Visas d’artistes du Sahel: le gouvernement français tente d’éteindre la polémique

Par Epoch Times avec AFP
15 septembre 2023 15:40 Mis à jour: 15 septembre 2023 15:54

« Ni boycott, ni représailles » : le gouvernement s’est défendu vendredi de vouloir stopper les échanges artistiques avec trois pays d’Afrique de l’Ouest, Niger, Burkina Faso et Mali où les services consulaires ont été fermés, après une directive administrative demandant de stopper toute collaboration.

« On ne boycotte jamais d’artistes, nulle part », a martelé vendredi matin sur RTL la ministre de la Culture Rima Abdul Malak indiquant qu’un message « clarifiant » cette directive va être envoyé aujourd’hui par « ses services ». « Il y a eu trop de confusion et visiblement de l’incompréhension suite à certains messages qui ont été passés », a-t-elle regretté.

Mettant en avant l’impossibilité de délivrer de nouveaux visas, la ministre a précisé qu’il n’était « pas question d’arrêter d’échanger avec les artistes ». « Tous ceux qui ont déjà des visas et qui ont des tournées ou des spectacles prévus (…) vont pouvoir venir comme prévu ».

Trois concerts annulés

Pour Sébastien Lagrave, directeur du festival de musiques Africolor (17 novembre au 24 décembre en région parisienne), les conséquences sont cependant déjà concrètes. « J’ai trois concerts d’artistes maliens qui vont être annulés : Nahawa Doumbia, BKO Quintet, Boubacar Traoré », affirme le patron de festival à l’AFP.

« On sait très bien que la plupart des artistes se voient accorder des visas de courte durée, ceux qui ont déjà un visa sont une minorité, pour un festival comme nous en novembre, on demande des visas à partir de septembre, là, c’est impossible qu’ils viennent », explique-t-il. Et de dénoncer une décision « violente, très abrupte et verticale ». « La ministre de la Culture dit qu’il n’y a pas de service de visa en fonctionnement dans ces pays, c’est faux, les prestataires de service sont toujours ouverts, on peut instruire des dossiers », affirme-t-il.

Un texte qui « inquiète et questionne beaucoup »

Jeudi, le Syndeac (Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles) et ses homologues (l’Aac, l’Accn, l’A-CDCN, l’ACDN et l’ASN) ont publiquement protesté contre un message qu’ils assurent avoir reçu mercredi « en provenance des DRAC », les directions régionales de la culture, et « rédigé sur instruction du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères ».

« Ce message au ton comminatoire demande à nos adhérents de ‘‘suspendre, jusqu’à nouvel ordre, toute coopération avec les pays suivants : Mali, Niger, Burkina Faso’’ », ont précisé ces professionnels de la culture dans un communiqué commun.

Une pluie de commentaires indignés a immédiatement suivi, tantôt d’acteurs de la culture, tantôt de représentants du monde politique. « Le texte (celui de la Drac, ndlr), la façon dont il a été rédigée, inquiète et questionne beaucoup », estime auprès de l’AFP Patrick Penot, directeur du festival de théâtre Sens Interdit à Lyon mi-octobre, qui attend une actrice burkinabé, actuellement sans visa.

« Nous espérons une solution pour elle, qui est indispensable pour l’un des spectacles », dit-il, dénonçant une situation avec « des artistes punis et interdits de circulation » (…) sous prétexte que leur gouvernement est en délicatesse avec le notre ! ».

La France a interrompu le 29 juillet et le 6 août toutes ses actions d’aide au développement et d’appui budgétaire avec le Niger et le Burkina Faso. En novembre 2022, elle l’avait déjà fait pour le Mali. « La France a toujours été au rendez-vous pour accueillir les artistes en danger ». « On continuera à le faire », a encore insisté la ministre, face au tollé.

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