A Stepanakert, le désarroi des déplacés de guerre

Par Epoch Times avec AFP
29 novembre 2020 14:19 Mis à jour: 29 novembre 2020 14:42

Logement, bétail, cultures, biens: ils ont dû tout abandonner, ils ont tout perdu. A Stepanakert, la capitale du Nagorny Karabakh, des déplacés arméniens du conflit avec l’Azerbaïdjan vivent au jour le jour, dans le désarroi.

Entre 75.000 et 90.000 des quelques 150.000 habitants de la région avaient fui les combats de l’automne. Près de 20.000 sont retournés chez eux depuis l’accord de fin des hostilités signé le 9 novembre et consacrant la défaite arménienne.

Mais entre les territoires conquis par les Azerbaïdjanais lors des six semaines de combats et ceux qui leur sont restitués selon l’accord, de nombreux arméniens ont tout perdu.

A Stepanakert, plusieurs hôtels ont été mis provisoirement à la disposition des déplacés et chaque jour, ils sont des centaines à faire la queue pour obtenir de la nourriture distribuée par la Croix Rouge.

« Partez, tout ceci est à nous »

Elmira Grigorian, 70 ans, vient de récupérer un petit sac en plastique rempli de pâtes, sucre, conserves, gâteaux… Elle habitait dans un village à la limite du district de Martouni et de celui d’Aghdam, rétrocédé à l’Azerbaïdjan le 20 novembre.

Ce jour-là les soldats de Bakou « sont immédiatement arrivés, ont pointé leurs fusils sur nous et ont dit: +Partez, tout ceci est à nous, aux Azerbaïdjanais+. Alors nous sommes partis en abandonnant tout », raconte la septuagénaire.

« Vendredi, on nous a dit de revenir avec des soldats (arméniens et de la paix russes) et de récupérer nos biens. Nous y sommes allés avec des soldats et nous avons attendu toute la journée, mais rien… Ils (les Azerbaïdjanais, ndlr) nous ont dit: +Partez, nous ne vous donnerons rien+ ».

-Les réfugiés font la queue pour recevoir un colis alimentaire dans le cadre de l’aide humanitaire dans la ville principale du Karabakh, Stepanakert, le 28 novembre 2020. Photo par Karen Minasyan / AFP via Getty Images.

Marine Sargassian, 55 ans, sa belle-fille Angelika Astribabaïan, 23 ans, son garçon de 3 ans et sa fillette de 6 mois occupent provisoirement une chambre sans fenêtre et avec trois lits dans un hôtel modeste. Ils habitaient Choucha, à huit kilomètres de Stepanakert, prise par les troupes de Bakou le 8 novembre, la veille du cessez-le-feu.

Pendant la guerre, ils s’étaient réfugiés au nord d’Erevan, la capitale de l’Arménie. « Nous sommes revenus mais nous ne trouvons pas de maison à louer ici. Les autorités nous ont offert cet hôtel », raconte la quinquagénaire, dont le fils sert dans la police militaire.

« Nous n’avons plus rien maintenant »

A Choucha, ils avaient un appartement de trois pièces et du bétail. « Nous n’avons plus rien maintenant ».

« C’est terrible d’être réfugiés surtout quand vous avez des enfants petits », dit Angelika. « Actuellement je dispose de 5.000 drams (moins de 10 euros) pour les prochains jours. Mais après je ne sais pas comment je ferai », ajoute-t-elle, le regard perdu.

-Le producteur de grenades Zhorik Grigoryan (à gauche), 73 ans, déjeune avec des voisins sur son terrain dans le village de Berdashen le 27 novembre 2020, alors qu’il a failli perdre ses sept hectares de grenadiers avant qu’une ligne de cessez-le-feu ne soit tracée à seulement 50 mètres de sa terre. Photo par Karen Minasyan / AFP via Getty Images.

« Je me suis battu pour défendre ma terre »

Eric Mangassarian, lui, est en colère. L’homme de 35 ans, le visage marqué, dort chez des amis ou parfois dans sa voiture. Il montre aux journalistes de l’AFP une vidéo sur son téléphone portable où on le voit avec d’autres hommes capturer deux soldats azerbaïdjanais.

« Regardez ce qu’on a fait. Je ne suis pas soldat mais je me suis battu pendant toute la guerre pour défendre ma terre, notre terre. Mais j’ai dû fuir, quitter ma maison, mon village, et maintenant je n’ai plus rien et on ne nous donne rien. On se sent abandonnés », dit-il les yeux rougis.

Nous devons nous-mêmes trouver du travail

Dans un petit marché couvert de la capitale, Nelson Arian, 47 ans, travaille sur un étal de viande. « Ne me demandez pas comment j’ai dû quitter mon village », désormais en territoire azerbaïdjanais, prévient-il tout de suite, l’air soudainement sombre.

Le producteur de grenades Zhorik Grigoryan, 73 ans, s’occupe d’un veau dans une grange du village de Berdashen le 27 novembre 2020.

Il a été embauché récemment ici. Il est logé avec sa fille et son fils dans un appartement dont le propriétaire est un habitant de son village, qui l’aide « car il a plus de moyens que moi ».

« L’Etat nous apporte son aide, mais nous devons nous-mêmes trouver du travail, ne pas dépendre que de l’Etat », explique-t-il. « Si vous avez des bras et des jambes solides, alors vous devez travailler », ajoute-t-il, dans une rare note d’optimisme.

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