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8 ans après une répression nationale, les avocats chinois continuent d’être persécutés

juillet 21, 2023 9:58, Last Updated: juillet 21, 2023 9:58
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Le 9 juillet marque le huitième anniversaire de la répression par le Parti communiste chinois (PCC) des avocats défenseurs des droits de l’homme en Chine. À ce jour, ils continuent d’être persécutés, selon des avocats chinois qui se sont récemment entretenus avec le journal Epoch Times.

En 2015, le PCC a lancé une campagne nationale de persécution contre les avocats et les militants des droits de l’homme et leurs familles. Le régime a arrêté plus de 300 avocats et militants le 9 juillet de cette année-là, opération baptisée par la suite « 709 Crackdown », ou « 709 » en abrégé.

Les avocats et militants des droits de l’homme détenus par les autorités sont constamment traqués, surveillés, harcelés, menacés et évincés après leur libération de prison.

À Hong Kong, autrefois symbole de liberté pour les Chinois, les avocats et les hommes politiques pro-démocratie sont réprimés depuis l’entrée en vigueur de la loi sur la sécurité nationale de Pékin.

La situation des droits de l’homme en Chine « s’aggrave »

« Depuis la répression de l’affaire 709, le recul judiciaire du PCC s’est encore accentué et, conjugué au déclin économique, l’environnement [des droits de l’homme] s’est encore dégradé », a déclaré Tian Liang (pseudonyme), un avocat représentant les avocats qui ont été réprimés au cours de l’affaire 709. M. Tian utilise un pseudonyme pour des raisons de sécurité.

Wang Quanzhang avec son épouse, Li Wenzu, et leur fils. Avocat défenseur des droits de l’homme, M. Wang est détenu en Chine sans avoir été jugé depuis août 2015. (Avec l’aimable autorisation de Li Wenzu)

Les avocats des droits de l’homme ciblés ont défendu de nombreuses affaires relatives à des prisonniers politiques et des prisonniers de conscience, notamment des pratiquants du Falun Gong.

« Dans un tribunal chinois, en particulier lorsqu’il s’agit de défendre la foi et les droits de l’homme, tels que ceux des pratiquants du Falun Gong et des personnes prétendument impliquées dans la soi-disant subversion du pouvoir de l’État, nous ne sommes pas autorisés à défendre l’innocence de nos clients », a souligné M. Tian.

« Bien qu’aucun document ne le stipule explicitement, le Bureau judiciaire, l’Association des avocats et les juges du tribunal nous informent de ce type de restriction avant l’audience de la cour », a-t-il ajouté.

Chen Jiangang, un avocat défenseur des droits de l’homme qui vit actuellement aux États-Unis, a expliqué à la publication du 8 juillet que la répression des avocats défenseurs des droits de l’homme révélait la véritable nature du PCC.

« Le PCC viole les droits de l’homme, tandis que les avocats les protègent. Il existe une contradiction entre les deux, qui est irréconciliable », a affirmé M. Chen.

Tant que le PCC restera au pouvoir, les avocats qui défendent les droits de l’homme seront l’ennemi du PCC, a-t-il ajouté.

Lawyers for Lawyers, une organisation non gouvernementale (ONG) néerlandaise, prétend que les trois derniers mois ont été marqués par un « harcèlement sévère contre les avocats libérés des droits de l’homme » en Chine et que la nouvelle vague de répression est connue sous le nom de « 709 crackdown 2.0 » (répression 709 2.0).

La persécution continue

Plusieurs avocats chinois spécialisés dans la défense des droits de l’homme et leurs familles ont été soumis à des traitements inhumains par les autorités depuis le début de la répression.

Wang Quanzhang et sa famille ont été contraints de déménager 13 fois dans Pékin au cours des deux derniers mois, et leur maison a été privée d’électricité, de gaz et d’eau.

M. Wang a défendu des militants locaux, des victimes de la saisie de terres par le gouvernement et des pratiquants du Falun Gong, une croyance spirituelle persécutée. Il a été arrêté lors de l’incident du 709 en 2015. En janvier 2019, il a été condamné à quatre ans et demi de prison pour « subversion du pouvoir de l’État », une accusation fourre-tout que Pékin utilise souvent contre les dissidents.

Li Heping, l’un des éminents avocats défenseurs des droits de l’homme arrêtés lors de l’incident du 709 et accusés de « subversion du pouvoir de l’État », a été gravement torturé en prison. M. Li a été libéré le 9 mai 2017 et sa famille contrainte de quitter Pékin après avoir fait l’objet de nombreuses opérations d’expulsion.

Le 9 juin, M. Li, ainsi que sa femme et sa fille, ont été interceptés par la police des frontières à l’aéroport Tianfu de Chengdu, qui les a empêchés de quitter le pays sous prétexte qu’il pourrait « mettre en danger la sécurité nationale ».

