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Zhuzhou: personne ne sait ce qu’il se passe dans cette petite ville chinoise

novembre 28, 2022 22:12, Last Updated: novembre 29, 2022 13:13
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Une habitante de la ville de Zhuzhou, située dans la province du Hunan, demande que les médias s’intéressent davantage à la politique chaotique menée par les autorités locales pour lutter contre la pandémie.

« Vos articles nous sont très utiles. Le gouvernement de notre pays est très corrompu. Les autorités ne ressentent une certaine pression que lorsqu’elles découvrent des articles qui viennent de l’extérieur. Contrairement à Pékin, Shanghai et Shenzhen, notre ville est petite, personne ne sait ce qu’il s’y passe », déclare le 22 novembre, Mme Wang à l’édition en langue chinoise d’Epoch Times.

Mme Wang, qui réside à Zhuzhou, utilise un pseudonyme pour sa sécurité. Elle explique que la municipalité censure tous les médias sociaux.

« C’est très chaotique, mais les gens qui se trouvent en dehors de la ville ne peuvent rien voir. »

Zhuzhou, une ville de 3,9 millions d’habitants située dans le sud de la province du Hunan, a officiellement signalé 15 cas asymptomatiques de Covid‑19 le 24 novembre 2022, selon la Commission de la santé provinciale. Les autorités municipales ont désigné neuf zones à haut risque à compter du 25 novembre, où il est désormais interdit aux habitants de quitter leur domicile.

Flambée des prix des denrées alimentaires

Les confinements ont commencé le 2 novembre, selon Mme Wang, et sont toujours en vigueur. De nombreuses familles manquent de nourriture, affirme‑t‑elle.

Les autorités locales ont désigné les fournisseurs de denrées alimentaires, qui les vendent à des prix très élevés, ce qui explique la pénurie. Les autres fournisseurs ne sont pas autorisés à livrer de la nourriture dans les complexes résidentiels.

« Aussi élevés que soient les prix, les gens sont obligés d’acheter auprès des fournisseurs désignés par les autorités locales, car nous devons manger. »

« Nous devons payer plus de 8 dollars un seul chou chinois. »

Habitant de Pékin, le 12 février 2020. (STR/AFP via Getty Images)

Epoch Times n’a pas pu trouver la liste des prix des légumes pratiqués ces derniers temps à Zhuzhou. L’organisme municipal de surveillance des marchés et des prix a publié une analyse des prix des principaux produits de base en janvier, indiquant une augmentation des prix des légumes de 5 à 21% en raison du mauvais temps. Le prix du chou chinois en janvier était de deux yuans pour 500 grammes (environ 0,25 dollars). En novembre, alors que la ville est confinée, son prix est apparemment plus de trente fois plus élevé.

Les habitants doivent soudoyer les fonctionnaires pour avoir accès à la nourriture hors de prix, selon Mme Wang.

« Une fois, je n’ai pas pu être approvisionnée, malgré les pots‑de‑vin que je leur ai donnés. Ce n’est qu’après m’être plainte qu’ils ont fait livrer la nourriture. En Chine, nous devons payer les fonctionnaires, sans quoi, nous mourons de faim. »

Des entrepreneurs confrontés à la faillite

Dans le quartier de Lusong, à Zhuzhou, se trouve un centre de vente en gros de vêtements. Le mois de novembre est généralement propice à la vente des vêtements d’hiver, mais pas cette année. Le centre est fermé depuis le 2 novembre.

« Nous avons pu entrer dans le centre commercial, mais nous devons vivre dans nos boutiques qui se trouvent dans un périmètre fermé », explique le 23 novembre pour Epoch Times, Mme Liang (pseudonyme), propriétaire d’une entreprise de confection.

Mme Liang a plusieurs milliers de doudounes prêtes pour la prochaine saison d’hiver.

