A Kiev, un retour timide à une vie un peu plus normale

Par Epoch Times avec AFP
16 avril 2022 15:06 Mis à jour: 16 avril 2022 15:10

Dans le parc Fomine au centre de Kiev, la file s’allonge pour se prendre en photo sous les magnolias qui viennent d’éclore. Un soldat ukrainien pousse avec autorité sa petite troupe – sa femme et ses deux enfants – sous la pluie de bourgeons violets : « Sourire ! »

D’une ballade au parc à un premier verre en terrasse, après 51 jours de guerre, les habitants de Kiev ont massivement profité vendredi d’une première journée radieuse de printemps pour s’accorder une parenthèse de vie presque normale.

La première fois que nous revenons au centre-ville

Slalomant entre les poussettes, les trottinettes et les vélos, Nataliya Makrieva, 43 ans, bras-dessus bras-dessous avec sa mère, n’en revient pas.

« C’est la première fois que nous revenons au centre-ville, nous voulions voir comment remarchaient les transports, prendre un bain de foule. Voir tous ces gens me fait tellement de bien », dit la vétérinaire derrière ses lunettes de soleil.

Couché dans l’herbe, ton sur ton dans son uniforme, un soldat fume sa pipe et fixe le ciel bleu. Il fait 21°C. Ses deux camarades de bataillon, deux jumeaux, ont grimpé dans le noyer en fleurs.

Des résidents locaux marchent dans un parc du centre de Kiev le 15 avril 2022. Photo de FADEL SENNA / AFP via Getty Images.

« C’est la première fois qu’on peut souffler après avoir été envoyés pendant plus d’un mois à Irpin et Gostomel et nous sommes venus profiter ici de cette belle journée », explique l’un des jumeaux en uniforme, Dmytro Tkatchenko, 40 ans, vétéran de la guerre du Donbass en 2015.

Assise comme chaque jour sur son banc dans son élégante coiffe de laine malgré la chaleur, Anna Grychko, 83 ans dans trois mois, se délecte de ce spectacle de vie.

« Aujourd’hui les gens veulent oublier la guerre. Mais bientôt ce sera de nouveau les bombardements et les sirènes et nous devrons retourner nous cacher », dit la grand-mère, passant à ces mots, en une fraction de seconde, du sourire aux larmes.

Le Kremlin menace d’intensifier ses tirs sur la capitale

Après trois semaines de relative accalmie, deux frappes russes ont coup sur coup touché vendredi et samedi des complexes militaires des environ de Kiev. Le Kremlin menace depuis plusieurs jours d’intensifier ses tirs sur la capitale.

Les croisillons antitanks ont été rangés sur le bas côté des routes. Les points de contrôle montés de sacs de sable et de blocs de béton sont encore là, mais vides de soldats pour la plupart.

Les panneaux d’affichage ne diffusent plus de consignes de sécurité ou de messages destinés à l’envahisseur russe, ou ses redoutés « infiltrés », mais des vidéos patriotiques.

Un militaire ukrainien prend une photo de sa famille dans un parc du centre de Kiev le 15 avril 2022. Photo de FADEL SENNA / AFP via Getty Images.

Le bilan des pertes matérielles reste limité dans la ville. Selon les autorités, 100 immeubles ont été détruits ou touchés par les frappes russes entre le 24 février et le 22 mars, date de la dernière attaque aérienne intra-muros.

Une première sortie célébrée par un Spritz en terrasse entre amis

« La guerre a beaucoup de dimensions et elle ne se résume pas aux combats. Et Kiev reste bien sûr en état de guerre », explique Alona Bogatchova, 34 ans, qui s’autorise une première sortie célébrée par un Spritz en terrasse entre amis.

« Mais d’un autre côté, il y a tellement de vie ici, de libertés retrouvées. C’est une situation inédite, qui n’a pas de nom, que nous n’avons pas encore connu », résume la jeune femme qui s’empresse de finir son verre avant l’heure limite.

A Kiev, la vente d’alcool est interdite à partir de 16h00 et le couvre-feu reste en place de 21h00 à 6h00.

Des militaires ukrainiens marchent dans un parc du centre de Kiev le 15 avril 2022.

Parmi les choses que l’on peut désormais faire à Kiev : se faire livrer un repas, aller chez le coiffeur, au centre commercial, prendre le métro, louer un vélo ou une trottinette.

Le maire de la capitale demande à ne pas revenir en ville

Les écoles, universités, la plupart des restaurants et infrastructures sportives culturelles ou de loisir restent fermées.

Et le maire de la ville, Vitali Klitschko, a exhorté samedi les évacués de Kiev – jusqu’à la moitié des 2,8 millions d’habitants au plus fort de la guerre – à ne pas revenir en ville.

Mais selon les médias locaux, ils seraient environ 50.000 à revenir chaque jour dans la capitale.

***
Chers lecteurs,
Abonnez-vous à nos newsletters pour recevoir notre sélection d’articles sur l’actualité.
https://www.epochtimes.fr/newsletter

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.