Xie Yanyi, qui a été détenu pendant 18 mois à la suite de la répression nationale de 2015, a également été contraint de déménager à plusieurs reprises. En juillet 2022, sa fille de 6 ans, qui était en âge d’être scolarisée, n’a pas été admise à l’école parce que sa famille vivait dans une résidence locative. La petite fille ne pouvait pas être considérée comme une résidente permanente de Pékin.

L’avocat Xie Yang (au centre) accompagné de sa cliente Xu Yan (à droite), épouse de l’avocat des droits de l’homme Yu Wensheng, tentent de rencontrer M. Yu en personne devant le tribunal intermédiaire de Xuzhou, dans la province du Jiangsu (Est de la Chine), le 31 octobre 2019. (Nicolas Asfouri/AFP via Getty Images)

Xie Yang a été arrêté pour la deuxième fois en 2022 et détenu pendant plus d’un an. M. Xie n’a pas été autorisé à rendre visite à son père, âgé de 92 ans, lorsque celui-ci est tombé gravement malade le mois dernier. En outre, le tribunal a rejeté la demande d’appel vidéo formulée par sa famille.

M. Xie a été arrêté le 11 juillet 2015 et libéré sous caution le 8 mai 2017, selon Front Line Defenders, une organisation de défense des droits de l’homme basée à Dublin, en Irlande.

Le 13 avril, la police de Pékin a arrêté Yu Wensheng, un avocat spécialisé dans la défense des droits de l’homme, et son épouse Xu Yan, qui se rendaient en Chine pour rencontrer la délégation de l’Union européenne.

M. Yu et Mme Xu ont été inculpés au pénal pour avoir « provoqué des querelles et des troubles ». Leur fils adolescent a été surveillé par la police à son domicile, et deux avocats – Song Yusheng et Peng Jian – ont été interpellés par des policiers en civil alors qu’ils tentaient de signer un document juridique avec le garçon pour représenter le couple.

Gao Zhisheng, surnommé la « conscience chinoise », a disparu de son domicile à Yulin, dans la province de Shaanxi, le 13 août 2017. On ne sait toujours pas où il se trouve ni quel est son statut.

Outre les victimes de la répression 709, Xu Zhiyong, un juriste renommé, et Ding Jiaxi, un défenseur des droits, ont été condamnés respectivement à 14 ans et 12 ans de prison le 10 avril.

Prix 709 des avocats défenseurs des droits de l’homme

Le prix annuel « China Human Rights Lawyer Award » a été rebaptisé cette année « 709 Human Rights Lawyer Award » afin de récompenser non seulement les avocats des droits de l’homme en Chine, mais aussi les avocats de Hong Kong et d’ailleurs qui ont été persécutés.

Le prix a été créé en 2016 par de multiples groupes internationaux de défense des droits de l’homme, notamment The 29 Principles, basé au Royaume-Uni, Human Rights in China, basé aux États-Unis, Judicial Reform Foundation, basé à Taïwan, et d’autres ONG.

Parmi les lauréats du prix de cette année figurent Yu Wensheng, Zhou Shifeng, qui est toujours sous surveillance après sa libération, et Tonyee Chow Hang-tung, avocate de Hong Kong et ancienne vice-présidente de l’Alliance de Hong Kong pour le soutien des mouvements démocratiques patriotiques en Chine, qui est toujours en prison.

L’avocate Tonyee Chow Hang-tung, vice-présidente de l’Alliance de Hong Kong pour le soutien des mouvements démocratiques patriotiques en Chine (HKASPDMC), est interviewée par les médias le 5 août 2021. (Sung Bi-lung/Epoch Times)

Malgré les condamnations répétées par les gouvernements occidentaux des persécutions menées par le PCC contre les avocats des droits de l’homme et les dissidents, Pékin a défendu ses actions en affirmant que ces questions relevaient des « affaires intérieures » chinoises.

La persévérance des avocats prend tout son sens

Malgré les défis auxquels les avocats sont confrontés pour défendre les droits de l’homme sous le régime totalitaire du PCC, leur persévérance a été « très significative à au moins trois égards », selon l’avocat Chen Jiangang, qui a dénoncé la torture de Xie Yang. M. Chen et sa famille ont fui la Chine et sont arrivés aux États-Unis en 2019.

« Je pense qu’il est très important que le monde découvre la véritable nature du PCC [grâce au travail des avocats chinois défenseurs des droits de l’homme] », a déclaré M. Chen à l’édition chinoise du journal Epoch Times.

« Même si nos capacités individuelles sont limitées, nous nous en remettons à Dieu pour qu’il arrange les choses et que la situation mondiale se révèle favorable. Nous ne savons pas quand le PCC sera renversé, mais je crois qu’il s’agit d’une voie inévitable pour les droits de l’homme en Chine. Aussi longtemps que le PCC existera, les droits de l’homme, l’État de droit et le constitutionnalisme ne seront pas réalisés en Chine. »

Ning Haizhong et Hong Ning ont collaboré à la rédaction de cet article.

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