Voitures autonomes : Uber passe à la vitesse supérieure

27 août 2016 11:20 Mis à jour: 27 août 2016 11:45

Uber Technologies, la célèbre entreprise de voitures de tourisme basée à San Francisco, a annoncé un partenariat avec le fabricant suédois Volvo Cars. Un capital de 265 millions d’euros (300 millions de dollars) a été débloqué pour développer et raffiner la technologie nécessaire aux voitures sans conducteur. Les premières voitures-tests devraient commencer à circuler très prochainement aux États-Unis.

L’accord, annoncé le 18 août dernier, est un nouveau jalon pour Uber qui progresse à grands pas dans la courses aux taxis autonomes. À long terme, le but est de remplacer ses plus d’un million de conducteurs par des pilotes automatiques, une réduction des coûts non-négligeable.

À cet effet, le géant de la voiture de tourisme a recruté l’année dernière plusieurs centaines de membres du centre de robotique et d’ingénierie de l’université de Carnegie Mellon. Uber devrait déployer à Pittsburgh ses premières voitures autonomes dans le mois.

« Peut-être du tourisme en “robot-taxi” à Pittsburgh », explique Bryant Walker Smith, maître de conférences en droit à l’université de Caroline du Sud et spécialiste de la régulation des véhicules autonomes.

D’après un article de Bloomberg, Uber recevra d’ici la fin de l’année une centaine de SUV modifiés pour l’occasion.

Smith explique dans un mail qu’« il est important de noter que ces véhicules seront encore dotés d’un conducteur et que donc l’expérience pour les passagers sera très similaire à ce qui existe aujourd’hui ».

« Ceci dit, cela reste une bonne chose pour le public de commencer à appréhender ces nouveaux véhicules de l’intérieur », écrit-il.

Partenariat industriel avec Volvo

Uber et Volvo vont travailler conjointement sur un projet long-terme. D’après un communiqué de presse, Volvo fabriquera des véhicules dotés d’éléments de conduite autonome (CA) et Uber y déploiera son propre système de CA.

Uber utilisera les véhicules Volvo comme des taxis autonomes, les mêmes véhicules dont Volvo compte se servir de base pour le développement de son propre système de voitures sans conducteur.

« Plus d’un million de personnes meurent chaque année dans des accidents de la route. Ce sont des tragédies que les voitures autonomes peuvent aider à résoudre, mais nous ne pouvons pas faire cela seuls », explique Travis Kalanick, CEO d’Uber, dans un communiqué de presse.

Travis Kalanick, CEO d’Uber à Pékin le 11 janvier 2016 (WANG ZHAO/AFP/Getty Images)
Travis Kalanick, CEO d’Uber à Pékin le 11 janvier 2016 (WANG ZHAO/AFP/Getty Images)

« C’est pour cela qu’une collaboration avec un grand constructeur comme Volvo est capitale. En combinant les savoir-faire d’Uber et de Volvo, nous pourrons parvenir au but plus rapidement, et ensemble. »

D’après Kalanick, la réputation de Volvo en terme de sécurité n’est plus à refaire.

Le fabricant suédois a été acquis en 2010 par le groupe chinois Zhejiang Geely, décrit dans un article de Wall Street Journal le décrit comme l’un des constructeurs automobiles les plus agressifs en ce qui concerne le développement des technologies de CA.

Pour le projet d’Uber, Volvo utilisera ses XC90 SUV. Le chassis modulable du SPA (Scalable Product Architecture) de Volvo est conçu pour répondre aux demandes d’un système de conduite autonome.

L’accord avec Volvo n’est cependant pas exclusif : Uber reste libre d’entretenir des partenariats avec d’autres constructeurs automobiles.

D’après Smith, « Uber s’est montré remarquablement candide en cherchant à supprimer les emplois des conducteurs. Dans le futur, cela peut d’un côté faire baisser les prix des transports pour le public, ce qui est en soi une bonne chose, mais de l’autre, cela peut perturber le fonctionnement sociétal si la transition n’est pas correctement planifiée. »

Uber comme Volvo considèrent ce projet comme un grand pas en avant pour l’industrie automobile : un constructeur traditionnel s’alliant à une startup de la Silicon Valley pour prendre la tête de la course aux voitures sans conducteur.

« Ce n’est pas la première fois que Détroit et la Silicon Valley s’allient et je suis convaincue que ça ne sera pas la dernière fois non plus », explique Nidhi Kalra, analyste principale chez RAND Corporation, un think tank américain.

Un article du Wall Street Journal a fait part d’un investissement de General Motors chez Lyft, concurrent d’Uber, en mai dernier. D’un montant de 442 millions d’euros (500 millions de dollars), il devrait permettre de tester des taxis Chevrolet Bolt sans conducteur d’ici l’année prochaine.

En avril, Ford et Google se sont aussi associés pour promouvoir des régulations adaptées aux véhicules autonomes.

Des camions autonomes pour Uber ?

Le 18 août dernier, Uber a annoncé avoir acquis Otto, une startup fondée par un ingénieur ayant par le passé travaillé sur la « Google car ». Le prix de l’acquisition s’élèverait à 600 millions d’euros (680 millions de dollars).

Otto développe un kit de pilotage automatique pour camion, en cours de test sur les autoroutes de San Francisco. L’objectif de cette acquisition serait de fournir un service similaire à celui d’un taxi, mais pour les camions circulant sur de longues distances aux USA.

Anthony Levandowski, co-fondateur d’Otto, dirigera les opérations de développement du pilotage automatique chez Uber.

« Uber et Anthony font la paire. L’industrie du transport routier comme le futur business model d’Uber dépendent crucialement d’une planification efficace et d’une bonne coordination entre offre et demande. Il y a donc beaucoup de technologies et d’applications complémentaires en jeu », explique Smith.

« Je serais surprise que, d’ici à 2020, nous n’ayons toujours pas de voiture complètement autonome. »

Nidhi Kalra, analyste principale, RAND Corporation.

Contrairement à Google, Tesla et aux autres constructeurs automobiles classiques, Uber ne prévoit pas de produire ses propres véhicules. L’objectif est de développer son système de pilotage automatique et de s’allier avec des constructeurs automobiles.

D’autres entreprises de la Silicon Valley ont aussi développé leurs propres voitures autonomes : Google, comme Tesla, sont prêts à délivrer des véhicules d’ici 2018.

Les constructeurs de voitures classiques se laissent un peu plus de marge et annoncent des dates aux alentours de 2020 ou 2021. Certains États modifient la législation actuelle afin d’accélérer les processus de tests et de développement des voitures sans conducteur sur les voies de circulation publiques.

« Je serais surprise que, d’ici à 2020, nous n’ayons toujours pas de voiture complètement autonome », ajoute Kalra.

Google est considéré comme leader dans ce domaine, de part le fait qu’elle est la première entreprise à avoir approché ce sujet. Uber cherche maintenant à combler le retard qui le sépare du géant de la recherche sur Internet.

« Uber vient tout juste d’arriver sur le marché. Mais, ils sont forts d’une présence importante aux États-Unis comme ailleurs dans le monde. Donc une fois que la technologie aura atteint un stade de maturité suffisant, ils pourront la déployer à grande échelle », explique Kalra.

D’après elle, ni Google, ni aucune autre société, ne disposent d’un tel levier, bien qu’ils aient un peu d’avance sur la technologie de pilotage automatique.

Version anglaise : Uber Shifts Gears in Self-Driving Car Race

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