreté des enfants« . Aux États-Unis, une part importante de l’inégalité des taux de pauvreté entre les personnes d’origine africaine et blanches peut être attribuée aux disparités concernant l’incidence des familles brisées par rapport aux familles unies.

Les bienfaits

En plus d’éviter plusieurs répercussions négatives si souvent liées à un comportement non-chaste, la pratique de la chasteté présente des avantages importants.

Le principal argument à l’encontre de la chasteté est la privation de plaisir. C’est peut-être vrai – mais seulement à très court terme. Dans son processus de raisonnement, un être humain avisé tient compte à la fois de considérations à court et à long termes. Dans le domaine des sciences sociales, il est bien connu que les personnes matériellement défavorisées entrevoient la vie dans un horizon temporel court : elles mettent l’emphase sur le moment présent et minimisent, voire ignorent, l’avenir. En revanche, ceux qui ont une vision à long terme évitent de gaspiller leur précieux capital dans des dépenses frivoles et misent plutôt sur l’obtention future d’un style de vie plus fortuné. (Soit dit en passant, les politiciens, comme les personnes matériellement défavorisées, ont un horizon temporel court. Ils se concentrent sur la prochaine élection. Cela explique peut-être pourquoi le Congrès américain a endetté le peuple américain de 28 600 milliards de dollars, nous appauvrissant tout en s’enrichissant eux-mêmes – mais c’est là une autre histoire, pour une prochaine fois).

La chasteté peut être entrevue comme un investissement pour l’avenir. Nombreux sont ceux qui ont découvert que, dans la vie, la clé du succès et du bonheur à long terme, tant sur les plans économique que psychologique, consiste à différer la satisfaction des désirs. En renonçant à un plaisir futile et éphémère aujourd’hui (que ce soit en s’abstenant de faire des dépenses extravagantes ou en refusant une affaire d’un soir ou une relation amoureuse de courte durée), on ouvre la voie à une plus grande aisance et à un plus grand bonheur à l’avenir. (Soit dit en passant, ici, les aspects économiques et romantiques sont étroitement liés. Pensez à tout l’argent que certains jeunes hommes dépensent dans les bars, en boissons hors de prix et autres dépenses, visant à séduire des femmes pour lesquelles ils n’ont aucun réel intérêt au-delà du sexe. Il est beaucoup plus sage de conserver son argent pour investir dans une véritable relation significative et de commencer à économiser un pécule financier en vue de l’achat d’une maison pour une future famille).

Que faut-il pour différer la satisfaction des désirs, pour dire « non » aux plaisirs éphémères et aspirer à un plus grand bonheur et une plus grande satisfaction dans l’avenir ? La sagesse, le caractère, la maturité et la patience seront des vertus utiles. Le mot « vertu » vient du latin virtus, qui prend aussi le sens de « force ». Pour maîtriser ses passions, il faut de la force de caractère, plus précisément de l’intégrité, de la retenue, de l’autodiscipline et de la maîtrise de soi.

La maîtrise de soi requise à la pratique de la chasteté ne se limite pas au domaine du comportement, mais inclut également la parole et la pensée. La véritable maîtrise de soi implique d’éviter de prononcer des propos orduriers de « vestiaires », c’est-à-dire les vantardises juvéniles sur ce que l’on ferait du corps d’une fille. Comme l’enseigne le Nouveau Testament (Jacques 3:1-10), la langue est un petit membre redoutable et potentiellement destructeur. La personne qui peut maîtriser ses paroles est sur la bonne voie de la maîtrise de soi.

De même, dans le domaine de la pensée, il est très utile de faire preuve de maîtrise de soi. Le livre des Proverbes prévient : « Quelqu’un mettra-t-il du feu dans son sein, sans que ses vêtements s’enflamment ? » (Prov. 6:27). Fantasmer sur la sexualité est une tentation forte. Si l’on n’y prend garde, elle peut nous conduire dans le sombre dédale de la pornographie, qui ouvre la porte au plaisir à court terme, mais dont le coût à long terme est élevé. Selon le Love and Fidelity Network (réseau amour et fidélité), « les études montrent de plus en plus que la pornographie modifie la chimie du cerveau et, comme une drogue, peut vous rendre dépendant. Les utilisateurs fréquents et leurs proches en connaissent les conséquences : culpabilité, anxiété, dépression, difficulté à nouer ou entretenir des relations, dysfonctionnement érectile, diminution du plaisir et risque accru de divorce ».

La triple maîtrise de la pensée, de la parole et de l’action peut être un défi difficile à relever. Des revers passagers parsèment le chemin. Or, les récompenses de la chasteté peuvent être considérables. En cette période de Jeux olympiques, écoutez la sagesse du marathonien kenyan Eliud Kipchoge, champion olympique en titre et premier à courir un marathon en moins de deux heures : « Dans la vie, seuls ceux qui sont disciplinés sont libres. Si vous êtes indiscipliné, vous êtes l’esclave de vos humeurs et de vos envies. » Des mots durs, mais nécessaires. Il y a beaucoup plus de joie et de satisfaction à être maître de ses désirs plutôt que leur esclave.

La chasteté n’est pas une vertu mineure. Au contraire, elle peut être un élément clé d’une vie productive, pleine de réalisations signifiantes, tant à la maison qu’en milieu professionnel. L’une des principales clés du succès est la capacité à ne pas se laisser distraire de ses objectifs ou à ne pas perdre de temps dans des détours et des voies sans issue. La chasteté requiert la maîtrise de soi, ouvrant la porte aux plus grandes réalisations et aux plus grands accomplissements. Comme l’a dit l’écrivain américain du 19e siècle Henry David Thoreau, « la chasteté est la floraison de l’homme. Ce qu’on appelle génie, héroïsme, sainteté, etc. ne sont que les fruits qui lui succèdent ».

Mark Hendrickson, économiste, a récemment pris sa retraite de la faculté du Grove City College, où il est diplômé de politique économique et sociale à l’Institut pour la foi et la liberté. 

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