« Mais je me sens peu à peu désespérée car je ne peux pas sortir et nos clients ne peuvent pas entrer. Je ne sais pas combien de temps je vais pouvoir tenir. »

Si les vêtements d’hiver ne peuvent être vendus à temps pour la saison et les prochaines vacances, les entreprises subiront d’énormes pertes et beaucoup feront faillite.

« Les grossistes sont soumis à une forte pression financière. Ils doivent payer des prêts immobiliers, des prêts automobiles, les tissus, les salaires et les loyers. S’ils ne parviennent pas à réaliser les ventes de la saison, ils ne pourront pas joindre les deux bouts. »

Usine de doudounes de l’entreprise chinoise Bosideng à Nantong, le 24 septembre 2019. (STR/AFP via Getty Images)

Suicides présumés

La Chine est un des rares pays au monde à appliquer des mesures draconiennes de lutte contre le Covid à ce jour. Ces mesures entraînent de nombreux suicides.

Mme Wang a entendu parler de cinq cas de suicide qui ont eu lieu pendant les derniers confinements, sans pouvoir préciser les dates exactes. Deux personnes ont sauté d’immeubles situés en face de la gare ferroviaire de Zhuzhou, une zone durement touchée par la pandémie. Epoch Times n’a pas été en mesure de confirmer les décès.

Une autre habitante de Zhuzhou, Mme Dai (pseudonyme), explique pour Epoch Times que le 21 novembre, trois personnes se sont suicidées : l’une a sauté de l’hôtel Gold Dragon, une autre s’est tuée dans le complexe résidentiel de Xiangyin et une autre dans le complexe résidentiel de Cuigu.

« Sauter d’un immeuble [pour se suicider] est une maladie contagieuse plus terrifiante que le Covid‑19. Elle a un taux de mortalité de 100% », s’indigne Mme Dai.

Hua Yong et Wang Qiaoling, deux dissidents et militants des droits de l’homme chinois, ont tous deux indiqué sur Twitter, le 21 novembre, qu’une personne s’était suicidée en sautant d’un immeuble du complexe résidentiel de Jinxin Garden. Il s’agit du sixième suicide survenu pendant les récents confinements imposés à Zhuzhou.

Epoch Times a contacté la Commission de la santé de Zhuzhou au sujet de ces allégations de suicides, mais n’a pas reçu de réponse au moment de la mise sous presse.

Les habitants s’opposent aux mesures du zéro Covid

Mme Dai critique le régime pour sa propagande et ses fausses informations sur le Covid‑19.

Elle souligne que de nos jours, le Covid est similaire à un rhume ou une grippe en termes de symptômes et de taux de mortalité.

« La CCTV [la télévision chinoise] assure que quotidiennement des dizaines de millions d’Américains sont infectés par le Covid et en meurent. Voilà pourquoi la panique règne parmi la population chinoise. » Elle qualifie CCTV de média « sans scrupules » et lui reproche de semer la panique et d’endoctriner les citoyens avec des informations mensongères.

« Si vous ne pouvez pas vous offrir une bonne éducation, personne ne fera attention à vous. Si vous ne pouvez pas consulter un médecin, personne ne s’intéressera à vous. Si vous ne pouvez pas rembourser un prêt, personne ne se souciera de vous. Peu importe si vous vivez ou mourez, tout le monde s’en moque. Mais ils vous embrochent la gorge tous les jours [pour les tests PCR]. Croyez‑vous qu’ils se soucient vraiment de votre santé ? »

Selon Mme Wang, les entrepreneurs du quartier de Lusong se sont récemment battus contre la police, alors qu’ils s’efforcent de survivre sans clients. Suite à quoi, la police patrouillait dans la ville en véhicules blindés.

Les parents de Mme Wang ne font plus confiance aux discours officiels du régime depuis qu’ils ont été confrontés à la pénurie de nourriture et aux confinements.

« J’espère que davantage de personnes connaîtront la situation qui prévaut à Zhuzhou, qui est bien pire qu’à Guangzhou », conclut Mme Wang.

Zhao Fenghua et Hong Ning ont contribué à cet article.

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