Protection universelle maladie
Accès gratuit à la Sécu : la fin d’un privilège pour les retraités américains ?
Un amendement veut conditionner l’accès à la Protection universelle maladie à une cotisation minimale pour les étrangers non-européens installés en France, notamment les Américains.

Le député François Gernigon veut mettre fin à l'accès gratuit à la Sécu des retraités américains installés en France.
Photo: Wikipédia
La Protection universelle maladie (Puma) pourrait changer de visage pour certains étrangers. Le député Horizons François Gernigon a déposé un amendement au projet de loi de financement de la Sécurité sociale visant à instaurer une participation financière obligatoire pour les ressortissants extracommunautaires vivant en France sans y travailler. Une mesure qui cible particulièrement les retraités américains attirés par le système français de santé.
« On a des beaux paysages, du bon fromage, du bon vin et on a la Sécurité sociale »
François Gernigon indique avoir appris récemment que des étrangers hors Union européenne, munis d’un visa long séjour, peuvent accéder à la Puma après trois mois sur le territoire, sans contribution financière, tout en résiliant leur assurance privée, selon BFMTV. Une situation qu’il juge injuste.
« La France est un bon pays. On a des beaux paysages, du bon fromage, du bon vin et on a la Sécurité sociale », ironise-t-il.
Le député assure que l’idée de son amendement a émergé après une discussion avec une habitante de sa circonscription, elle-même revenue des États-Unis. Face à cette découverte, il dit avoir voulu réagir rapidement :
« Mon amendement propose une cotisation minimale obligatoire à définir par décret (…) pour au moins mettre le sujet sur la table », explique-t-il.
« Mon amendement propose une cotisation minimale obligatoire à définir par décret (…) pour au moins mettre le sujet sur la table », explique-t-il.
Il précise que les personnes concernées « sont tout à fait d’accord » avec cette idée.
« Une question d’équité »
Pour François Gernigon, la motivation principale est claire. « Je pense que ce n’est pas avec cette mesure qu’on va boucher le trou de la Sécurité sociale (…) Mais je pense que c’est avant tout une question d’équité », souligne-t-il.
Les Américains installés en France bénéficient déjà d’un avantage fiscal majeur : ils ne paient pas d’impôt sur le revenu en France grâce à une convention signée en 1995. Certains reconnaissent eux-mêmes l’iniquité de la situation.
« Scandaleux », estime Janice, retraitée installée à Mougins, citée par BFMTV. « La plupart des Américains comprennent l’injustice. Ils aimeraient participer mais c’est le système qui nous empêche. »
« Scandaleux », estime Janice, retraitée installée à Mougins, citée par BFMTV. « La plupart des Américains comprennent l’injustice. Ils aimeraient participer mais c’est le système qui nous empêche. »
Une attractivité déjà vantée aux États-Unis
La France, plébiscitée comme terre d’accueil, attire de plus en plus de retraités américains. CNN la classe parmi les « cinq pays parfaits pour les retraités en 2025 », rappelant que le pays offre un « système de santé de premier ordre ».
Dans des articles relayés par Le Monde, plusieurs Américains témoignent. Geoff et Pennie, installés à Nice, estiment avoir « plus de droits en tant qu’immigrés en France » que dans leur pays d’origine et évoquent une situation « gagnant-gagnant ».
Carole, vivant à Castelnau-le-Lez, affirme : « Je pense qu’il n’est pas exagéré de dire que je serais morte aujourd’hui si je n’avais pas déménagé en France ». Elle se réjouit de ne plus payer « cette prime de 400 dollars par mois ».
Un débat qui s’ouvre
Dans Ouest-France, Claire, revenue après 25 ans aux États-Unis, dit être « choquée » d’un avantage jugé excessif :
« C’est vraiment écœurant alors que jamais un retraité français ne serait accepté aux USA. Et il pourrait encore moins entrer dans le système de santé américain. » Elle rappelle que le déficit de la Sécurité sociale pourrait atteindre 23 milliards d’euros en 2025.
« C’est vraiment écœurant alors que jamais un retraité français ne serait accepté aux USA. Et il pourrait encore moins entrer dans le système de santé américain. » Elle rappelle que le déficit de la Sécurité sociale pourrait atteindre 23 milliards d’euros en 2025.
En visant les « retraités américains installés en France sans y exercer d’activité », l’amendement veut mettre fin à un accès « gratuit » au système, actuellement financé par les cotisants français.
La mesure entend aussi lutter contre les « agences d’expatriation » qui exploiteraient cette faille en valorisant un système médical très avantageux pour les étrangers fortunés.
Le débat est désormais lancé au Parlement. Si la contribution demandée ne résoudra pas les finances sociales, elle pourrait redéfinir les règles d’accueil des retraités étrangers.
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