Le zoo d’Amnéville accusé de pratiques douteuses : animaux enterrés, eaux usées dans la forêt, employés et visiteurs fichés

Par Nathalie Dieul
6 décembre 2019 05:56 Mis à jour: 6 décembre 2019 05:56

Une longue enquête de France Bleu dénonce les agissements douteux du zoo d’Amnéville, pointés du doigt par des anciens salariés et des employés actuels. En plein redressement judiciaire, le zoo est criblé de dettes et attaqué aux prud’hommes par 120 personnes.

Liste noire

Le tourbillon a été déclenché par un fichier Excell, une véritable liste noire qui s’appelle « Olive Black List », où figurent 214 noms, qu’il s’agisse de salariés ou de visiteurs. Il n’y a eu aucune enquête sur cette liste, pourtant dénoncée à la police au début de l’année par une employée.« C’était loin d’être un secret à Amnéville, tout le monde la connaissait », a-t-elle déclaré à France Bleu.

Certains des noms figurant sur la liste sont surlignée en jaune avec des mentions telles que « élément perturbateur au service restauration », « problème pru’dhomme », « problème en fin de contrat, a réclamé des heures impayées » pour les salariés ou les ex-salariés. Du côté des visiteurs fichés, ce sont des remarques « anti-cirque », « adhère au Parti animaliste » ou « a critiqué le zoo sur les réseaux sociaux » qui sont indiquées à côté de leurs noms.

Salaires démesurés et gros cadeaux

D’un autre côté, la gestion de l’établissement suscite de nombreux questionnement parmi les salariés qui dénoncent par exemple une partie des salaires payés en liquide ou de gros cadeaux aux employés jugés méritants. Ainsi, 10 salariés partent une fois par an en vacances à l’étranger pendant 3 semaines, tous frais payés, « même quand le zoo était en redressement judiciaire », a dévoilé Didier, un dresseur du parc animalier.

Certains salaires ont aussi décollé de façon arbitraire à partir de 2014, comme en témoigne un ancien proche de Michel Louis, directeur du zoo : « une caissière à plus de 3.000 € par mois, ça paraît énorme, non ? »

Eaux usées déversées dans la forêt

Des tuyaux déversent des eaux usées à six endroits différents dans la nature, même si la mairie d’Hagondange assure qu’ « aucun problème de déversement d’eaux usées n’a été signalé ».

« On pense qu’on est en état de non-conformité. Tout part dans la forêt d’Hagondange, mais on parie sur le fait que le maire ferme les yeux », croit Julie, une ancienne salariée. Selon Pascal, le constat est encore pire : « les eaux usées des tapirs, des tamanoirs, des jaguars, des perroquets, des manchots partent dans la nature, avec parfois des produits détergents comme du chlore ou de l’acide chlorhydrique. »

Quant au bassin des otaries, il a une fuite importante depuis 1998 : « Si vous coupez l’arrivée d’eau, en une nuit le bassin est au ¾ vide. Cela représente 100 000 litres d’eau qui partent tous les jours, on ne sait pas où », estime Sandrine. De plus, l’eau de ce bassin serait trop chlorée pour la santé des animaux : « Michel Louis voulait un bassin bleu pour les otaries. On chlorait beaucoup, tout le temps, et les animaux avaient des problèmes aux yeux ».

Animaux enterrés sur place

Les pratiques douteuses de l’établissement s’étendent au sort des animaux décédés. Julie se souvient que l’éléphante Catarina a été enterrée quand elle est arrivée. Quant à Albert, un proche du directeur, il avoue : « Moi j’ai découpé l’éléphant, j’ai aussi enterré des bestioles dans la forêt ». Par exemple : « Un lion, un puma, un boa… On n’avait pas les moyens de payer l’équarrissage, alors on acceptait, pour la boîte. »

Ainsi, plusieurs annonces de transferts d’animaux à l’étranger seraient des mensonges, puisque ces mêmes animaux seraient morts à Amnéville, selon Alexandre : « c’est le cas d’une girafe, enterrée sur place, ou un crocodile victime d’une erreur de température de l’eau ».

120 plaintes aux prud’hommes

Un total de 120 dossiers sont en cours de traitement par les prud’hommes de Metz. Une audience est prévue en février 2020. Curieusement, une de ces 120 plaintes a été déposée par le directeur du zoo d’Amnéville lui-même : « Le patron a attaqué son propre zoo ‘pour se protéger’ en cas de liquidation », selon France Bleu. Michel Louis nie pourtant toutes les accusations, en assurant que « tout est bidon ».

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