Agriculteur mis en examen après avoir tiré sur un voleur : « Tout le monde est excédé et prêt à prendre la carabine »

Par Paul Tourège
5 février 2020 09:46 Mis à jour: 5 février 2020 09:46

Face à la multiplication des vols dans la région, le maire de la commune d’Ambrières craint que les agriculteurs ne se fassent justice eux-mêmes, poussés par « l’exaspération et le désespoir ».

Dans la nuit du 31 janvier au 1er février, Jean-Louis Leroux, un agriculteur de la commune d’Ambrières (Marne), se réveille après avoir été alerté par un dispositif anti-intrusion disposé sur son exploitation.

Il prévient les gendarmes et se rend à l’endroit où les intrus ont été repérés en compagnie de son frère. Les deux hommes sont chacun munis d’un fusil de chasse.

Une fois sur place, ils avisent un groupe d’individus « susceptibles d’appartenir à la communauté des gens du voyage » qui sont vraisemblablement venus dérober du carburant en siphonnant le réservoir des machines de l’exploitation agricole. Jean-Louis Leroux tire alors plusieurs coups de feu.

«  Il a tiré en l’air à deux reprises pour faire fuir les voleurs et une fois en direction de l’un d’eux. Il l’a notamment atteint à l’intestin grêle et au colon, entraînant un pronostic vital toujours en cours au 2 février 2020 », a expliqué Matthieu Bourrette, procureur de la République de Reims.

Arrivés sur les lieux peu de temps après, les gendarmes constatent la gravité des blessures de la victime, âgée de 19 ans et sans aucun antécédent judiciaire selon L’Union, et appréhendent l’agriculteur.

Placé en garde à vue, il sera par la suite mis en examen pour « tentative d’homicide involontaire ». Le parquet de Reims a ouvert une information judiciaire des chefs de « tentative d’homicide involontaire » et de « vol en réunion ».

« L’instruction doit s’attacher notamment à identifier les auteurs du vol, apprécier le déroulement complet de commission des faits et évaluer la gravité des blessures de la victime », a précisé Matthieu Bourrette.

Âgé de 46 ans, Jean-Louis Leroux « a contesté toute intention homicide, précisant qu’il avait été pris de panique et que cet épisode faisait suite à de nombreuses plaintes pour des vols de carburant dont il avait été victime depuis plusieurs années, et encore plusieurs fois au cours du mois écoulé ».

Des vols de carburant qui se multiplient

Interrogé par les journalistes de RMC, Denis Droin, le maire d’Ambrières, connaît bien l’agriculteur. Selon lui, il était régulièrement victime de vols.

« Ça a commencé il y a plusieurs années. En quinze jours, il a peut-être subi quatre vols à quelques jours d’intervalle dont le dernier », a expliqué M. Droin.

« C’est malheureux, mais on ne peut pas faire justice soi-même. Mais que feraient d’autres personnes dans son cas sous l’exaspération et le désespoir de se faire cambrioler en permanence ? » ajoute l’édile.

Président de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) de la Marne, Hervé Lapie souligne que d’autres agriculteurs ont été visés par des vols de carburant dans la région.

« Nous sommes confrontés à des siphonnages de carburant dans les tracteurs et les voitures. Il y a aussi des vols de tracteurs, et d’autres vols constamment dans les exploitations agricoles », observe M. Lapie.

« Ce n’est plus tenable et c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. La FDSEA est très impliquée dans le soutien de la famille de Jean-Louis », poursuit le responsable local de l’organisation syndicale.

« Au niveau de la commune, il y a eu de nombreux vols. En un mois, il y a environ 8 à 10 maisons qui ont été visitées. Tout le monde est excédé et prêt à prendre la carabine. Ça fait peur », conclut le maire d’Ambrières.

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