Voitures électriques : un bonus de 1000 euros pour soutenir la filière des batteries européennes

Photo: NICOLAS GUYONNET/Hans Lucas/AFP via Getty Images
À partir du 1er octobre, les acheteurs de certaines voitures électriques bénéficieront d’un bonus supplémentaire de 1000 euros si leur véhicule est équipé d’une batterie produite en Europe. Une mesure annoncée lundi par le gouvernement, qui entend à la fois soutenir le pouvoir d’achat et renforcer l’industrie européenne des batteries face à la concurrence chinoise.
Une prime exceptionnelle qui porte le bonus à 5200 euros
Cette « prime complémentaire exceptionnelle », présentée par la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher et le ministre de l’Industrie Marc Ferracci, porte le montant total du bonus écologique jusqu’à 5200 euros. Elle sera exclusivement réservée aux véhicules équipés de batteries européennes.
« Avec cette augmentation de 1000 euros du bonus écologique, nous valorisons les véhicules électriques dont les batteries sont produites en Europe et dont la fabrication émet moins de gaz à effet de serre », a souligné Mme Pannier-Runacher. « C’est une mesure gagnant-gagnant pour le pouvoir d’achat, le climat et l’industrie. »
Le dispositif s’inscrit dans la continuité d’un premier ajustement opéré le 1er juillet : après plusieurs baisses et la suppression de la prime à la casse, le bonus écologique avait alors été relevé de 200 à 1200 euros selon les revenus, atteignant environ 4200 euros pour les ménages les plus modestes.
Objectif : une préférence européenne
Le cabinet de Marc Ferracci qualifie cette mesure d’« emblématique », car elle permet de « concrétiser la préférence européenne » face à « une forte concurrence internationale ». Elle vise aussi à « envoyer un signal clair aux constructeurs automobiles pour qu’ils se fournissent auprès d’usines européennes de batteries ».
La liste des modèles concernés sera publiée « dans les prochains jours » sur le site de l’Agence de la transition écologique (Ademe).
Comme pour le bonus écologique classique, la nouvelle prime ne sera pas financée par le budget de l’État — actuellement en quête d’économies — mais par les certificats d’économie d’énergie (CEE), selon le principe du pollueur-payeur appliqué aux fournisseurs d’énergie.
D’après Bercy, plus de 850.000 bonus écologiques ont été attribués depuis 2020, représentant près de 5 milliards d’euros de soutien public.
L’annonce a été saluée par Benoît Lemaignan, cofondateur du fabricant français de batteries Verkor. Pour lui, ce coup de pouce « récompense ceux qui font l’effort de produire en Europe, dans une approche circulaire ».
Le dirigeant, dont les batteries équiperont les futures Renault Alpine, estime qu’il s’agit d’un « signal positif » qui permettra de mettre en cohérence « le consommateur, le citoyen et le salarié ».
Selon le gouvernement, cette initiative vise également « à soutenir l’emploi industriel sur [le] continent » européen.
Un contexte européen tendu
Cette décision survient à seulement quatre jours d’une réunion à Bruxelles sur l’avenir de l’industrie automobile européenne. Le débat porte notamment sur l’objectif d’interdire, à partir de 2035, la vente de voitures neuves essence, diesel et hybrides au sein de l’Union européenne.
Plusieurs constructeurs, dont BMW et Mercedes-Benz, ont récemment exprimé leurs réserves. Confrontés au ralentissement des ventes de véhicules électriques, à la pression de la concurrence chinoise, aux droits de douane américains et à la chute des bénéfices mondiaux, ils plaident pour une révision de l’échéance.
Ce week-end, Antonio Filosa, patron de Stellantis (Peugeot, Fiat, Jeep), quatrième constructeur automobile mondial, a rejoint ces critiques. Les groupes concernés défendent une transition « plus flexible et diversifiée » afin de préserver la compétitivité de l’industrie automobile européenne.
À l’inverse, plus de 150 entreprises — constructeurs de véhicules électriques, fabricants de batteries et opérateurs de recharge — ont adressé lundi un appel à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Elles demandent à Bruxelles de « ne pas reculer » sur l’objectif de 2035.
Elles plaident pour le développement d’une production de batteries européennes et pour la mise en place d’incitations à l’achat de véhicules électriques « intelligentes et cohérentes entre les États membres ».
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